Losse 40
Une ancienne maison du XVIIIe, la seule du village dans les années 60 avec une télévision qui accueillait les habitants pour des soirées autour de l’écran… Soixante ans plus tard, ce même lieu réinvente l’accueil et le partage à partir de la nature. Il permet de s’y nourrir, d’y séjourner, de s’y former, de s’y retrouver lors des «hèstas » et bien d’autres choses …
Reposer, s’accroupir, faire reposer, c’est la traduction du mot patois « Atyoula » qui a donné le nom de l’écolieu à Losse dans les Landes et plus précisément dans les Petites-Landes, à l’est du département. « Ce mot traduit pleinement l’attitude du jardinier et sa volonté d’une intégration harmonieuse dans son environnement afin qu’il puisse en retirer ce qui lui est nécessaire, la nourriture, l’énergie, le logement, ou plus généralement le minimum dont il a besoin matériellement pour vivre de manière soutenable selon les principes de la permaculture » précise Romain Jorda à l’origine de ce projet, petit-fils du propriétaire des lieux et qui a bien conscience d’être un privilégié.
Chaque élément est rempli de multiples éléments…
A Atyoula, on réfléchit et on travaille en permaculture depuis 2016. Le jardin vivrier et durable, d’une surface aujourd’hui de 460 m2, en forme de mandala (mot sanskrit qui signifie cercle) en a été le point de départ. Conçu selon une forme circulaire il procure une meilleure répartition de l’eau sur les végétaux et un cadre de travail plus agréable. « C’est la pièce maîtresse qui a nécessité beaucoup de temps de réflexion. Au cours de ma formation en agriculture bio en Sologne, on l’a conçu à partir de dessins, puis de plans. Chaque élément est rempli de multiples éléments qui remplissent multiples fonctions… Et à partir de là, on a pensé maraîchage, agroforesterie, verger… Outil pédagogique, land art, avec dès le départ l’objectif que ce lieu de cultures soit aussi un lieu culturel.» précise Romain.
« …Cet espace est le fruit du travail, du travail et du travail… »
Les jardins d'Atyoula ont été créé, sous forme associative, voici un peu plus de 4 ans, à la force du poignet par un groupe de copains aux formations diverses en relation avec la nature, qui se sont connus dans des écolieux et qui partageaient les mêmes valeurs à propos de l’humain, de la terre, du soin porté à celle-ci afin de ne pas épuiser les écosystèmes et en pensant à une distribution équitable du surplus. « Cet espace est le fruit du travail, du travail et du travail … On a dû clôturer le lieu, réaliser des mares pour avoir de l’eau, faire le poulailler, les hébergements bien que 2 chambres d’hôtes existaient déjà. Le jardin étant sablonneux, caractéristique des Landes, il a fallu créer le sol, et donc y apporter des matières carbonées pour produire de l’humus. On a tout mené de front avec les copains de l’association et les woofers* sans oublier la culture. On était souvent 15 autour de la table, et bien sûr on se nourrissait sur le jardin plutôt que de vendre la production maraichère. » précise Romain, chargé de l’accueil depuis cette année, mais aussi témoin et communiquant de l’association.
Le travail accomplit est encore fortement présent sur l’écolieu au quotidien. Il est une constante dans le discours de Romain lors de l’entretien. Lui, l’ancien skateboarder Pro reconverti, voit à travers celui-ci l’obtention de la crédibilité, d’un gage de sérieux ce qui est désormais le cas. « On vient acheter nos produits à la ferme, on fait des animations découvertes pour les écoles, on a des artistes en résidence, deux chambres d’hôtes. On fait des hèstas, -des fêtes en patois-, sortes de guinguette et je dirais que tout cela s’est presque fait par le bouche-à-oreille. Nous sommes visibles dans le village et au-delà. Si on vise l’autonomie, on ne vise pas l’autarcie. Au niveau institutionnel aussi, la reconnaissance est là.»
« … Un militantisme pratique avec des principes, des solutions… »
En constante évolution, l’écolieu devrait évoluer en matière de culture et d’évènements prochainement, grâce à l’arrivée de Maya Roch voici deux ans, compagne de Romain et qui a donné naissance à leur bébé il y a quelques mois. « Maya est technicienne lumières et bénévole au sein de l’asso. Le projet culturel devrait s’affirmer si le contexte le permet. Dans le cas contraire, ce serait le jardin qui prendrait notre temps. Notre fil conducteur aujourd’hui, ce sont les saisons, le jour et la nuit, aller au jardin, ouvrir les poules… Le travail sans cesse, mais ne pas s’essouffler et surtout ne jamais lâcher. C’est un militantisme pratique avec des principes, des solutions. On ne récolte que ce que l’on sème » conclut notre interlocuteur en lâchant dans un large sourire et qui semble une évidence : « On est heureux ».
* Bénévole –nourrit et logé- sur des fermes biologiques.
> Grande satisfaction : « On récolte ce que l’on sème.»
> Solutions à trouver prochainement ? « Récolter ce que l’on sème… cela peut-être aussi faire naître un problème. On a beau anticipé le facteur humain, les humeurs… Ce n’est pas toujours facile même si on veut rester toujours à l’écoute…»
Je m’engage à apporter mon expérience sur un projet similaire : Romain Jorda - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Pour les plus curieux : https://www.ecolieuatyoula.com