Saint-Jean-de-Luz | 64

En juin 2020, un projet de parc de loisirs pour surfeurs à base de vagues artificielles émerge sur la côte basque avec vue sur l’océan. Ce choix d’aménagement du territoire aux multiples impacts environnementaux et énergivores va rencontrer une opposition gagnante menée par un collectif. Cette résistance contemporaine donnera vie à un guide écrit par l’un des acteurs.

À partir d’un article paru dans  la presse locale en juin 2020, le projet d’un  surf  park à Saint-Jean-de-Luz   va déclencher une mobilisation locale sur quatre mois. L’opposition municipale  fait alors savoir que  la modification du  plan local d’urbanisme souhaitée par la majorité en place  va permettre à l’entreprise  Boardriders - qui détient plusieurs marques historiques de la culture du surf, présente sur la commune -  de réaliser un projet comprenant sur 7 hectares,  une piscine à vague, mais aussi un restaurant, un hôtel, et autres commerces. «  Ce projet  proposait  un parc d’attractions pour les surfeurs, avec à la clé des emplois, un  attrait touristique… Il revendiquait aussi  l’esprit d’innovation  d’une commune… sauf qu’ il arrivait à un moment  où ce type de réalisation n’était plus à  faire en matière d’environnement notamment » résume François Verdet, riverain et acteur dans cette lutte, surfeur habitant la côte basque,  amoureux de la nature mais pas seulement…
Remontons  le temps de quelques mois.

Après dix mois de rame…
Fin 2018, la communauté de surfeurs apprend que le G7 va se tenir à Biarritz. Elle décide de faire  entendre sa voix   auprès de l'opinion sur la pollution de l'océan à l’appel de Surfrider Foundation Europe  (cf. Pavillon Océan) mais aussi  de  l’association Bizi (     association située à Bayonne-64 militant  pour la justice sociale et climatique).
Dans les eaux,  le long de la côte basque, à l’image des marches pour le climat,  jusqu’à la veille du sommet en aout 2019,  des rendez-vous hebdomadaires baptisés "Rame pour ta planète" réunissent jusqu’ à 350 surfeurs. La presse française et internationale en fera un large écho de ces rendez-vous. Parmi eux on retrouve, François Verdet, ancien bénévole à Bizi, membre de Surfrider et  du collectif « Rame pour ta planète ».

Une communauté de surfeurs prête à prendre la vague…
Pas étonnant,  lorsque le projet de surf park est connu, que les mêmes protagonistes se retrouvent dans cette lutte et dénoncent ce projet «  Le monde du surf a bien sûr réagi montrant que ce parc d’attractions à destination des surfeurs, les surfeurs n’en voulaient pas eux-mêmes, mais  il était indispensable  de mettre en place  une  stratégie pour se faire entendre. L’objectif était de rassembler le grand public, au-delà des militants puis plus tard, les associations locales de protection de la nature »  raconte notre interlocuteur qui  se sent légitime avec d’autres à relever le combat.

De l’expérience en cours… à l’écriture d’un guide
Une réunion d’information publique est  organisée  au cinéma de Guéthary. « Nous étions cinq opposants en rentrant dans la  salle, nous serons plus d’une centaine à la sortie. Nous avons expliqué qui nous étions et posé clairement l’objectif. Grâce aux dossiers techniques et analyses sur d’autres surfs  parks,  nous avons évoqué les conséquences de ce projet, l’artificialisation des sols, la consommation d’eau, d’électricité, le réchauffement climatique, la proximité avec l’océan, la spéculation foncière… qui seront relayées sur le site Internet créé pour cette lutte » souligne  notre interlocuteur, auteur du « guide  pour faire échouer des projets contre (la) nature ».


L’ouvrage  qui sera écrit au cours de ces mois passés sur le terrain se veut précis, informatif, ludique tout en  proposant une stratégie  tirée de l’expérience de la lutte menée. Militant certes, l’auteur pose toutefois son cadre : « Si on y parle de lutte, d’adversaires, il s’agit plus de tournures littéraires plus que d’une volonté d’agresser ou malmener nos adversaires.»

Mais alors, comment se gagne une lutte ?  « La  lutte  contre le  surf park va se  gagner  en identifiant les adversaires, avec ses forces et ses faiblesses, en construisant  un argumentaire pour mobiliser, en  proposant une alternative, en  faisant groupe avec une communauté proche, mais que l’on élargira au fur et à mesure, en donnant une place à chacun car tout le monde peut apporter une compétence, être relais…,  sans oublier la presse à laquelle on  a veillé à donner  une information documentée»


Et quand l’avez-vous gagné,  cette lutte ? : « Quand nous avons été avertis que le patron américain du groupe a demandé à son homologue européen d’arrêter ce projet qui était nuisible à la marque.  Concernant la mairie, il ont pris acte du retrait de Boardriders et ont de fait abandonné le projet. Ils ont lancé un audit pour référencer les terrains de la commune qui pourraient accueillir  demain un projet maraîcher ».
En attendant, les chevaux et les ânes paissent toujours tranquillement dans la prairie.

Trois coups ! Selon François Verdet


> Coup de chapeau : « à Léa Brassy, surfeuse qui s’est exposée et s’est investie à titre individuel avec une lettre ouverte où elle écrivait notamment  « je refuse d’être associée à l’idée qu’une piscine à vague est un projet utile à notre communauté. Nous surfeurs, surfeuses, nous avons la responsabilité de prendre position contre ce parc … et de dire non, pas en mon nom. Je vous invite à faire connaître votre voix en signant cette lettre à mes côtés ».


> Coup de main : « Le guide que j’ai écrit… je le vois comme un coup de main, c’est ainsi que je l’ai conçu, facile à lire, tiré d’une expérience. Il donne à vivre une stratégie ».



> Coup de projecteur :  « Il existe un projet de Surf Park à Castets dans les Landes où une lutte contre ce projet est menée qui mérite  de s’informer sur Facebook … ».


Site :  https://www.ramepourtaplanete.com/     -       

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REDACTION

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