Ibos, Tarbes | 65
Dix ans pour créer un territoire plus juste, plus durable, plus équitable à partir de solutions concrètes. Comment ? En créant des passerelles avec ceux qui ont envie d’évoluer dans leurs pratiques, de s’inspirer des expériences déjà existantes sur le territoire, mais aussi en construisant de nouveaux imaginaires. La méthode se veut participative, joyeuse, « agissante ».
« Notre projet est de rassembler les acteurs du changement sur la Bigorre et le Béarn, de les mettre en lumière et de les fédérer. L’objectif d’ici 2030 étant de créer, en toute humilité, une culture de la transition sur ce territoire. » confie Julie Simoës fondatrice fin 2021 avec Anne-Sophie Ketterer du collectif ILOTS (Initiatives LOcales de Transitions et de Solidarités).
Le collectif comme support
Issues du monde de l’entreprise classique, installées depuis quelques années dans les Hautes-Pyrénées, Julie Simoës et Anne-Sophie Ketterer accompagnent à travers leur propre structure les entreprises et les collectivités vers la transition économique et sociale, mais pour chacune, il était nécessaire d’aller plus loin : « Notre projet du collectif est issu d’une rencontre humaine, on avait envie personnellement d’aller au-delà de notre activité professionnelle et d’agir localement pour créer un territoire plus juste, plus durable, plus équitable avec des personnes de toutes expériences, de toutes expertises et de structures différentes. La constitution du collectif permet sans trop de formalisme que ce soit souple et joyeux de se retrouver, à deux au départ et aujourd’hui à plusieurs » raconte Anne-Sophie Ketterer
La création de nouveaux formats d’échanges
Démarré dans un contexte où il fallait être à distance… le collectif ILOTS a eu recours aux réunions par visioconférence, rassemblant différents acteurs du changement, mais la rencontre, l’échange en direct, est la méthode privilégiée aujourd’hui avec la création de nouveaux formats pour une mise en lien : les « expéditions » permettant de découvrir une thématique de la transition écologique et sociale dont la première a traité de la démarche alimentaire existante et pérenne sur le territoire ; « les soirées semeurs du changement », ou comment devenir acteur du changement, des « ateliers » permettant d’intégrer le grand public, enfants, jeunes, adultes et imaginer ensemble des futurs possibles.
Des évènements portant un discours concret
« La première réunion d’ILOTS a rassemblé ceux qui agissaient pour la transition écologique afin de partager leurs initiatives, leur vision de demain, leur questionnement aussi… Tous les événements que nous créons ont le même but, montrer qu’à partir de ces initiatives locales, de leur récit, on peut apprendre ensemble et impulser d’autres projets ou actions. Les évènements veulent porter un discours concret. Nous allons vers des experts de solutions locales, des « démonstrateurs » ceux qui font sur le terrain pour montrer que c’est possible. Nous n’avons pas autour de nous des pépinières de l’ESS et ce type de rassemblement peut aider aussi les porteurs de projets sur le territoire de la Bigorre et du Béarn » souligne Anne-Sophie Ketterer.
Créer des passerelles
ILOTS se veut aussi un outil de coopération, non pas pour changer le monde, mais pour agir en local en proposant de nouvelles approches avec en point de mire de s’accorder sur les mots, trouver un même langage, concevoir une culture de la transition. Il ne s’agit pas pour nos interlocutrices de faire de « l’entre soi » mais de « l’avec soi », faire partager ce que l’on fait. « La proposition vise la solidarité et non la compétition. Nous voulons créer les passerelles qui vont permettre de faire le pas de côté, de penser autrement, d’innover. Si la méthodologie entrepreneuriale est la même – recueil des besoins, modélisation…- ce qui change dans l’Économie Sociale et Solidaire c’est que l’on intègre les impacts sociaux et environnementaux. Il y a une posture, un état d’esprit de coopération, mais attention, on peut retrouver tout cela dans une entreprise existante qui porte ces valeurs et qui n’appartient pas encore à l’ESS, d’où l’importance des passerelles. Et puis, n’ayons pas peur d’emprunter les mots de l’économie et de la finance, tels que bénéfices, crédit… en rappelant le sens originel avant qu’ils ne soient dévoyés » souligne Julie Simoës
Et participer à construire un nouvel imaginaire …
Nos deux utopistes pragmatiques comme elles se définissent rappellent que l’on n’est plus dans le « pourquoi il faut que cela change ? » mais dans « le faire et comment le faire ? ». Et si cela commençait par nourrir nos imaginaires ? « Nous avons besoin de construire un nouvel imaginaire non issu de la robotique, de la haute technologie ce qui signifie de mener une bataille culturelle et pour cela nous allons vers les artistes, les sociologues, les philosophes… qui nous aideront à faire émerger de nouveaux repères, un nouvel état d’esprit, une puissance d’agir ensemble tout simplement sur le territoire » conclut Julie Simoës .
Les Trois coups ! Selon Anne-Sophie Ketterer et Julie Simoës
> Coup de chapeau : «Aux acteurs du tiers-lieu « le Lien » à Ibos… Alors que peu de monde croyait à leur projet… il va y avoir une épicerie, des charpentiers, le réseau ENVIE va s’installer. La diversité des personnes, leur belle énergie et leur ouverture d’esprit permettent de transformer ce projet en réalité et d’imaginer un futur possible.»
> Coup de main : « Nous lançons un appel à ceux et celles qui ont envie d’accompagner sur le territoire la transition écologique et sociale en rejoignant notre collectif. Il y a de la place pour les citoyens, les asso, les entreprises, les coopératives, les collectivités…»
> Coup de projecteur : « Le dernier livre de Sandrine Roudaut les déliés aux éditions La mer salée. L’auteure parie sur des imaginaires lumineux pour donner envie d’agir. »