Ponsan-Soubiran 32
Après un master Science Po « option communication et gestion évènementielle » en poche, suivie d’une expérience positive dans le secteur culturel de près de 2 ans, Mayalène réoriente sa vie professionnelle. Retour à la ruralité avec un projet « plein de sens » qui la mènera demain à être productrice de plantes aromatiques et médicinales en bio.
Voici quelques mois Mayalène Roussel a décidé de se lancer dans un projet de production de plantes aromatiques et médicinales en bio à Ponsan-Soubiran (Gers) et d’en assurer la transformation en réalisant tisanes, cosmétiques, huiles essentielles. Un projet qui s’est imposé comme une évidence alors que le chemin parcouru jusque-là, devait la mener à accomplir sa profession dans le secteur de l’évènementiel. « Si je suis fille d’agriculteurs, je n’étais pas, enfant, celle qui allait dans les champs avec papa. J’ai même fui le milieu agricole. J’avais envie d’aller étudier et vivre à la ville. C’est ce que j’ai fait. J’ai fait les études que je souhaitais et mon expérience professionnelle dans le secteur évènementiel après mon master Science Po a été positive. Le seul problème c’est que je ne m’y sentais pas à ma place, pas utile et je me posais la question sur ce qui avait du sens pour moi… Quand revenir à la campagne m’a semblé alors naturel. Je suis de cette génération qui se réoriente très tôt après une immersion non satisfaisante dans la vie active».
Un retour à la case départ … ?
Un retour à la case départ pour cette jeune de 24 ans ? Ce n’est pas ainsi que le voit notre interlocutrice. Son projet s’est construit autour de ce qu’elle avait déjà initié sans en connaître la finalité alors qu’elle vivait encore en Belgique « Ma réflexion s’est élaborée sur des sensibilités que j’avais, dans le cadre notamment de woofing (immersion dans le monde agricole bio en travaillant et vivant sur des fermes) et plus particulièrement celui en Colombie qui m’a permis de connaître les plantes aromatiques et leur transformation».
La chance d’avoir des parents agriculteurs
Depuis son arrivée l’été dernier à la ferme familiale, notre porteuse de projet a trouvé un travail à mi-temps, a démarré une formation d’herbaliste* sur 3 ans, dispensée à Thèbe dans les Hautes-Pyrénées, soit à une heure de chez elle, dans une antenne de l’école des plantes médicinales de Lyon (référence en la matière, 40 ans d’existence) qui lui apportera des connaissances approfondies des plantes médicinales et des produits naturels.
A côté de sa formation, elle s’est déjà lancée dans son métier d’agricultrice. «Je ne cache pas la chance que j’ai dans mon projet d’avoir des parents agriculteurs. J’ai pu bénéficier d’un demi-hectare de terre en bio qui m’ont permis de faire ce printemps des semis et je pourrai avoir à ma disposition un local pour le séchage et la fabrication plus tard de cosmétiques et de savons. C’est un démarrage. Je m’exerce aussi en ce moment à la cueillette sauvage ».
« … Rien pour moi n’a autant de sens que ce que je fais aujourd’hui »
Pour son installation, Mayalène s’est rapprochée voici quelque temps de l’ADEAR du Gers (Associations pour le développement de l’emploi agricole et rural). Elle y trouve un soutien dans son projet, des conseils, de l’aide sur le plan administratif et comptable mais aussi la connaissance d’un réseau.
A lire ce récit très positif, plein d’enthousiasme, qui ne serait pas tenté de poser la question à notre jeune agricultrice : peut-on vivre avec ce type de production ? La réponse est là aussi claire et sans ambiguïté « Je n’ai pas encore fait le calcul de la surface de production nécessaire. J’aimerais pouvoir dégager un SMIC d’ici 3 ans. Je n’en suis qu’au début, j’ai des tests de mise au marché en cours, une communication à mettre en place… Ce que je sais c’est que cette filière offre des débouchés lorsque j’en parle avec les professionnels, que c’est une activité certes physique et qui demande du temps, avec des journées longues mais tous les matins je suis motivée, contente et rien pour moi n’a autant de sens que ce que je fais aujourd’hui ».
*le diplôme d’herboriste ayant été supprimé en 1941 par Pétain, certainement pour laisser les mains libres à l’industrie pharmaceutique dans ce domaine. Le terme Herbaliste lui a été substitué si on peut dire.
Une discussion est en cours au sénat pour reconnaître le métier et donner le droit aux herboristes de conseiller et vendre plus librement. Une pétition circule également à ce sujet pour réhabiliter le métier d’herboriste.
Entre nous :
> Grande satisfaction : «Me sentir à ma place, être autonome dans mon travail»
> Solutions à trouver prochainement ? «Je pense que cela va être de trouver de nouveaux réseaux de vente, il va falloir innover en matière de canaux locaux de vente».
Quelle incidence a sur votre projet la crise sanitaire actuelle ? «J’ai dû arrêter le travail que j’avais a mi-temps. Je consacre 100 % de mon temps à mon projet. Et je sais d’ores et déjà que cela ne va pas être la bonne année pour commercialiser … Quoique ? Ce qui arrive va peut-être amener les gens à se tourner vers ce type de produits…».
Pour les plus curieux :
https://www.instagram.com/lherboristerieboheme - https://www.facebook.com/lherboristeriebohemetisanes
Je m’engage à apporter mon expérience sur un projet similaire :
Mayalène Roussel - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.