Lussagnet-Lusson | 64
Forts d’une expérience d’amis, ils ont réalisé le projet d’accueillir des artistes chez eux, en pleine campagne. Quelques soirées par an, la grange devient salle de spectacle, le jardin lieu d’une restauration de partage.
Alors que la 27e soirée se prépare, la crainte de ne pas faire salle comble est toujours là mêlée cependant pour les hôtes du lieu au plaisir à venir.
Dans un village de moins de 200 habitants, à raison de six fois par an, de septembre à mai, Frédérique et Pascal accueillent dans leur grange des artistes, musiciens et chanteurs, venant de toute la France et cela depuis 7 ans. « Déjà ? –dit Frédérique- je me souviens que je voulais démarrer ce projet dès que l’on a eu échangé avec nos amis qui depuis des années accueillaient des artistes. Pour Pascal le projet s’envisageait à plus long terme car il avait le souci, à juste raison, de réussir ce mélange de culture et de convivialité avec aussi la préoccupation de la logistique. Mais à un moment je dois dire que j’ai mis la pression et on a démarré notre projet ».
1 + 1 = une belle complémentarité
Le métier de chacun est certes bien éloigné du monde artistique mais leur parcours de vie a apporté à l’évidence une complémentarité dans la mise en place et la réussite du projet. Frédérique évoque son attrait pour la création artistique, ses sœurs artistes et de façon anecdotique le plaisir qu’elle avait lorsqu’enfant avec des copains elle faisait des spectacles dans une grange puis aujourd’hui, ayant plus de temps, son action associative auprès d’un cinéma et d’une troupe de théâtre.
Pascal lui, parle de sa proximité de pensée avec l’éducation populaire et l’action qui en découle au niveau de la culture afin d’encourager toutes les formes d’expressions de celle-ci. Un idéal qui se décline aujourd’hui à travers son appartenance à un groupe vocal assurant des lectures animées en itinérance dans les villages mais aussi depuis 2015 au sein de leur lieu de vie : « Proposer des alternatives locales dans nos campagnes en mêlant culture et convivialité, c’est provoquer forcément des moments d’échanges et de rencontres, bien souvent entre personnes qui ne se seraient jamais parlé et c’est bien cela que l’on souhaitait faire vivre notamment dans notre grange et dans l’avant spectacle grâce à l’auberge espagnole qui amène le partage des plats, des bouteilles et des idées… ».
Les ingrédients indispensables
Pour nos deux hôtes, si le choix de l’artiste est important, c’est aussi le réseau qui permet de remplir la salle : « Il faut avoir un bon carnet de contacts et le cultiver en permanence en sachant que les personnes qui viennent nous font confiance sur nos choix, sur la proposition faite. Avec le temps, la relation est très forte c’est elle aussi qui assure la pérennité » précise Frédérique.
Quant à la réservation, elle est suivie avec attention par Pascal, les artistes étant payés au chapeau. « Je veille aux relances. Pour le prochain spectacle il reste encore des places, je vais envoyer un mail à nouveau. Parfois nous essayons de trouver d’autres scènes similaires à la nôtre ou plus citadines afin de permettre aux artistes d’assurer plusieurs spectacles localement »
La magie devrait à nouveau opérer…
Samedi 12 février la magie devrait à nouveau opérer avec une restauration collective en moins mais une ambiance au chaud assurée cette fois à l’intérieur de la maison. « Dans ces soirées, l’atmosphère créée par le lieu habité, amène des moments imprévus, on parle avec son voisin que l’on ne connaît pas… Après le spectacle le contact entre spectateurs et artistes est facile et très apprécié et puis ce qu’aiment les artistes c’est dormir sur place, pour eux c’est génial et pour nous aussi » conclut dans un grand sourire Frédérique.
> Pour les plus curieux : information et inscription au prochain spectacle auprès de Pascal :Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
> En savoir plus…
Vous diriez merci à qui ? à quoi ? « A nos amis de Laloubère à côté d’ici qui ont eu un beau succès qui nous ont donné les clés pour démarrer. Nous devons aussi tirer de leur expérience qu’un jour tout cela pourrait s’arrêter. Ce sera alors peut-être un appel pour aller vers d’autres projets car ils sont encore nombreux ».
Qu'attendez-vous de ce projet ? Pascal attend avec impatience la reprise des moments avant spectacle, ce moment convivial que permet l’auberge espagnole.
Vous avez agi par optimisme ou pessimisme ? « Par optimisme. Nous sommes persuadés que malgré la morosité, il y a un manque de propositions et que si celles-ci existaient, les habitants des campagnes en profiteraient. Nous n’avons pas fait une enquête sur le territoire avant de démarrer, nous nous sommes lancés …et ça a marché ».
Que pensez-vous de cette phrase : « Faire ce que l’on peut, c’est faire ce que l’on doit » ? « Je n’aime pas cette phrase –répond Frédérique- je préfère « faire du mieux que l’on peut. Quand tu fais de ton mieux ce n’est pas le devoir qui parle mais l’envie qui devient moteur, cela change tout alors car l’amour devient présent ainsi que l’envie de partager ».