Montpezat | 47

Démarrée voici quarante ans sur les coteaux de l’Agenais et de la vallée du Lot, la culture de graines de semences bio est aujourd’hui assurée par une dizaine de fermes à taille humaine produisant plus de 500 variétés. Fidèle à ses valeurs initiales, le collectif se veut gardien de la biodiversité végétale pour les générations futures.

Alors que le groupement d’intérêt économique (GIE) Biaugerme   fête cette année ses 40 ans d’existence, Sandie Bielle   -membre du groupement avec son époux depuis 2015 -  n’oublie pas le début de cette aventure démarrée  par la suisse Sylvia Schmid : «  Elle est arrivée à Montpezat dans les années 70,  humaniste, très versée sur le bio  dans la ferme  communautaire qu’elle a créée avec des amis, elle constate  que les semences anciennes  sont de plus en plus  abandonnées. Elle  fait alors l’essai de cultiver des variétés adaptées à une agriculture biologique sur une parcelle et ça marche. Rejointe par son frère et sa sœur,  elle fondera Biaugerme en 1982. Avec une vingtaine de variétés proposées, le travail de sauvegarde des semences commençait avec générosité.»


aujourd'hui 26 agriculteurs, 13 fermes
Depuis sa création, Biaugerme s’est  développé pour atteindre actuellement  le nombre de 26 agriculteurs  et de 13 fermes, toutes  situées dans un rayon de 20 kilomètres autour de Montpezat d'Agenais.  Grandes fermes, petites, mécanisées ou peu, avec animaux et sans, plus versées sur le maraîchage, les fleurs, engrais verts ou les aromatiques …  : « On engage sa ferme sur une production, avec un nombre de cultures. Chaque culture n’étant pas équivalente en termes d’outillage, d’heures de travail, de difficulté à produire… il a été mis en place un système de points,  une référence, qui a évolué, pour que cela reste toujours équitable et cette production équivaut à un nombre d’heures de commercialisation. Un équilibre est demandé entre la production et la commercialisation.»


Agir sur son métier et au-delà…
Être agriculteur semencier au sein de Biaugerme, c’est  penser et agir  au-delà de la production, de la récolte. Ici, chacun va selon ses compétences  participer au tri, tester,  ensacher,  expédier, facturer, préparer le catalogue de vente, gérer la boutique en ligne …  car il n’y a  pas de salariés dédiés à ses tâches «  C’est un aspect du métier que je n’avais pas envisagé, mais cela a été très riche d’enseignement. J’interviens au niveau du secrétariat  sur un nombre d’heures correspondant à l’engagement de la ferme. La mutualisation des moyens permet d’être efficace dans notre travail et  nous apporte la sécurité »

Sauvegarder  la biodiversité végétale
Soucieux de conserver la biodiversité cultivée vivante, les fermes suffisamment éloignées les unes des autres afin d’éviter des croisements accidentels,  jouent le jeu de la diversité au maximum. «  Nous produisons des graines de variétés anciennes et plus récentes obtenues par des méthodes de sélections naturelles sans aucun hybride F1, librement reproductibles. On essaye d’être le plus complémentaire malgré  la situation de la ferme , sa mécanisation, les productions choisies selon ses savoir-faire… »

Fonctionnement au consensus…
Tous associés et collaborateurs, chaque  ferme membre du GIE dispose d’un représentant au sein du Conseil d’administration, la gouvernance partagée a été choisie  privilégiant le consensus  pour les prises de décisions : « On n’est pas toujours d’accord, on a eu aussi des moments de doutes, et là on se donne la possibilité de ne pas décider de tout à tout moment. On a appris à écouter, à travailler en pensant collectif, c’est là aussi un enrichissement personnel que l’on peut activer dans d’autres regroupements que l’on côtoie, mais il faut en avoir appris les clés et nous n’avons pas hésité à faire appel à des compétences à l’extérieur pour nous accompagner sur ce sujet. »


Nouveau bâtiment, accueil d’une nouvelle génération, adaptation de la production
Très vivante, mouvante, l’histoire du groupement est aussi  ponctuée de divers évènements - le départ et l‘arrivée de nouveaux agriculteurs et agricultrices, la construction en 2019 d’un deuxième  bâtiment …-  «  C’est une véritable ruche ici, on planifie, on débat, on accueille, on fait des travaux participatifs, ce qui a permis de réaliser un deuxième bâtiment,  avec des matériaux entièrement bio-sourcés, assurant plus d’aisance dans toutes les tâches du collectif. Et bien sûr, notre attention se porte aussi sur le changement climatique et pour cela nous adaptons  nos façons de cultiver, nous réfléchissons au décalage des semis, nous privilégions la quantité en cas de maladie… Chaque année, nous apprenons et restons humbles  en ayant conscience que nous sommes en quelque sorte les gardiens d’un trésor. » conclut Sandie Bielle.

 


Les trois coups ! Selon Sandie Bielle


> Coup de chapeau : « à Sylvia  Schmid, la fondatrice de Biaugerme.  Elle a  fait naître cette aventure voici quarante  ans avec de l’amour et de l’énergie et elle a été rejointe par  d’autres fermes,  les anciens de notre GIE aujourd’hui qui ont su faire germer la graine.»




> Coup de main : « Le contexte économique fait que l’on  a besoin de la fidélité de nos clients, qu’ils continuent à nous faire confiance et  gardent le lien avec nous. Qu’ils soient assurés que le vivant et l’humain restent au centre de notre objectif. »




> Coup de projecteur : « le réseau Semences paysannes,  basé dans notre  département  à Aiguillon et dont le GIE fait partie, comprend des agriculteurs, des citoyens , des associations locales et nationales, tous acteurs de la biodiversité cultivée. Il organise des forums,  des rencontres, afin de   favoriser la diffusion des semences paysannes. Il aide à la commercialisation des  semences sur le plan réglementaire. C’est une ressource locale importante. » 

   
En savoir plus :    GIE Biaugerme : https://www.biaugerme.com

 


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REDACTION

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