Barbazan 31

De l’envie de reproduire un lieu de culture, de travail, d’approvisionnement local d’une grande ville dans son village d’enfance, rêve ou réalité ? Les idées fourmillent dans ce cerveau qui s’est lancé en solo dans l’aventure. Trois ans après, le tiers-lieu appartient à la réalité. Est ce pour autant viable ? L’esprit volontaire, l’engagement et les retours façonnent un oui qui demande à être encore soutenu.

Native de Barbazan (500 habitants), Géraldine Dutheil est revenue dans son village d’enfance à 45 ans pour créer  un lieu  culturel et novateur. C’est avec cette envie qu’elle quitte son travail dans les assurances vie, sa vie de citadine dont elle apprécie le mouvement, la culture, le côté high-tech.  « Mais en fait, j’avais envie de nature. Un événement familial a accéléré mon retour dans ce village où j’avais grandi, ou j’avais été conseillère municipale à 18 ans, où je m’étais aussi impliquée. Je voulais faire quelque chose pour la planète, nos enfants, que mon projet ait un impact. J’avais pour modèle l’éco-système Darwin à Bordeaux. Je voulais faire un mini-Darwin dans mon village.»

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« En vivant à Bordeaux, j’ai côtoyé le lieu alternatif de Darwin. C’est un endroit d’une grande richesse culturelle,  qui réunit une diversité d’activités, de personnes  et fait la part belle aux projets novateurs dont le  lycée alternatif Edgar Morin qui a pour  ambitionde préparer les élèves à devenir des citoyens, responsables, solidaires, créatifs… Et puis, ils ont créé le festival Climax avec un programme mêlant  invités, spectacles… sur une thématique. Et bien,  nous avons aussi depuis l’an dernier créé un festival sur le climat ».


«  J’ai fait une expérimentation de A à Z … »
Pour mettre en place son projet, Géraldine bénéficie d’un lieu  familial, la maison de son arrière-grand-mère, en plein village,  d’une surface de 160 m2 avec un jardin de 200 m2.  Elle démarre juillet 2020 par la création de l’épicerie avec des produits locaux, propose des ateliers pour apprendre à faire son savon, ses produits de beauté, réaménage  un peu plus tard l’étage pour le coworking… «  J’ai fait une expérimentation de A à Z avec pour moteur l’économie circulaire…  sauf que je me suis rendu compte que c’était plus bobo, jolie … mais sans impact.  Et en plus le COVID arrive…Tout cela m’amène vers une autre réflexion qui va consister à faire avec les gens, les personnes du village et autour.»


Vers la constitution d’une équipe
En mars 2021, l’association « Les idées dans la grange » naît. À cette période, de nouveaux habitants arrivent au village. Si l’engagement de Géraldine est toujours fort, une équipe de bénévoles soutient désormais le tiers-lieu qui dispose aussi d’un café citoyen, pour boire un verre ou régaler une fringale. « Le passage au collectif a été essentiel, il a permis de constituer un noyau dur à partir de profils différents et d’apporter une dynamique  avec une majorité de femmes, je dois préciser.»

S’adapter à son environnement social
Quelques mois plus tard, l’association se mobilise pour trouver des subventions de la région et du département qui vont alors permettre d’avoir deux salariées (20h),  à partir de contrats aidés,  dont  celui de Géraldine. « Les propositions du tiers-lieu se sont étoffées. Le lieu est apprécié, vit, propose des conférences, des concerts… ce qui est plus en recul, c’est l’espace co-working, les gens préfèrent rester chez eux au final.  L’autre constat est celui de la  précarité  et du lien social dans notre village et autour, nous avons été contactés pour devenir espace de vie social (EVS) par la CAF. Cela va prendre du temps et en attendant, nous devons continuer la course aux subventions, ce n’était pas dans mon esprit, mais vouloir changer le monde, ce n’est pas rentable. Et s’il est évident que les tiers-lieux s’avèrent de plus en plus essentiels, vitaux en ruralité, lorsqu’on regarde leur impact social, ils ne pourront vivre qu’accompagnés dans l’avenir par des subventions.»


Un festival  sur l’eau invitant au débat et à la concertation
Pour l’heure, l’association poursuit ses projets et travaille  à son 2ème  festival sur le climat, les 29 et 30 septembre prochains, avec pour thème cette année, l’eau. «  On avait réuni 700 personnes l’an dernier. On va essayer de mieux faire sur ces deux jours. Les commissions de réflexion s’affairent pour faire de cet événement un espace de débat, de concertation citoyenne avec l’idée de répondre à la question – comment gérer l’eau sur notre territoire ? - car c’est l’affaire de tous les citoyens, tout le monde pourra s’exprimer sur ce sujet aujourd’hui primordial.»





Les trois coups ! Selon  Géraldine Dutheil



> Coup  de chapeau : « Aux gens qui sont dans l’action et qui viennent à la grange   qui croient aux mêmes valeurs que nous et à ceux qui soutiennent ce lieu, les bénévoles, les adhérents.»



> Coup de main : «On a toujours besoin de bénévoles… d’autant plus, avec le festival qui approche, mais je vais lancer un appel auprès des élus, pour qu’ils soutiennent ce genre de lieu. Ils sont en quelque sorte des prescripteurs. Par leurs subventions,  ils  reconnaissent ce lieu, et parfois  les habitants ont besoin de cette validation formelle pour y venir.»




> Coup de projecteur : « À Arthur Keller, qui est un spécialiste des risques systémiques et des stratégies de résilience. Je suis allée à une conférence, il est passionnant, il parle des aspects scientifiques des problèmes en étant très accessible.»



 
En savoir plus : https://www.danslagrange.fr/

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REDACTION

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