Arreau | 65
Une carence en personnel social, la connaissance d’une association, d’une assistante sociale, le hasard… Tout cela a créé la rencontre entre une famille installée depuis peu dans un village et une mère et sa fille arrivées des Balkans.
Le contrat ? Que chacun y trouve un juste échange et puisse poursuivre son chemin enrichi par cette expérience.
Alain « le vagabond » comme il souhaite qu’on l’appelle a ouvert une librairie portant ce même nom à Arreau, village de 600 habitants des Hautes-Pyrénées et où il s’est installé avec sa famille. « Nous sommes arrivés dans le village en 2019, avec ma sœur autiste avec qui je chemine depuis quelque temps pour reprendre la librairie qui était fermée depuis des années, mais qui avait eu un beau passé. L’accueil a été bon, malgré un contexte difficile pendant deux ans mais qui a fait naître de belles idées et donner un bel élan à la librairie ».
Une action concrète… due au hasard ?
Si, sur le plan professionnel les choses se mettent en place en quelques mois, sur le plan familial, Alain éprouve des difficultés à trouver une personne qui s’occuperait de leur mère : « j’ai cherché pendant plus d’un an, et je ne sais plus comment cela s’est passé entre l’assistante sociale, l’association Maillâges*, mais nous avons pu élaborer un projet avec Fatima, et Rubina, sa fille de 18 ans qui arrivaient de Macédoine. Cela m’a plu de passer au militant que j’étais en théorie à une action concrète ».
Plus qu’un échange autour de la cohabitation intergénérationnelle
Le contrat passé sur une année depuis novembre dernier permet aux jeunes femmes de bénéficier d’un logement et en échange Fatima s’occupe de la maman d’Alain à raison de quelques heures par jour. Mais pour Alain l’échange ne s’arrête pas là : « Nous avons entamé des démarches pour elles deux sur le plan administratif et pour Rubina qui parle très bien le français, nous avons trouvé un lycée professionnel pour une remise à niveau et une inscription en CAP. L’objectif est de donner à l’une et l’autre les possibilités de devenir autonomes demain et de leur assurer aujourd’hui de la stabilité, elles qui ont connu la précarité et l’incertitude ».
Le partage de moments…
Alors, quand on dit à Alain qu’en préparant leur départ, il devra trouver dans quelque temps une autre personne pour sa maman, cela ne le trouble nullement : « On est dans des relations humaines, pas dans l’esclavage moderne. Elles ne sont pas attachées à nous ni à la région. La vie est ainsi, on partage un moment avec des personnes et puis cela prend fin, on passe à autre chose… ».
Entre cheminement personnel et règles à apprendre
Pour l’heure, Rubina apprécie de venir à la librairie qui deviendra probablement son lieu de stage dans le cadre de sa scolarité : « Si elle n’est pas habituée à un endroit comme celui-ci, elle est très curieuse et débrouillarde. Quand elle est arrivée, je lui avais donné un livre qui racontait une histoire d’une jeune fille qui arrivait à l’étranger et qui rentrait en contact avec des personnes, une histoire proche de la sienne… Et bien, elle vient de me dire qu’elle avait commencé à le lire. Les livres peuvent aider à trouver son chemin et à nous à veiller à lui donner un cadre, des règles » conclut Alain qui se veut un mélange de suisse allemand pour la rigueur et d’homme libre en dehors des radars.
* l’association Maillâges* médiateur de la cohabitation intergénérationnelle.
> Pour les plus curieux : Association Maillâges : https://www.maillages.org
> En savoir plus…
Vous diriez merci à qui ? «Au hasard… qui fait bien les choses. J’ai arrêté de me fixer des objectifs et les choses arrivent…par hasard ».
Qu'attendez vous de ce projet ? « Un coup de main de ceux qui peuvent faire avancer les choses de façon administrative… ».
Vous avez agi par optimisme ou pessimisme ? «Par réalisme. Je suis ni dans l’utopie ni dans le négatif, je fais avec ce à quoi je suis confronté ».
Que pensez-vous de cette phrase : « Faire ce que l’on peut, c’est faire ce que l’on doit » ? « Cette expression me convient assez bien dans ce que je vis actuellement ».