Assat, Meillon, Rontignon, Lescar… | 64
Quand l’approvisionnement maraicher urbain se conjugue avec transition et renouvellement des générations en agriculture… C’est ici une ceinture de couleur verte qui se déroule autour d’une agglomération. Mis en place en 2020, le dispositif a permis la création de 8 exploitations et l’installation de 6 maraîcher(e)s en bio. Si l’aventure s’inscrit dans un processus long, le démarrage est prometteur…
Fort du constat que l’approvisionnement des villes en local est une problématique qui renvoie à une problématique de coût d‘installation, prohibitif pour un agriculteur qui s’installe hors cadre familial (= installation sur exploitation n’appartenant pas à sa famille), un groupe de personnes issues et non issues du secteur agricole a élaboré une réponse concrète. « C’est l’histoire de rencontres et d’affinités qui a permis à ce projet de voir le jour entre les deux co-fondateurs, des particuliers.Ils ont su se rapprocher d’ un élu, le maire de Meillon, puis s’entourer d’agriculteurs, d’entreprises, de structures agricoles et d’une collectivité locale, l’agglo de Pau, indispensables pour le montage de ce type de projet réalisé sous le statut d’une SCIC » raconte Doris Robert, ancienne salariée du secteur agricole et –Directrice générale de la coopérative Ceinture Verte Pays de Béarn depuis sa création.
Les trois piliers du projet
La SCIC Ceinture Verte Pays de Béarn est née en 2020 et réunit à ce jour un capital social de 443 000 €. L’objectif d’ici 7 ans, satisfaire 10% de la consommation en légumes frais, bios et locaux des habitants de l’agglomération de Pau en accompagnant l’installation de nouveaux producteurs en maraîchage. « Notre projet s’est élaboré sur 3 piliers, la construction juridique, le recrutement des maraîchers et l’acquisition des premières parcelles qui a démarré à Meillon, commune historiquement maraîchère, qui connaissait la problématique de l’accès au foncier pour des agriculteurs voulant s’installer hors cadre familial.»
La ceinture verte* propose ainsi à tout maraîcher(e), ayant une expérience et désireux de s’installer, une surface de 2 hectares, un bâtiment agricole, des serres sur 1500 m2, un tunnel de stockage et un réseau d’irrigation ainsi qu’un accompagnement techno-économique pendant 3 ans, le maraîcher en contrepartie signe un bail rural de carrière et sera donc un locataire vis à vis de la coopérative dont il est coopérateur : « On a couplé dans ce dispositif sécurité et souplesse, en favorisant l’accompagnement à travers la mise à disposition d’une technicienne et d’un maraîcher tuteur qui intervient de façon régulière sur l’exploitation. Le maraîcher est chef d’exploitation, indépendant, locataire, jusqu’à son départ à la retraite présumé, mais il peut rompre le bail à tout moment ».
En deux ans, 8 exploitations bio ont vu le jour…
La location maraîchère a commencé en septembre 2020 sur la commune de Meillon, soit 6 mois après la création de la SCIC, pour ensuite s’ouvrir à d’autres communes : Assat, Denguin, Lescar, Rontignon… En deux ans, 8 exploitations ont vu le jour, 6 maraicher(e) se sont installés en bio dont la moitié sont des femmes créant aussi deux emplois à temps partiel (en association ou en salariat) avec une distribution essentiellement à la ferme, par le biais des AMAP, ou de marchés locaux.
« …Nous avançons là où il y a une volonté de faire… »
« Le développement de la coopérative se fait en co-constrution, selon les contacts : à la demande d’une commune ayant du foncier, à la demande d’un agriculteur, comme dernièrement à Sus, près de Navarrenx, à l’ouest de Pau. Ce dernier souhaite céder 6 hectares pour du maraichage. Nous avançons là où il y a une volonté de faire, en regardant les possibilités aussi à consolider nos acquis.»
La ceinture verte « se déroulant » vers le nord-est de Pau, amène à poser la question sur le périmètre d’intervention de la coopérative.
Penser local … Mais à quelle échelle pour votre SCIC ? …
« La SCIC inscrit son action originelle à l’échelle de l’agglomération paloise, soit 150 000 habitants pour une distribution courte de 10 à 20 kilomètres. Pour l’optimisation des petites fermes maraichères à forte valeur ajoutée, la ferme viable est celle qui prend en compte tous les paramètres de son exploitation. La proximité pour la vente en est un déterminant. En allant à Sus à 40 mn de Pau, nous changeons d’échelle, mais il s’agit de poursuivre la dynamique agricole, d’aller vers des zones qui ont un potentiel maraicher et de faciliter l’installation d’agriculteurs sur une zone, d’autant que la distribution passera en partie par les halles de Pau, forte attraction commerciale. La notion de ceinture est une image dont la réalité consiste à relocaliser la production alimentaire bio et le recours aux circuits courts autour de pôles urbains.»
Vers une diversification de l‘activité de la SCIC
Pour stimuler la vente des produits bio et locaux, la coopérative mène en parallèle un projet de distribution alimentaire à travers l’opération « les casiers Béarnais » qui seront des points de vente en libre-service sur l’agglo pour un consommateur pressé, peu disponible pour adhérer à une AMAP. « Légumes, viandes, produits laitiers… seront proposés par une trentaine de producteurs bio et aux consommateurs qui pourront se rendre sur ces points de vente, à n’importe quelle heure, soit après avoir fait leur sélection de produits par Internet, soit pour récupérer un panier composé de légumes, fruits… pour un montant de 20 € ». La distribution est prévue fin 2023, début 2024.
* SCIC Ceinture Verte : fait partie d’un groupe coopératif comprenant 8 structures aujourd’hui en France dont les premières coopératives sont nées à Pau et à Valence-Romans.
Les trois coups ! Selon Doris Robert
> Coup de chapeau : « aux maraichers et maraichères. C’est leur coopérative qui se construit, ils souscrivent des parts sociales en entrant dans la SCIC. L’objectif à terme est que le collège des producteurs soit majoritaire.»
> Coup de main : « On a besoin des consommateurs, de leur soutien… C’est eux qui donnent le tempo aussi quant à notre développement sur le territoire. De notre côté, on peut aussi aider des installations hors cadre SCIC… »
> Coup de projecteur : « Un peu prise de court… en tant que jeune maman, je propose «Brocolis, sardines et spaghetti » de Manon Brzostek le bouquin que je lis et qui ouvre des horizons sur l’alimentation que l’on peut proposer à son enfant quand arrive la période de la diversification alimentaire. Il y a des conseils et astuces pour concilier plaisir de la découverte gustative, la texture, l’odeur… Une formidable découverte qui répond au final à notre sujet …»
En savoir plus :
En savoir plus : Ceinture Verte Pau Béarn Pyrénées : https://www.laceintureverte.fr/pays-de-bearn
Ceinture verte : https://www.laceintureverte.fr/