Misson | 40
Dans les Landes, AMAP, épiceries participatives et groupements d’achats ont souhaité se fédérer au niveau du département afin de mieux communiquer entre eux, de penser mutualisation en matière d’achats et distributions et de renforcer leur action au niveau local et dans le débat public auprès des institutions locales.
Depuis 2022, date de sa création, LIMAP 40 (Réseau Landais des initiatives pour le maintien de l’agriculture paysanne) fédère 27 structures engagées dans une agriculture locale, durable et responsable. On y compte à ce jour 21 AMAP, 6 épiceries participatives et 2 groupements d’achats, représentant plus de 1500 foyers et plus de 600 producteurs. … Faire naître de plus grandes ambitions
« On est parti des structures connues de consommateurs, de producteurs, de celles qui étaient autour de nous, mais le département est grand, d’où, à la fois, la difficulté de regrouper tout le monde, mais aussi la nécessité de le faire pour porter des projets collectifs, être plus efficace et avoir de plus grandes ambitions en matière de réflexion, de communication, et aussi pour être mieux pris en compte localement » précise Jean-Yves Wegner coprésident de LIMAP 40 avec Dominique Lollivier, ancien producteur de poulets bio.
Les temps changent…
Depuis que Jean-Yves Wegner a participé au sein de l’association des parents d’élèves, à la mise en place de la première AMAP du département « Labennes-Ondres-Capbreton » en 2005, avec le soutien du CIVAM bio, le contexte a bien changé : « À cette époque, il y avait une forte demande de produits bio, on venait de loin, d’Hendaye, à plus de 50 km. On a alors participé à la création de plusieurs AMAP, dès qu’un producteur maraîcher démarrait, on essayait de créer une AMAP autour de lui car il y avait un manque de commercialisation.»
… Le besoin de repenser fonctionnement et organisation
L’objectif du réseau LIMAP 40 est d’apporter des solutions pratico- pratiques aux différentes structures nouvelles ou existantes, nombreuses sur le département, de se doter d’outils informatiques de gestion et de communication, mais aussi de s’appuyer sur une mutualisation pour proposer plus de produits et mieux les distribuer : « Dans les Landes, l’histoire veut qu’il existe de multiples AMAP, à la différence du Pays Basque qui a créé dès le départ une inter-AMAP et de multiples lieux de distribution. Ce regroupement doit en effet permettre de mutualiser l’offre et la distribution afin de gagner en coût de transport et temps. » Ainsi, depuis quelque temps, à Saint-Vincent-de-Tyrosse, plus au sud du département, une plateforme a été mise en place pouvant recevoir et distribuer 3 tonnes de pommes et autres fruits venant du Lot-et-Garonne.
" il faut aussi redonner un coup de jeunes aux AMAP,"
Si la solidarité, l’engagement envers les agriculteurs sont la raison d’être des AMAP, pour notre interlocuteur, il faut aussi redonner un coup de jeunes aux AMAP, le réseau est un moyen de penser collectivement à cela : « Il y a les valeurs de l’AMAP certes, mais il faut aujourd’hui retravailler à partir des besoins, et donc mettre des services en face… Et peut-être aussi, trouver d’autres axes de communication pour intéresser les plus jeunes dans nos différentes actions sur le terrain. L’énergie, le climat, les déchets, ces sujets essentiels, peuvent être des portes d’entrées, de discussions et d’envies demain d’adhérer à une AMAP, une épicerie… »
Pour Yves Wegner toutes les solutions sont donc à envisager comme l’idée d’une SCIC (Société coopérative d'intérêt collectif) demain. Tout peut bouger, comme ont bougé les contrats avec les producteurs qui sont passés de 6 à 3 mois car s’engager sur du long terme devient de plus en plus difficile pour les adhérents.
Pour le réseau, il est évident que tous ces projets passent par le recrutement d’un animateur, de professionnels, mais aussi de bénévoles qui auraient quelques compétences en matière de communications, informatique, gestion… « On a tout fait pour que l’on devienne des consommateurs, nous devons avoir une proposition qui facilite ce passage vers le citoyen actif et engagé… Il y a de forts enjeux à la clé d’où notre utilité et notre soutien au niveau des producteurs locaux»
Intervenir aussi dans le débat public
Déjà présent sur le territoire, à travers des événements locaux, des partenariats, l’organisation d’un marché de producteurs à Labenne… LIMAP40 entend également porter sa voix auprès des collectifs agricoles, des institutionnels et être un acteur incontournable dans le cadre du projet alimentaire (PAT) du département et de celui de la communauté de Communes de Mont-de-Marsan : « Au delà de distribuer des produits une fois par semaine, je fais avec d’autres, de la politique citoyenne, même s’il y a une écoute et une volonté depuis longtemps de certains élus du département à vouloir maintenir une agriculture paysanne. À travers sa structure, LIMAP 40 compte représenter un certain type de consommateurs qui veulent aller vers plus d’autonomie alimentaire et soutenir une agriculture diversifiée sur le territoire.»
LIMAP 40 pourrait également rejoindre prochainement le MIRAMAP, le Mouvement Inter-Régional des AMAP, dans le but toujours de renforcer la cohésion des AMAP à travers le partage d’une éthique commune, la mutualisation des expériences et des pratiques et d’assurer la représentation et la mise en valeur des AMAP au niveau national.
Les trois coups ! Selon Jean-Yves Wegner
> Coup de chapeau : « Aux militants, ceux et celles qui sont là toutes les semaines… Il y a des anciens, de la première heure de l’AMAP qui sont issus de l’association des parents d’élèves dont je fais partie et des nouveaux aujourd’hui, bien plus jeunes et c’est encourageant …»
> Coup de main : « C’est celui que vous nous donnez en nous faisant connaître, on en a besoin. Et puis, il y a celui que l’on aura tous à se donner pour chercher des idées nouvelles, faire grandir ces projets alimentaires de circuits courts locaux, se donner de plus grandes ambitions, une nécessité.»
> Coup de projecteur : « Sur le mouvement de Jean-Marc Jancovici et sa dernière étude, sortie fin 2024, à partir d’une consultation menée auprès des agriculteurs en France, qui est très intéressante… Elle montre que la grande majorité des agriculteurs interrogés sont prêts à bouger, à accélérer ou engager leur transition vers des pratiques agro-écologiques à condition qu’économiquement cela soit faisable, viable pour eux. Il fait ici entendre des voix pas toujours entendues. Et il propose des solutions dont une agriculture reposant sur une production paysanne et rurale…»
LIMAP 40 : https://www.facebook.com/p/LIMAP-40-100091531132588/?locale=fr_FR