Ribérac 24
Partant à la retraite et sans repreneur, les libraires ne voyaient pas d’autres issues que la fermeture de leur lieu, mais l’énergie et l’enthousiasme de clients vont changer cette perspective. En quatre mois, le projet se monte sous la houlette de deux couples mobilisant 70 personnes. La librairie rouvre en avril dernier sous une forme coopérative.
Depuis plusieurs mois, le bruit circulait que la librairie l’arbre à Palabres, au centre de Ribérac, commune de 4000 habitants, au nord de la Dordogne, allait fermer après 12 années d’activité car elle se trouvait sans repreneur. « C’était difficile pour les habitués, de perdre un tel lieu, de voir un magasin se fermer en plein centre. Au marché le vendredi, j’entendais les gens en parler car à ce moment-là, je faisais un break dans ma vie professionnelle de bibliothécaire et je travaillais dans le maraîchage. J’ai été tout de suite intéressée par ce projet quand j’en ai pris connaissance en novembre dernier » raconte Anne Delaunay, celle qui allait postuler en tant que libraire.
« Il a fallu aller très vite… »
La reprise de la librairie nécessite d’être fortement réactif pour le collectif qui se constitue en novembre dernier et constitue une association. Les réunions s’enchaînent chaque semaine pendant 4 mois drainant près de 70 personnes à chaque rendez-vous. « Il a fallu aller très vite car les propriétaires avaient une date de départ en retraite proche » raconte Anne Delaunay.
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« Aller vers la coopérative était une évidence au regard des valeurs qu’elle porte. Nous avons choisi la SCIC car elle permet à des collectivités d’appartenir au projet, ce qui est le cas ici avec la mairie et la communauté de communes. Nous avons été guidés dans nos démarches par la Région. Elle nous a mis en contact avec d’autres librairies coopératives et on a vu que c’était possible, que ces structures tenaient la route. Et dans le même temps, deux donateurs généreux permettaient de rassembler rapidement la somme. Tout était réuni pour démarrer en avril » précise la présidente de la SCIC Valérie Darracq.
« … J’ai bénéficié aussi des conseils des libraires de l’arbre à palabres. … »
Ce type de structure nécessitant impérativement l’emploi d’un(e) libraire, le choix s’est porté en janvier sur Anne Delaunay qui avait exercé le métier de bibliothécaire pendant quinze ans dans des communes locales et qui possédait une expérience d’animation et d’organisation d’événements. « Le fait que le projet soit porté par une coopérative m’a tout de suite intéressée. Il y a un aspect commercial, de gestion de stock, de relation avec les fournisseurs en librairie que je ne connaissais pas et je suis donc allée me former auprès d’autres librairies coopératives et j’ai bénéficié aussi des conseils des libraires de l’arbre à palabres également pendant 5 semaines.»
Un bénévolat fort actif, telle une ruche…
Autre avantage de la SCIC, elle permet d’être soutenu dans son activité par les bénévoles sans pour cela parler de travail dissimulé et à la librairie les coups de main ne manquent pas : « C’est une véritable ruche qui doit encore veiller à son organisation mais le fait d’avoir travaillé avec des bénévoles en tant que bibliothécaire m’aide. Il y a beaucoup de manutentions, de la réception des commandes, au rangement en passant par les réexpéditions… Sans compter le ménage, le bricolage.»
De nouveaux clients, de nouveaux coopérateurs et des projets
L’ouverture, en effet, a nécessité quelques aménagements au préalable, les meubles ont bougé, l’espace de déambulation s’est agrandi et le fond a aussi évolué. Si la librairie est toujours généraliste, désormais les essais, les ouvrages sur la vie politique… ont fait leur entrée avec un rayon jeunesse et BD plus important : « Je suis à l’écoute des clients mais aussi des coopérateurs qui me font des propositions de livres. La clientèle est toujours là et nous avons de nouveaux clients et coopérateurs sachant que l’on n’est pas tenu d’être coopérateur pour acheter des livres ou de la papeterie. La période touristique arrivant nous sommes prêts à y répondre. Comme nous nous préparons à des partenariats, à faire connaître la librairie à travers des événements ou animations locales. Les projets et les envies ne manquent pas » conclut notre interlocutrice.
Les trois coups ! Selon Anne Delaunay
> Coup de chapeau : « à la mobilisation des clients qui se sont fédérés pour donner vie à ce projet. Sans eux, plus de librairie et je n’aurais pas de travail… J’ai plein de gratitude envers ces personnes qui se sont mises en mouvement.»
> Coup de main : « On va forcément en avoir besoin tout le temps… Il faut donc continuer à nourrir cette relation car s’il y a de la curiosité et de l’envie aujourd’hui, il est donc important de faire durer ce plaisir à venir et de trouver des idées pour se retrouver, que chacun ait envie de rencontrer les autres…»
> Coup de projecteur : « à un magazine gratuit sur la vie locale associative et culturelle qui se nomme Totem et qui est dirigé par Arnaud Ponte. Il vient de le relancer après quelques mois d’arrêt. On le trouve partout et bien sûr à la Librairie. C’est une belle initiative. »
En savoir plus : https://www.facebook.com/people/Librairie-Larbre-à-palabres