Gers - 32
Une voie semble s’ouvrir pour réinventer des formes de concertation, de décision et d’expression citoyenne avec la capacité de réorienter les ressources publiques.
Dans le Gers, exemple unique en France, le budget participatif a été proposé au niveau du département. La deuxième édition démarre… avec autant d’engouement.
Le Gers a osé le faire et le propose à nouveau cette année : mettre en place au niveau d’un département un budget participatif. Une volonté clairement affichée par le Président du Conseil Départemental depuis 2017 et approuvé à l’unanimité par le Conseil départemental. « Il y avait pour Philippe Martin des constats à prendre en compte, au regard de la faible participation électorale, de la colère, voire du rejet des citoyens envers les représentants de la démocratie qui va parfois jusqu’à la défiance. Il semblait indispensable de redéployer des formes de concertations qui permettraient de co-construire des projets sur un territoire, ici rural et revenir ainsi à des choses concrètes qui seraient réalisées.» précise Marie-Pierre Desbons, directrice stratégie et participation citoyenne du Conseil départemental du Gers.
Montant du budget participatif départemental : 1 million d’euros
Si on partait pour ce premier budget participatif dans l’inconnu concernant l’adhésion des habitants du département, les règles se voulaient précises : « Elles ont été élaborées avec les habitants à partir de réunions publiques sur l’ensemble du territoire, à savoir le montant maximum des projets, l’âge pour participer, qui pourra voter… Il s’agissait de poser ensemble les règles démocratiques de ce budget d’un montant de 1 million d’euros » rappelle notre interlocutrice.
Des idées aux projets
Les habitants ont répondu présents dès les premières réunions proposées sur tous les cantons ; le conseil départemental ne lésinant pas ensuite dans l’animation de la concertation avec une présence sur le terrain, la mise en place des urnes en marie pour les dépôts d’idées parallèlement à l’ouverture de la plateforme Internet.
Ce dispositif permettait de recueillir 1000 idées émanant pour moitié de citoyens individuels et pour l’autre moitié d’associations. « Mais une idée ce n’est pas forcément un projet – précise Marie-Pierre Desbons - il fallait qu’elle passe par le regard des élus afin de savoir si l’intérêt général était respecté ainsi que d’autres critères réglementaires avant d’aboutir à la commission technique qui recevait les porteurs d’idées, puis en vérifiait la faisabilité sur la commune concernée et au final en établissait le budget ».
Une démarche accompagnée et soutenue à chaque étape
Une fois toutes ses idées passées au crible, les propositions atteignaient le chiffre de 350, autant dire que les votants allaient avoir le choix.
Pour cette nouvelle étape, le département poursuivait son accompagnement auprès des porteurs de projets (et son animation sur le terrain) « Nous les avons aidés à présenter les projets sur un même format - titre, description, lieu, montant - et nous avons mis à leur disposition des outils de communication pour qu’ils puissent en faire eux-mêmes la promotion » raconte notre interlocutrice.
Puis est venu en en juillet dernier le moment du vote ; la participation a atteint près de 35 000 votants. Rappelons que le Gers recense plus de 180 000 habitants ce qui fait que près de 20 % des habitants ont participé à cette grande première. « Nous avons veillé et contrôlé les votes pour que les votants ne puissent participer qu’une seule fois. Ils l’ont fait pour près de 20 000 par Internet tandis que les autres préféraient s'exprimer à partir des urnes disposées sur les communes.
Au final, ce sont 36 projets qui ont été retenus sur l’édition 2018 et qui seront mis en œuvre prochainement après toutes les démarches administratives réglées (vote des budgets, signature des conventions avec les porteurs de projets…). Mais d’ores et déjà la borne musicale qui faisait partie des projets lauréats vient d’être inaugurée dans une maison de retraite ; d’autres réalisations sont à suivre : une micro-crèche, un musée de plantes sauvages, l’amélioration du son dans une salle de concert…
De la démocratie participative à la démocratie coopérative demain
Dans le même temps, la deuxième édition pour l’année 2019 est lancée avec optimisme mais aussi réalisme « Le budget participatif n’a pas encore atteint sa maturité pour nous indiquer si cette nouvelle forme de construction de la politique publique est à poursuivre mais on peut dire que la première édition est encourageante. Bien sûr on ne va pas tout régler avec la mise en place du budget participatif, très vite nous aurons à aller plus loin comme l’a évoqué le Président, en passant d’une démocratie participative à une politique coopérative » conclut la directrice du Service.
Entre nous :
> Grande satisfaction : "la mobilisation et l’enthousiasme des habitants. Les habitants se sont rencontrés, ont parlé entre eux. Même ceux qui n’ont pas été lauréat ils ont pu faire connaître leur projet ou plus simplement leur structure.”
> Solutions à trouver prochainement ? « Il faudra rester vigilant pour que la participation ne s’essouffle. Nous serons encore très présent dans cette 2e édition sur le terrain, les marchés…»
Pour les plus curieux : https://budgetparticipatif.gers.fr