Villeneuve-sur-Lot | 47
Adolescent, seul le vélo lui permettait de sortir, de sillonner la campagne, de revenir de l’école sans attendre le bus. Etudiant, il expérimente alors le vélo dans la ville, y mesure sa place mais aussi comprend qu’il faut agir en son nom. L’engagement pour un projet local prend naissance…
Adrien Chaud fait partie de ses jeunes ayant eu une adolescence en ruralité sans pouvoir compter sur les « parents taxi » ceux qui peuvent assurer les déplacements loisirs de leurs enfants. « Nous habitons à une 8 km de Villeneuve et mes parents qui avaient choisi de sortir de la ville pour avoir une maison avec un jardin avaient un travail très prenant et assez éloigné de notre maison familiale, ce qui fait que nos sorties à mon frère et moi, le plus souvent, se réalisaient à vélo sinon, nous restions à la maison comme beaucoup avec nos ordinateurs pour compagnon »
Des souvenirs…
Un souvenir à la fois bon et douloureux pour le jeune Adrien qui se rappelle certes la liberté d’avoir un moyen de transport à la sortie de l’école et le week-end, mais aussi les peurs qu’il a connues racontant aujourd’hui avec humour qu’il a souvent vu ses lacets écrasés par des roues de voiture.
De la ville à la campagne
En 2019, étudiant en mathématique à Bordeaux, Adrien y débarque bien sûr avec son compagnon de route. Il rejoint Bordeaux Vélo Cité* dont le but est la promotion et la défense de l’usage du vélo au quotidien, dans l’agglomération bordelaise. « Je voulais aider à la cause du vélo. J’ai proposé mes compétences de photographe, car je ne savais faire que cela.»
À travers l’association bordelaise, il apprend beaucoup et notamment qu’il faut faire plus encore pour le vélo afin de lui donner une place plus prépondérante dans les villes.
Les municipales vont lui permettre de passer à l’action à Villeneuve sur Lot, en proposant un plaidoyer pour le vélo qu’il présente à chaque candidat « J’ai proposé des actions concrètes afin que l’on puisse rapidement les mettre en place et j’ai suscité leur intérêt en posant la question - quand on a 18 ans trouvez-vous normal qu’il soit dangereux de faire du vélo ? - L’écoute était là auprès de la plupart d’entre eux » raconte ce jeune pragmatique.
Lund, « la ville des idées »
La satisfaction d’Adrien est de voir que le sujet des mobilités à Villeneuve-sur-Lot s’est installé au sein de la campagne municipale dans une ville où le vélo correspond seulement à 1% des déplacements, soit en dessous du seuil national.
L’idée de créer une association lui vient naturellement, mais ses études l’éloignent pour une année de sa région natale. « Je suis parti en Eramus à Lund – au sud de la Suède - ; je vais découvrir par hasard une ville universitaire où le vélo est prépondérant, où, sur une piste cyclable, je fais du vélo avec des enfants de huit ans qui vont à l’école en toute sécurité. La aussi, j’apprends beaucoup sur les possibles aménagements, des choses toutes simples souvent »
«…C’était le moment de m’engager localement »
Une prise de conscience qui met en avant que la vision des aménagements est souvent pensée par des automobilistes et non avec des cyclistes.
En juillet dernier, la voie est alors ouverte pour donner de son temps à la vie locale alors que son retour à Bordeaux pour préparer l’agrégation est en vue . « J’ai senti le déclic, que c’était le moment de m’engager localement. Je me suis rapproché de personnes dont Francis Cazeils, qui avait déjà agi pour la défense du vélo. Après plusieurs réunions publiques, nous avons créé l’association « Villeneuvois à vélo » et nous allons pouvoir désormais travailler avec la municipalité, qui avait en son temps bien accueilli ma démarche de plaidoyer. Ma place est désormais là dans le mouvement associatif et à l’échelle locale.»
* membre de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) qui regroupe plus de 140 associations de cyclistes urbains dans la plupart des grandes villes de France
> Pour les plus curieux : https://www.villeneuvois-a-velo.fr/
> En savoir plus…
Vous diriez merci à qui ? « A Bordeaux Vélo Cité et à toutes les associations qui font des choses et qui permettent de s’en inspirer pour bâtir à partir de ce qu’elles ont déjà fait. Moi j’ai appris la prise de parole, la relation avec les media… Tout ce qui permet de passer à l’action.»
Qu'attendez vous de ce projet ? « Une prise de conscience des élus, un passage à l’action de leur part à travers des aménagements simples et de montrer que le vélo n’est pas uniquement réservé aux grandes villes, et dans le même temps une prise de conscience des habitants à rejoindre l’association qui est une association de cyclistes dont le but est avant tout de fédérer et proposer ».
Vous avez agi par optimisme ou pessimisme ? « J’agis par optimisme et espoir. Je suis revenu à Villeneuve-sur-Lot avec ce projet d’association, car je pensais que je pouvais faire quelque chose ici. Le local me donne envie d’agir et espoir ».
Que pensez vous de cette phrase : « Faire ce que l’on peut, c’est faire ce que l’on doit » ? « On a collectivement un devoir, mais on ne peut pas ordonner aux gens d’agir. Dans la ville de Lund où je vivais, les 46% de personnes qui se déplacent à vélo ne le font pas par devoir mais parce qu’ils ont la possibilité de le faire ».