Ce numéro 40 a pris le chemin des campagnes. Celui emprunté est innovant, régénérant et valorisant. D’autres façons d’y vivre, d’y agir, de leur donner un avenir sont ici racontées ; des réalités souvent loin des images installées dans nos têtes comme le souligne l’un de nos compagnons de route, anthropologue de la nature, déplorant le manque de récits des nouvelles initiatives en cours. Et, pourtant elles existent, tout près, comme en Béarn où deux citoyens y développent un nouveau modèle agricole à partir de la reprise d’anciennes fermes ; lorsqu’un agriculteur utilise un outil coopératif d’hier dans les Hautes-Pyrénées pour impulser de nouvelles pratiques et créer du lien, ou bien lorsqu’à partir d’un besoin local en pays viticole, une formation est initiée créant emploi et insertion pour les réfugiés. Plus loin, les campagnes sont aussi des lieux où des femmes éleveuses décident de se regrouper et de s’entraider pour amener à la construction de comportements égalitaires et exercer avec les hommes les responsabilités.
D’autres comportements se propagent aussi, dans cette vallée qualifiée pour certains de « perdue », avec la création d’un lieu de travail partagé, prouvant bel et bien aujourd’hui sa raison d’exister à Arrens-Marsous. Mise en place depuis dix ans, la méthode du « tout est possible » a fait également ses preuves dans une commune rurale, où une association a redonné vie à son centre bourg.
La campagne est aussi un lieu de ressources qui permet parfois de belles propositions pour des femmes ayant un cancer, comme dans le Lot-et-Garonne.
Plus « sauvage », la campagne peut l’être enfin, pour chacun et chacune de nous et devenir un lieu d’expérimentation, comme le met en scène la journaliste Anne-Sophie Novel avec pour compagnons ceux et celles qui l’observent, permettant de mieux comprendre et d’agir pour le vivant. Elle est aussi pleine de ressources et de liens quand on donne la parole aux anciens racontant leur quotidien dans les villages.
Et la culture ? Elle n’est pas l’oubliée, mais l’absente. Une place particulière lui sera consacrée dans un prochain numéro.
Avant de vous donner rendez-vous en septembre, en échos aux récits de chaque témoin, l’envie de vous laisser avec les mots d’Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse ».