Blagnac 31

Quelles sont les conditions, les envies, les valeurs ou autres motivations qui nous amènent à accueillir un étranger chez soi ? Se pose-t-on réellement ces questions avant d’ouvrir sa porte ? Pas nécessairement. La réponse ne se trouve-t-elle pas dans l’aventure humaine qu’elle fait naître. Rencontre avec une accueillante qui nous a ouvert aussi son cœur…

 

Une grande maison à étage de 200 m2 comprenant 4 chambres, située dans un petit lotissement à Blagnac (25000 habitants), à 20 min en tramway du centre-ville de Toulouse. Le descriptif n’est pas le début d’une annonce, mais le lieu qui va décider de l’histoire à venir.


Alors, qu’est-ce qui a fait le déclic ?  
En septembre 2019 Nadine Puibusque reçoit un mail de l’un de ses collègues indiquant que l’association SINGA JACCUEILLE recherchait des familles pour accueillir de jeunes réfugiés politiques, en situation régulière. Y avait-elle pensé auparavant ? Pas vraiment. Elle, la mère de famille, veuve depuis 2017, avec 3 enfants qui ont quitté la maison et travaille à l’étranger : Vancouver, San Francisco et bientôt Taiwan pour le dernier de 28 ans.
Alors, qu’est-ce qui a fait le déclic ?  « Le mail que j’ai reçu. L’explication de l’association SINGA Toulouse qui demandait d’offrir un logement gratuit à des jeunes étrangers. Je me suis dit que notre grande maison, bien située côté transports en commun pouvait le permettre. L’espace dont je dispose n’allait pas être partagé car en réalité la partie où je vis, la plus intime, chambre et salle de bains, y est bien distincte. J’ai pris conscience que j’avais toujours su, tout en travaillant à l’extérieur, tenir une maison, veiller à ce que mes enfants mangent, soient en bonne santé… C’était quelque chose que je pouvais reproduire sans problème et que j’étais toujours en mesure de le donner. Au final, ce qui était demandé dans l’annonce, je l’avais. Mon seul souci était de me dire que ce jeune serait peut-être mieux dans une famille avec des jeunes et non pas avec moi qui aie 60 ans.»

 
« C’est un moment que j’ai adoré.… »
Après avoir recueilli l’avis de ses enfants, tous favorables, pris le temps de communiquer avec l’association, d’échanger avec la chef de projet sur la convention proposée, qui est d’une durée de 6 mois, renouvelable d’autant, la proposition est venue.  Celle-ci  est arrivée en novembre 2019 et concernait  deux personnes. La première allait s’avérer la bonne. « C’est un moment que j’ai adoré. On se dit que l’on va rencontrer une personne. Que chacun, accueillant et accueilli, est dans cette même disposition, à vouloir vivre ensemble. J’ai donc appelé Waël, un jeune soudanais de 21 ans pour que l’on se voit dans un café, en tête à tête. Il s’est passé quelque chose que l’on n’explique pas avant et que l’on comprend ensuite… Il est arrivé à l’heure et cela peut être risible, mais pour moi la ponctualité est hyper importante et en plus, il a souri. Mon choix était fait. Le sien aussi me semblait-il, mais il n’était pas complètement dans une posture de choix, lui.»


Une sorte de guide pour aider à organiser la vie quotidienne
Waël est arrivé dans la maison de Nadine en janvier 2019 et la vie quotidienne a pris naissance avec l’aide d’une sorte de guide détaillé donné par l’association où tout est répertorié pour aborder les moindre détails de la vie commune : ménage, fonctionnement de la machine à laver, horaires de la maison… « On a fait cela petit à petit. J’ai donné les horaires de la maison. On a convenu d’un repas commun le soir, qu’il pouvait préparer ou moi. C’était nouveau pour moi. Les Soudanais mettent tout sur la table, les restes de la veille, les plats du jour et chacun mange ce qu’il veut et dans son cas avec les mains, une tradition de son pays, préférant bien souvent ce qu’il a cuisiné.»


« …j’ai vu que la spirale s’inversait.»
Pour Nadine tout s’est mis en place naturellement avec un regard bienveillant et constant sur son hôte : « Quand il est arrivé, Waël était dans une spirale descendante. Il n’avait plus de travail, il était mal, se sentait seul, avait rompu avec sa copine… Le fait d’avoir un toit, de pouvoir compter en quelque sorte sur quelqu’un à travers nos échanges notamment, j’ai vu que la spirale s’inversait.»


« …Et là, comme une maman, je l’ai grondé… »
En effet, pendant le confinement, Waël a retrouvé du travail, comme auparavant en tant que cariste, a pu gagner de l’argent, s’offrir de nouveaux vêtements, envoyer aussi quelques économies à sa famille, a appris le français et est aujourd’hui dans un nouveau projet. « Il a une vie plus stable aujourd’hui. Il est en confiance. On parle beaucoup. Il me raconte tout, ses copines, sa visite chez le médecin… Bien plus que mes enfants. Il a le projet d’une formation qualifiante dans quelques mois. Il doit apprendre à conduire mais cela depuis son arrivée. Et là, comme une maman, je l’ai grondé voici quelques jours, car rien n’avançait dans ce domaine. Ça a marché, car tous les soirs maintenant, il révise sur son ordinateur et je l’aide au niveau de la compréhension des questions » dit-elle avec contentement et l’envie de l’aider à être plus autonome demain.



Entre nous :

> Grande satisfaction : « D’avoir été utile  au quotidien, d’avoir contribué à ce qu’il soit aujourd’hui dans une spirale positive. Il avait besoin d’être accompagné mais pas seulement par un professionnel. Le jour où il aura son permis, son appartement, son travail… Je ferai une méga teuf ! »

> Solutions à trouver prochainement ? «Il faut qu’il acquiert encore de l’autonomie, le permis certes, le français encore, mais je pense que sa formation qualifiante sera à nouveau un facteur qui le poussera à grandir.»





Pour les plus curieux : Singa JACCUEILLE - https://www.jaccueille.fr/

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REDACTION

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