Captieux | 33

Issus du monde de l’entreprise et ayant eu jeunes des relations compliquées avec l’école, ils créent voici huit ans une école associative, puis un tiers lieu pour accueillir un collège. L’idée initiale des trois co-fondateurs-trices est moins d’éduquer que de transmettre des valeurs humaines aux enfants et adolescents afin qu’ils puissent créer le monde de demain. Le droit à l’erreur pouvait commencer, celui de la réussite aussi…

Marc a  65 ans, Sophie et Morgane, la quarantaine quand leur rencontre a lieu.  Leurs  conversations nombreuses  sur la société les ramènent à chaque fois sur l’envie d’agir pour la  transmission des valeurs humaines.  « On a senti que sur ce thème, on pouvait  bâtir un projet.  On partait du principe que l’on n’avait pas grand-chose à apprendre aux autres, mais que l’on pouvait donner des outils pour construire demain et cela en créant une école » raconte Marc Milgram, trésorier et co-fondateur de la Chrysalide.


Réflexions autour  d’une micro-entreprise
Issus du monde l’entreprise, leur passé les  aide à monter ce qu’ils nomment  une micro-entreprise. Six mois sont nécessaires  pour recueillir des informations, aller à la rencontre des personnes sur les aspects non maîtrisés tels que la pédagogie,  la réglementation, afin de donner vie à ce projet : «  C’est une période intense, on n’avait pas à investir d’argent, mais du temps et c’est ce que l’on a fait, notamment en suivant des stages comme celui  sur la coopération avec Isabelle Peloux.»


« … ne pas rentrer dans un dogme »
Les trois cofondateurs-trices avancent ensemble dans un climat de confiance en ayant pour cadre le droit à l’erreur dans cette expérimentation. «  On voulait proposer une alternative au système éducatif existant, être à côté, mais pas contre, et donc ne pas rentrer dans un dogme. Le socle commun des compétences de l’Éducation Nationale est assuré avec, à côté, une forte sensibilisation aux  valeurs humaines, le respect, la coopération, la solidarité, la paix, le lien à la nature…  L’association ne nécessitant pas de fonds pour sa création, elle  s’est imposée à nous ainsi que l’affirmation de la laïcité.»


Des actions  coopératives pour baisser la participation individuelle
Le financement de l’école  -salaire des enseignants , intervenants et charges de fonctionnement- repose sur la participation aux frais de scolarité mensuels et aussi , originalité de l’association, sur  des actions coopératives menées par les parents  à travers des événements qu’ils mettent en place (conférences, festivals…)  venant ainsi réduire la part de la participation financière individuelle : «  Nous calculons au plus juste, sachant que nous avons bénéficié dès le départ d’un espace  mis à  disposition des enfants  dans  une ferme bio et que les travaux nécessaires ont été effectués grâce à un chantier participatif.»


2015-2023 l’aventure se développe…
Sans étude de marché, le projet  trouve son public facilement sur  une zone de 30 kilomètres au-delà de la commune (1500 hab.). La  première rentrée de la « Chrysalide » se déroule en 2015 avec 15 enfants de la maternelle au primaire :  « Je crois qu’on a profité d’un moment où des parents désiraient d’autres solutions pour leurs enfants, mais chacun  venant avec leur idée de l’école alternative, cela  nous amènera ensuite à être plus vigilants. Nous ne pouvions jouer les utopistes, il y a les réalités du terrain. Sans subvention, on ne peut  accueillir des enfants en grande difficulté, c’est une évidence ».
En huit ans, l’aventure s’est fortement développée. Quarante enfants ont été accueillis cette année  à l’école et un  collège hébergé par un tiers lieu a ouvert en 2021. Vingt jeunes  de 6ème  et 5ème  y suivent les cours. « L’idée du collège était présente depuis longtemps comme un prolongement naturel, mais  aussi une utopie. On avait l’objectif  d’associer sur un même lieu, l’éducatif et la formation. Le tiers lieu permettait  ce maillage constant et de pouvoir aussi aller chercher des subventions.»


La création d’un écosystème unique
La « Boussole »  a  ainsi ouvert en 2019 sous format associatif  dans une maison louée à  un bailleur social. Le tiers lieu  présente un café, une cantine solidaire, des bureaux partagés  à louer, et propose des activités diverses attenantes à l’éducation et la formation,  l’alimentation et un espace  jeunes (reconnu par la CAF). Quant au  collège,  accueilli  à la « Boussole »,  il dispose d’un  bâtiment à part tout en favorisant les rencontres : « Ce lieu est un écosystème vivant qui partage et se nourrit dans son environnement avec les acteurs  et partenaires du territoire. Chaque structure est en lien avec les autres dans un principe de soutien et de solidarité » précise Marc Milgram.


… « Et quelle est la part de l’écologie et du social dans votre projet ? »
« Elle est présente dès le départ du projet. De l’école au tiers lieu et au collège, tous ces lieux sont situés en pleine nature. Le lien avec la nature et le vivant y est développé. Côté social, nous avons mis en place  une cantine solidaire à la « Boussole » et nous avons aussi des apprentissages autour de l’alimentaire avec le tiers lieu en direction de tous les publics. On essaie de faire beaucoup de choses gratuites.»


Un essaimage à conjuguer avec  cohésion
Inscrite dans le projet pédagogique de l’école,  la volonté de favoriser l’essaimage a permis de créer aux alentours d’autres écoles alternatives. Aujourd’hui, on en compte  six dans un rayon de 40 km. «  C’est une très bonne chose sur le plan des idées, mais c’est un peu plus compliqué maintenant, on serait plus sur de la concurrence. Nous avons à  travailler ensemble pour jouer plus la cohésion. D’autant que notre structure comprend aujourd’hui de nombreux emplois qu’il faut veiller constamment à pérenniser.»

 

 



Les trois coups ! Selon  Marc Milgram


> Coup  de chapeau : « à la famille de la ferme Bio de Montbron, leur ouverture d’esprit.  Elle nous a  mis le pied à l’étrier en nous accueillant dès le départ et  continue à nous soutenir…»


> Coup de main : « Nous sommes des professionnels de la mendicité, nous allons chercher les subventions là où nous pouvons les trouver depuis notre ouverture. Les structures privées  ne bénéficiant d’aucune aide des institutions. Pour le bon équilibre, nous avons besoin d’un soutien financier ou d’augmenter nos effectifs  au collège de 5 ou 6 jeunes.»



> Coup de projecteur : « sur “la ferme des filles “  à Captieux, une belle  aventure de quatre femmes courageuses qui font du maraîchage, proposent des gîtes et font aussi auberge depuis quelque temps…  C’est un bel endroit que nous aimons faire connaître, d’ailleurs on avait visé initialement ce lieu  pour y faire notre école… »



 

En savoir plus :        https://ecolelachrysalide.org           -     https://laboussolecaptieux.fr

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REDACTION

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