Vézac | 24
Pensant à sa retraite, un agriculteur achète un moulin, le restaure pour y habiter. Apprenant qu’il serait en état de fonctionner, il se lance dans l’aventure. Le meunier imagine une fabrication de croisière quand, au mois de mars dernier la pénurie de farine arrive. Le moulin devient alors une affaire de famille pour une clientèle locale.
Agriculteur dans le Périgord à quelques années de la retraite, Élie Coustaty laisse sa ferme, qui est devenue un gîte renommé, à ses enfants et fait le choix d’acquérir un moulin à eau en 1994 pour en faire sa nouvelle habitation avec son épouse.
Un Moulin à eau du XIVe siècle propriété de l’Évêque de Sarlat
Le moulin de Vézac va être ainsi l’occasion de démarrer pour ce quinquagénaire une nouvelle aventure qui va s’amorcer par la restauration du lieu et la connaissance de l’histoire : « Le Moulin à eau du XIVe siècle appartenait à l’évêché de Sarlat (6 km de Vézac). C’était un moulin banal, l’évêque imposait ainsi l'usage de son moulin et
percevait une redevance sur cet usage et cela sur un rayon de 25 km environ .On avait obligation de venir faire moudre son grain ici. Situé comme tous au bord de la route on y venait avec son âne, que l’on attachait devant à une pierre toujours là. Le moulin dispose d’un droit inaliénable d’accès à l’eau. En consultant les archives, j’ai pris conscience de la richesse du passé de ce lieu » raconte notre interlocuteur désormais intarissable sur son histoire.
Les meules en silex tournent
Le propriétaire des lieux va ainsi se consacrer pendant près de 20 ans à la restauration du moulin et va aussi découvrir l’autre facette de son achat « Il avait cessé de fonctionner après 1945, mais le président des amis des moulins de l’époque m’a dit qu’il pouvait fonctionner et avec son aide, j’ai voulu me lancer » raconte Élie Coustaty .
Les meules en silex, provenant de Domme (à quelques km de là) se mettent alors à tourner en 2016 et le nouveau meunier prend goût à son nouveau métier. Chaque semaine, une vingtaine de kilo de céréales bio, de variétés anciennes, de petite épeautre… sont moulus.
S’il régale les clients locaux qui font leur pain et leur pâtisserie, l’homme joue le jeu, porte les habits de meunier et le fait visiter aux enfants des écoles.
Mars 2020 : « j’ai dû mobiliser la famille »
Mars 2020, la farine se met à manquer sur les étals des grands magasins, c’est alors qu’Élie Coustaty va passer à la vitesse supérieure. « J’avais testé déjà le matériel, on pouvait faire 30 kg à l’heure. Les clients étaient nombreux et j’ai dû mobiliser la famille, ma fille et mon gendre, mon épouse pour mettre en sachet. Je pensais qu’il s’agissait d’un moment avec l’espoir que quelques nouvelles habitudes se prendraient mais sans plus… »
« … Être utile au territoire, participer à l’évolution de l’agriculture »https://www.facebook.com/lemoulindeleveque/
Aujourd’hui, la production n’a toujours pas baissé, elle augmenterait plutôt. Surpris dernièrement d’avoir une commande où il pensait que son interlocuteur s’était trompé d’une dizaine dans son calcul : « On n’a pas l’objectif de devenir une grande entreprise, mais d’être utile au territoire, de participer à l’évolution de l’agriculture. Nous travaillons avec six agriculteurs et agricultrices, pour l’essentiel des jeunes, qui ont compris la nécessité d’aller vers le bio, ils sont formidables. Ils se rendent compte qu’avec un rendement bien moindre, ils peuvent gagner autant. La rotation des cultures est bien sûr un bienfait pour la terre » précise l’ancien agriculteur.
Le chemin des meuniers à découvrir…
Désormais aux mains de sa famille, le moulin tourne plus vite, à un rythme de 150 kg de farine par jour. Notre meunier, quant à lui, a choisi à 90 ans de se tourner plus particulièrement vers l’accueil des visiteurs, petits et grands. Une nouvelle façon de poursuivre l’aventure. « Pour valoriser le patrimoine meulier, nous avons créé avec l’association des moulins le chemin des meuniers. On peut ainsi visiter gratuitement tous les moulins que l’on rencontre. Une trentaine existe à ce jour sur le département, les randonnées font entre 6 et 12 km. D’autres sont à venir, il faut penser qu’en Dordogne il y a eu jusqu’à 2800 moulins »
Les Trois coups ! selon Élie Coustaty
> Coup de chapeau : « A celui qui m’a dit que je pouvais le faire fonctionner , qui connaissait le moulin, l’ancien Président de l’association des Amis des Moulins (APAM) et qui a ainsi initié une belle aventure.»
> Coup de main : « S’il y a des personnes qui possèdent un moulin, l’association est aussi là pour aller les voir, les aider, leur donner des conseils.»
> Coup de projecteur : « Aux agriculteurs qui se lancent avec la volonté de préserver l’environnement. Je pense à Marielle Labasse qui a repris la ferme de son père à Pressignac Vicq, productrice de petit épeautre en bio et à d’autres aussi. C’est encourageant… »
Pour les plus curieux : le moulin de l'Evêque Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. Site : www.moulindeleveque.com - Facebook : https://www.facebook.com/lemoulindeleveque
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