Lannemezan, Capvern… | 65
Né contre l’installation d’une scierie industrielle et porteur d’un nom qui se veut une injonction de défense pour la forêt, le collectif mène aujourd’hui un projet aux valeurs constructives dans son approche forestière, respectueux de la nature et issu de consultations citoyennes. Un nouveau rapport aux forêts semble se dessiner…
Pour s’opposer à un projet de scierie à Lannemezan, envisageant pour son activité de grands volumes de bois, le collectif « Touche pas à ma forêt ! » est né en Février 2020. Pascal Lachaud, le maire adjoint à l’urbanisme et à l’environnement de Capvern, a été le premier à monter au créneau, suivi par d’autres élus de communes des Hautes-Pyrénées, mais aussi des Pyrénées-Atlantiques, rejoints par des organisations professionnelles forestières, mais aussi des citoyens. À partir de juillet 2020, onze réunions publiques se sont tenues sur ces deux départements.
En janvier dernier, la Région d’Occitanie actait la mise en place d’un moratoire sur la validation du projet, dans l’attente des conclusions de l’étude lancée par le préfet des Hautes-Pyrénées et la Région.
La construction d’une culture commune
Aujourd’hui, le collectif TPMF, structuré en différentes commissions, comptant 3500 citoyens, une cinquantaine d’organisations syndicales, associatives et politiques, poursuit ses réunions d’information avec l’idée de proposer une alternative forestière, comme l’explique Pascal Lachaud, membre du collectif et de la Commission Alternative forestière : « Nous imaginons des propositions faites à partir de la construction d’une culture commune acquise par les réunions publiques, intégrant les questions environnementales, sociales et l’ensemble des métiers. Nous avons réuni pour cela des forestiers, la filière bois et les tous les autres usages du bois, sans oublier les loisirs et le tourisme. Nous voulons renouer avec tous les usages du bois.»
Imaginer de nouvelles instances démocratiques
Dans ce but de modèle alternatif forestier, le Collectif travaille à la création plus particulièrement de nouvelles instances démocratiques, nommées « les Comités de bassin de la forêt » où l’ensemble des citoyens décideraient avec les professionnels les orientations locales de la filière. « Ces comités de bassin existaient déjà avant la Révolution française. On trouve une application dans le Pays Basque aujourd’hui, mais fonctionnant seulement avec les élus et les forestiers. Nous, nous souhaitons inclure plus de représentants. La démocratie ne tue pas !»
Véritables espaces de concertation
Ainsi à l’échelle d’une vallée ou de plusieurs, selon la densité de la population, l’idée serait que les habitants s’organisent collectivement pour gérer les communs, les bois et les estives. Les comités de bassin de la forêt devenant alors des espaces de concertation qui permettraient une gestion forestière plus démocratique.
Répondre aux obligations de la Loi Energie-Climat…
Faisant référence aux difficultés aujourd’hui de mettre en œuvre des constructions en bois localement, alors que les lois actuelles et à venir ( emploi de matériaux biosourcés = bois, chanvre, paille, ouate de cellulose… ) obligent les communes, notre interlocuteur précise : « Nous avons à respecter nos obligations concernant la loi Energie-Climat. Les réflexes ne sont pas là et les outils manquent. Nous sommes en train de réaliser un annuaire des professionnels, un travail colossal, afin de savoir à qui l’on peut s’adresser, quand on est porteur de projet. Faire que la puissance publique, mais pas uniquement, ait un outil qui lui donne des informations sur la filière locale sera un plus. »
Vers « une transformation globale… »
Réalisation d’outils, expérimentation de la démocratie en interne, réflexion sur le mode de concertation, réunions d’information pour continuer à collecter les idées et nourrir le projet du collectif démontrant pour l’avenir de grandes ambitions : « Tout cela, concourt à une transformation globale avec un autre rapport à nos forêts, qui reste à inventer », conclut Pascal Lachaud.
Les Trois coups ! Selon Pascal Lachaud
> Coup de chapeau : «Aux bénévoles du Collectif qui depuis deux ans à raison de deux réunions par semaine font connaître le projet, recueillent les réflexions pour construire l’alternative forestière.»
> Coup de main : «On a besoin de toutes les compétences. Aussi, on s’adresse à tous ceux et celles qui sont intéressés par notre projet et qui sont ouverts à la discussion, qu’il soit dans les métiers du tourisme, du médico-social, de la nature…Tous peuvent nous rejoindre.»
> Coup de projecteur : « Sur Ambiance Bois, une SAPO, créée voici 25 ans sur le plateau de Millevaches, en Creuse et qui a su constituer une filière bois de proximité. Les maisons qu’elle construit sont issues de bois locaux. C’est un super exemple de ce qu’il est possible de faire.»
Pour les plus curieux : Touche pas à ma forêt ! : https://www.touchepasamaforet.org