Audignon | 40

A partir de la restauration d’un moulin à eau pour y faire son habitat, comment un couple réinterroge le passé pour s’en inspirer et trouver des solutions d’avenir avec une empreinte carbone moindre ? Si le chemin de l’autosuffisance est choisi, il ne signifie pas pour autant le repli sur soi, mais la volonté de montrer par l’exemple que cultiver son jardin est possible et peut susciter des vocations…

À Audignon « le moulin neuf »  possède une histoire remontant  au  XVIIIe siècle et  fait partie du patrimoine  landais, qui en a compté jusqu’à 700 sur le département dont deux sur cette même commune. À l’abandon depuis 2O ans, il a  séduit Nicolas et Céline, la quarantaine, désireux de s’installer en pleine nature au sein de la plus grande forêt d’Europe.  « Quand on achète un moulin à eau, on achète un ensemble de bâtiments. Il fallait avoir une vision d’avenir pour s’atteler à la restauration des toitures, de la charpente…  On a veillé à employer des matériaux naturels. L’isolation est à base de chanvre et les enduits sont  à la chaux. S’il y avait la volonté d’y habiter, l‘objectif était d’aller plus loin. Nous nous inscrivons dans ce  lieu en nous disant que nous sommes des passeurs, nous avons  un devoir de transmission»

De l’habitat aujourd’hui à la minoterie…  
À partir de  la restauration d’un patrimoine et bien que  membre de l’association des moulins des Landes (membre de la Fédération Française des Moulins), Nicolas  s’est  doté d’une mission que son métier de sociologue et d’historien exprime : « Il est important de prendre en compte une histoire collective, au regard des bras nécessaires pour sa construction, mais aussi des savoirs et des techniques impressionnants lorsque l’on voit les pierres du barrage pesant plus de deux tonnes. C’est aussi une vie du quotidien qui se révèle, le moulin était un maillon fondamental de la chaîne de transformation de l'aliment de base qui était le pain ».
… et l’hydroélectricité demain
S’il ne s’agit pas de devenir minotiers demain pour nos propriétaires, la volonté est de  redonner sa fonction première au moulin et de pouvoir y moudre le grain, d’autant que les sollicitations aux alentours  sont déjà là ; ici,  à travers une coopérative de producteurs bio en blé, là-bas pour des boulangers… : « Il y a  l’envie d’un côté, de l’ancrer dans son passé  pour  retrouver les bonnes choses au niveau alimentaire,  et de l’autre,  de l’orienter vers l’avenir en l’équipant de turbines pour produire de l’énergie. L’hydro-électricité étant aujourd’hui l’énergie la plus propre. Le but serait de produire au-delà de notre besoin et d’en faire bénéficier une centaine de foyers aux alentours uniquement pour l’éclairage. Je pense qu’aujourd’hui des élus locaux pourraient  être intéressés par la proposition.»

« Penser local pour un  moulin à eau, qu’est-ce que cela signifie ? »
« L’eau est un bien commun et bien évidemment il y a une prise en compte locale. C’est aussi un sujet qui sépare et qui réunit par rapport à la ressource.  L’eau qui coule, ce n’est pas notre eau,  c’est l’eau qui passe par le moulin.  Le barrage  qui permet d’alimenter le moulin à partir de la rivière du Gabas, un affluent de l’Adour  est aussi un réservoir d’eau, intéressant pour la faune, la flore, les agriculteurs, les pêcheurs. Une zone humide a pu être créée par le syndicat des rivières. Elle est également une frayère pour les poissons. L’eau est un élément qui a permis  de développer la vie, on se doit de la partager et d’y porter toute notre attention »  

… « être raccord avec notre modèle choisi de consommation. »
Dans ce lieu de vie choisi, en pleine nature, implanté sur 7 hectares non délimités, Nicolas et Céline souhaitent cultiver l’autosuffisance,  consommer avec conscience ce qui sera produit. « Et bien sûr, au préalable, réfléchir à notre besoin en énergie, d’où le choix d’un moulin qui s’appuie sur l’eau. On souhaite cultiver notre jardin comme le disait Voltaire,  sans pour cela parler de survivalisme. S’assurer que pour soi c’est possible et montrer que pour chacun ce serait possible, susciter ainsi des vocations   et partager les connaissances et les savoirs, chacun apportant sa graine  sur ce grand jardin en construction, afin d’être raccord avec notre modèle choisi de consommation » raconte avec le sourire celui qui se dit d’ici depuis qu’il a choisi d’y habiter et d’y vivre.


Les trois coups ! Selon Nicolas Hossard


> Coup de chapeau : « À ceux qui ont construit les moulins dans les siècles passés. Ils ont notamment réalisé un barrage dans un endroit inaccessible avec des blocs de pierre de 2 tonnes… Cela a été  à l’évidence l’affaire de nombreuses personnes du village.»




> Coup de main : «  À travers l’association  des moulins des Landes, on n’hésite pas à donner un coup de main, à prêter du matériel, aux amoureux des moulins… Il y a des compétences, des savoir-faire et une passion que l’on est prêt à partager.»





> Coup de projecteur : «  Je souhaite parler de  l’association  des riverains du Gabas  que nous avons créée et qui  permet d’avoir un droit de regard sur la rivière et être ainsi associés à des  réflexions avec les instances de l’eau. Cette association a aussi été créée  pour nettoyer les berges…  Alors je fais un appel à ceux qui souhaitent , comme nous, monter des expéditions de nettoyage en kayak. On a du matériel, des protocoles pour trouver des subventions… Vous pouvez nous contacter. »


En savoir plus : Nicolas Hossard    - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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REDACTION

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