Bayonne | 64

S’appuyant sur un territoire, son histoire, la monnaie complémentaire locale permettrait-elle de changer de comportement, de passer à l’action localement, sans presque s’en rendre compte ? Nommée outil social, elle est au Pays Basque en progression constante, aidée depuis quelque temps par sa version numérique.


Lancé  en janvier 2013,  l’eusko, monnaie locale complémentaire du Pays Basque  circule aujourd’hui sur l’ensemble du territoire du Pays Basque nord. On  compte parmi ses adhérents, la communauté d’Agglomération Pays Basque comprenant  158 communes ( soit l’ensemble des communes du Pays Basque français à quelques exceptions près). Parmi elles, 33 communes dont Bayonne, Espelette, Hasparren, La Bastide-Clairence ont adhéré  directement à la monnaie locale.   À cela, il faut ajouter  plus de 2000 utilisateurs particuliers qui  ont ouvert un compte eusko et  1200 commerçants, artisans, associations et paysans qui acceptent des paiements par billets, par carte ou avec l’application.


« On crée les outils dont on a besoin… »
« On a fêté le premier million d’eusko lors du 2e Tour Alternatiba en 2018. Aujourd’hui, on est près des  3  millions.  L’objectif n’est pas quantitatif, l’idée est d’avoir un bon rythme de mobilisation. Comme on a l’habitude  de le dire au Pays Basque, on crée les outils dont on a besoin. Cela  a été le cas de la chambre d’agriculture alternative, des écoles de langues basques… Et l’eusko en fait partie. Il permet de sensibiliser à la transition écologique mais aussi économiquement d’avoir un pouvoir sur la  relocalisation. » raconte Dante Edme-Sanjurjo, qui a œuvré  en collaboration avec le mouvement écologiste Bizi ! à la  création de la monnaie et qui  aujourd’hui dirige l’équipe Euskal Moneta (association gérant la monnaie locale).

La circulation de l’eusko…
En quelques mots, notre interlocuteur se voulant pragmatique, explique par l’exemple la circulation de l’eusko et son impact sur le territoire :  « Lorsque mon charcutier a adhéré à l’eusko, je me suis servi chez lui… Il a  alors  fidélisé un client.  Et quelque temps après,  il  proposait des produits d’une conserverie locale qui emploie des personnes du territoire. Et pour cela, il a  réglé en monnaie locale. Avec l’eusko, on passe à l’action. C’est un acte qui agit de suite sur et pour un collectif   » poursuit notre interlocuteur.

Comment cela fonctionne-t-il ?
Sur le territoire, l’eusko circule sous la forme de  billets, par carte bancaire ou avec  l’application euskopay, si vous avez ouvert un compte.  Chaque euro converti en eusko est placé dans deux banques écologiquement et socialement responsables (La Nef ou le Crédit coopératif).
Tout utilisateur de la monnaie locale est adhérent (24 €/an) à Euskal Moneta. L’eusko est reconvertible en euro pour les professionnels, avec des frais de commission de 5 % du montant changé qui servira à financer la vie associative locale  pour 3% (soit 50 000 euros en 2021 ) selon le choix de l’adhérent ; le restant assurera le fonctionnement de l’association. Chaque transaction initie un cercle vertueux qui participe très concrètement à relocaliser les échanges.


« …La monnaie est un outil social… »
 «Ce sont tous les habitants d’un territoire défini au préalable  qui sont concernés avec l’eusko. La monnaie est un outil social car il touche à tous les aspects de la vie en société. Et à ce titre-là, il peut amener le changement de comportements. La transition se fera avec les gens les moins convaincus aujourd’hui et l'eusko amène à réfléchir sur ses pratiques. Quand on a compris que cette monnaie reste sur le territoire et qu’elle bénéficie à ses habitants, en tant que consommateur, mais aussi en tant agriculteurs, commerçants… je pense que cela participe à décloisonner la société.  Et les mots  relocaliser l’économie, renforcer le territoire, sont ici une réalité ».

Une monnaie en phase avec son territoire
L’eusko  se veut aussi participer à la promotion de la langue basque. Ainsi, chaque commerçant , qu’il parle basque ou non, rejoignant le réseau eusko, bénéficie d’un autocollant en basque  posé sur les vitrines où il est indiqué «  Hemen euskoz ordaindu » ( “Ici, payez  en eusko”). Pour Dante Edme-Sanjurjo le lien à la langue était une évidence : « La langue basque est au coeur du projet de l'eusko depuis sa création. Une monnaie locale  prend en compte un territoire bien défini, son histoire,  son économie locale avec ses forces et ses faiblesses et sa culture. Le projet doit être en phase avec les habitants qui vont l’utiliser pour devenir une réalité.»

•    Alternatiba regroupe des citoyennes et citoyens engagés face à l’urgence climatique dans la promotion et la mise en place d’alternatives concrètes.

 


Les Trois coups ! Selon Dante Edme-Sanjurjo






> Coup de chapeau :  « À ceux qui animent l’eusko, ensemble du collectif, les salariés mais  les  bénévoles qui sont très actifs et indispensables dans ce projet.»


> Coup de main : « Bienvenue à ceux qui souhaitent rejoindre l’association pour continuer à diffuser l’information sur la monnaie. On souhaiterait être plus présent dans les quartiers populaires.»


> Coup de projecteur: « sur la chambre d’agriculture alternative du Pays Basque qui promeut une agriculture   paysanne   avec les acteurs locaux et les collectivités locales.»

 

Pour les plus curieux :  Euskal moneta : https://www.euskalmoneta.org/

                                      Institut des monnaies locales  : https://institut-des-monnaies-locales.org/

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REDACTION

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