Lectoure | 32

Comment faire pour démocratiser l’activité philosophique, l’arracher à quelques penseurs officiels ? Tout simplement en la faisant entrer dans des cafés. La méthode du débat se veut simple : un sujet de fond, un animateur, un temps de parole, un joker parfois, une place toujours pour les nouveaux … Et un bon repas partagé en suivant. Nous sommes dans le Gers tout de même !

Tous les quinze jours depuis douze ans un groupe de personnes, la plupart des retraités, se retrouve le dimanche matin au Café des sports de Lectoure. Si on commence par y prendre le café, on s’y retrouve pour parler philosophie. «  On a choisi un lieu qui est ouvert à tout le monde, un lieu de rencontres, de socialisation, pour sortir des conversations de café du commerce. Et oui, c’est un peu contradictoire avec le résultat souhaité, mais faire entrer  la philosophie dans un café, c’est la mettre dans la rue…  » raconte avec humour Marcel Richard, président de l’association café philo de Lectoure et retraité.


« Rien n’échappe à la philosophie… »
Les sujets abordés  sont des sujets de fond,  sur l’homme, son avenir, ce qu’il pense ou ne pense pas, ses oublis, la violence, les interdits, la liberté : « Rien n’échappe à la philosophie. À travers cet exercice, on fabrique un moment qui s’intéresse aux débats d’idées. Notre ambition est démesurée - comment faire pour démocratiser l’activité philosophique ? L’arracher à quelques penseurs officiels ? » nous confie notre interlocuteur.

Une séance structurée qui assure la prise de parole
À dix heures quinze, le sujet préalablement choisi par quelques-uns sur une liste qui n’en comprend pas moins de deux cents, est présenté, reformulé  en une dizaine de minutes par l’animateur qui, au préalable, a pris les noms des personnes autour de la table qui veulent intervenir. Puis, il lance : qui veut intervenir ? «  Nous avons la chance d’avoir un lanceur de débat, ensuite chacun lève la main pour pouvoir parler… Une personne peut énoncer « joker ».  Cela signifie que la personne veut compléter, préciser, contredire  ce qui vient d’être dit.»

C’est comment un café philo réussi ?
Le  café philo oscille entre 15 à 20 personnes dont certaines peuvent avoir fait plus d’une vingtaine de kilomètres pour venir. Régulièrement,  des personnes non adhérentes  s’ajoutent au groupe initial,  Ce matin de février, ils étaient 13 pour philosopher pendant une heure trente sur « Existe-t-il un esprit libre et pur de toute détermination ? ». «  C’était un bon nombre pour discuter. En sortant, on s’est dit que l’on avait  bien travaillé … Spinoza et Kant nous ont accompagnés,  nous permettant de faire des ponts avec les préoccupations contemporaines. C’est cette gymnastique qui amène aussi à sa propre découverte, à sa propre pensée,   qui nous intéresse, et en plus,  on a bien ri !  C’était un très bon moment, très réussi.»
Parfois le café philo  réunit très peu de personnes, une situation très rare qui laisse place uniquement à la consommation d’un café et l’on papote.  Parfois aussi, les « philosophes » changent  de lieu, partent à  la campagne pour continuer, s’installent dans des lieux mis à disposition.  


« … partager ce que l’on a compris et  le mettre à l’épreuve … »
Les règles de  fonctionnement du café philo ont  fait leurs  preuves depuis le début, elles sont inchangées. L’adhésion, non obligatoire,  est de 20 euros, elle peut être moindre selon la finance de la personne. La parole y est respectée, les personnes ne sont  pas là pour faire un show, ni se raconter : «  Loin des réseaux sociaux qui enferment dans des logiques, dans des sphères, on se retrouve pour échanger sur un sujet,  partager ce que l’on a compris et  le mettre à l’épreuve d’une communauté aimable et bienveillante qui aiment aussi poursuivre le moment par un bon repas ».

 


Les trois coups !  Selon  Marcel Richard

 



Coup de chapeau : « à un fondateur du café philo, Claude Litzer, d’une habileté unique à animer les cafés philo… Et à Philippe Buisine, nomade de la philosophie, il fait des conférences dans le Gers… et vient de temps à temps animer les cafés philo et ses connaissances et ses interventions sont très stimulantes.»


Coup de main : « parler de nous, comme vous le faites et puis aussi on peut intervenir pour initier des cafés philo si on nous le demande… »  


Coup de projecteur : « sur le film « chronique d’une liaison passagère » avec Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne, une histoire sur une relation extra-conjugale … à travers cette  narration on prend conscience qu’il n’y a pas de comportements genrés en matière d’amour, de sexualité… Cela fait beaucoup de bien.»



Café philo Lectoure :     https://www.facebook.com/profile.php?id=100088555560779
 

Partager cet article de ICI, tout va bien
Pin It

REDACTION

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies. En savoir plus