Aire-sur-l’Adour | 40

Depuis deux ans, des réfugiés sont formés à la viticulture en Madiran,Tursan et Coteaux de Gascogne avec l’objectif d’une embauche. Une opération où tout le monde est gagnant, car le secteur viticole est en manque de bras. Centre d’accueil pour demandeurs d’asile, organisme de formation et employeurs réussissent ici un beau partenariat en voie de pérennisation. Notre guide pour le récit de cette aventure est agriculteur, mais aussi le formateur auprès de ces réfugiés.

Afin d’accompagner les réfugiés vers l’insertion sociale et professionnelle  et de faire diminuer leur  nombre en ville, des actions ont vu le jour  en  campagnes et plus précisément dans  le secteur viticole. Ainsi en 2021, après avoir été sélectionnés, pour connaître leur motivation, huit  réfugiés issus de la région parisienne sont arrivés  à Aire-sur-l’Adour.  « Le partenariat mis en place permet d’assurer un accueil avec  un logement, ce qui est primordial et possible avec le COS de Mont de Marsan, de proposer une formation aux métiers de  la viticulture  dans le cadre de la Maison familiale et rurale* (MFR) d’Aire-sur-l’Adour,  située aux abords des régions viticoles de Madiran, Tursan et des Coteaux de Gascogne  et de trouver des entreprises de stages qui soient susceptibles de les embaucher » précise  Joël Manaud, ancien administrateur de la MFR et aujourd’hui l’un de ses formateurs.

« … On est donc parti d’un besoin local. »
Lors de la première année, les réfugiés venus d’Afghanistan, pour la très grande majorité, sont arrivés début décembre. Les travaux des  vignes  étant importants à cette période-là cela représentait un atout pour la viticulture. «  Les entreprises font déjà appel depuis des années à  de la main-d’œuvre étrangère, il y a un réel besoin ici pour aujourd’hui et dans les années à venir, je pense. On est donc parti d’un besoin local. La formation  permet d’apprendre tous les travaux de la vigne, de la taille  à la vendange. Même s’ils ont des cours de français avec ma collègue, au début la langue est un frein,  mais au final cela va très vite. Je fais attention à  répéter les mots techniques essentiels pendant les démonstrations et ils sont très attentifs, ça fonctionne bien » confie Joël Manaud.


Formation en alternance au départ
Ainsi, durant 3 mois les réfugiés sont en apprentissage auprès de la MFR  comprenant des stages en entreprise, premier pied à l’étrier pour ensuite aller vers l’entreprise  qui  les recevra pendant 8 mois  dans le cadre d’une formation : « C’est une sorte de contrat professionnel que l’on met en place avec l’entreprise avec, au bout, une embauche prévue » précise celui qui est le relais  entre les réfugiés et l’entreprise.


Stage et embauche pour objectif
Trouver un stage, suivi d’une embauche n’est pas la principale difficulté quel que soit le pays d’où l’on vient  ou sa religion : «  Les employeurs ont des besoins, et leur question principale est toujours la même - est-ce qu’ils ont envie de travailler ? - Et là, je peux les rassurer. Leur envie d’avoir un travail, de le faire  bien, d’avoir un salaire pour en envoyer une partie à leur famille, sont leurs motivations. À nous par contre, formateur et employeur, de faire que les personnes demain exercent le travail pour lequel elles ont été formées, autrement cela ne peut pas marcher » souligne notre interlocuteur qui est aussi un agriculteur installé en bio.


La question de la mobilité…
Situés à une trentaine de kilomètres d’Aire-sur-l’Adour, la cave des vignerons landais à Geaune, la cave coopérative de  Crouseille font partie de ceux qui ont accueilli ces premiers réfugiés. Souvent frein à la venue des réfugiés en campagne la question de la mobilité fait sourire Joël Manaud : « La solution, elle est simple.  Ils ont passé leur BSR, qui permet de conduire un scooter et là pas de problème. On a fait ensemble le parcours deux fois vers l’entreprise et cela a suffi. Ils ont une capacité à se repérer, à se débrouiller seul, quelle que soit la situation, c’est évident… et si non leur portable les y aide aussi ».


Une formation  qui ne demande qu’à être pérennisé
Pour notre interlocuteur, ce  type de formation qui a fait ses preuves, devrait se pérenniser au regard d’une région qui a besoin de travailleurs,  et de réfugiés qui peuvent trouver   dans la région un emploi.  « Sur les 8 réfugiés de l’an dernier, il y a eu  8 embauches dont 7 en CDI et une en CDD. Avec  une bonne orientation au départ, faite sur les  motivations des réfugiés avant qu’ils arrivent ici et notre travail, qui consiste à trouver après la formation, l’entreprise qui assurera l’embauche, je suis confiant, d’autant que nous avons un bon réseau sur lequel s’appuyer ».



Les trois coups ! Selon Joël Manaud  



> Coup de chapeau : « Au trio que forme le COS, la Maison familiale et rurale et les entreprises qui ont embauché  les réfugiés. C’est un véritable partenariat gagnant qui s’est constitué ».

> Coup de main : « L’appui des élus  est fortement nécessaire afin d’avoir les financements. Quand je vois l’apport économique que cela peut représenter, il ne s’agit plus  d’un coût, mais d’un investissement pour une région. »

> Coup de projecteur : « À des livres importants pour moi comme -Le printemps silencieux- de Rachel Carlson et -les faiseurs de pluie - de Christophe Masutti. On n’est plus le même homme après la lecture de ces livres… »


*Le COS (Centre provisoire d’Hébergement)  Landes à Mont de Marsan constitue un dispositif destiné à héberger et à préparer l’intégration des personnes reconnues refugiées.
** La MFR est un établissement scolaire privé sous contrat avec le ministère de l'agriculture dispensant des formations par Aletrnance  dans les domaines de l'orientation, de l'agriculture et des services aux personnes.


Plus d'info : Maison familiale et rurale (MFR) d’Aire-sur-l’Adour : http://www.mfr-aire.fr/


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REDACTION

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