Bagnères-de-Bigorre | 65
Dans les locaux d’une ancienne usine de câbles, un tiers-lieu est né en 2016 afin d’accueillir des projets qui trouveraient difficilement leur place ailleurs. En presque huit ans, le tiers-lieu a acquis une identité forte à travers les « coopérateurs » présents, la volonté d’y proposer des débats citoyens et d’ouvrir l’espace à ceux qui veulent construire de nouveaux horizons ou tout simplement échanger…
Situé sur une zone d’activité de Bagnères-de-Bigorre, dans les bâtiments de l’ancienne câblerie, qui a fermé ses portes dans les années 80, le tiers-lieux de Bigorre (TLB) a été créé en 2016 par un collectif qui a accompagné également financièrement le projet par des dons et des prêts. « Je suis arrivée en 2019. Auparavant, il y a eu un gros travail de réhabilitation du bâtiment par les fondateurs, inscrits dans le champ de l’économie sociale et solidaire. L’esprit coopératif est présent à travers les activités, que ce soit des entreprises commerciales, un garage associatif, des graphistes, des brasseurs, un géologue, une sculptrice, un maçon, un charpentier, une céramiste, un architecte… mais aussi des artistes. C’est une terre de vie pour des projets individuels ou collectifs qui ne trouveraient pas leur place ailleurs » raconte avec engouement Victoria Klotz, plasticienne et présidente de l’association du TLB.
Tiers-lieu désormais labellisé “espace de formation…“
Le TLB est constitué d’un espace de 2000 m2, correspondant à l’ancienne usine où les « coopérateurs » exercent leur activité professionnelle de façon permanente ; à côté un bâtiment administratif héberge différents espaces dont une salle de travail partagé, louée à la demi-journée ou au mois, une salle de formation, et aussi le café associatif des possibles qui aujourd’hui est le propriétaire du lieu. « Après être passé par le statut de SAS -société par actions simplifiée- le TLB a évolué en association en 2021, une nécessité pour le projet mené, les aides ou subventions possibles, les labels obtenus en tant que tiers-lieu, lieu de formation… Et aussi, la prise en charge d’une partie du salaire de l’animateur à plein temps » précise notre interlocutrice.
Place aux débats…
À côté des expo, concerts, théâtres proposés, des cinés-débats, le café des possibles a lancé en 2019 un temps de réflexion dédié aux institutions démocratiques : « L’idée est parti à deux, avec l’animateur, on souhaitait amener les citoyens à s’interroger, à nous interroger tous sur la démocratie et pour cela, partir des articles de la constitution. » Ainsi est né le rendez-vous « Place du forum » qui permet pendant deux heures, de comprendre et débattre sur le fonctionnement des institutions, les différents organes de la Vème république… Pour être dans le concret, les initiateurs invitent ministre, sénateur, maires… « Selon l’échelon étudié, les élus ou politiques, anciens ou actuels, viennent présenter pendant 10 mn leur travail, leur mission. Puis, par binôme, on réfléchit, on argumente… On a une pratique de cercles concentriques pour faciliter la mise en commun.»
Comprendre pour agir demain
Le forum citoyen est suivi en moyenne par trente à cinquante personnes ; certains sujets ayant réuni plus de quatre-vingts personnes. Le prochain sujet portera sur l’échelon régional avec la participation d’élus de la région : « Les personnes engagées, militantes qui viennent ne connaissent pas forcément la constitution. On parle de crise démocratique… mais comment agir, reprendre du pouvoir, sans connaître la structure, l’organisation des pouvoirs… Ils nous semblent répondre à ce manque.»
Et répondre aux demandes
Lieux de débats citoyens, le café des possibles s’est également ouvert naturellement aux associations, aux collectifs à la recherche de salles. « Les lieux de débats se faisant de plus en plus rares, sans le rechercher le TLB est devenu un espace où les discussions, les rencontres sont possibles.»
Les trois coups ! Selon Victoria Klotz
Coup de chapeau : « je vais être un peu provocante… Aux élus locaux qui ont refusé d’être partie prenante dans le projet de création du TLB. Ce refus donne aujourd’hui à ce lieu une identité particulière, il est un lieu alternatif affirmé.»
Coup de main : « à tous les gens de ce territoire qui ont besoin d’un coup de main pour leur projet, leur utopie et à ceux aussi qui arrivent sur ce territoire et qui veulent réinventer le monde.»
Coup de projecteur : « sur le banquet républicain, une expérience récente, que j’ai vécu à Tarbes, dont le thème était laïcité et démocratie. J’ai découvert une façon conviviale de discuter, avec des prises de paroles de trois minutes pendant le repas. Il y avait une densité intéressante dans ce moment. Je suis intervenue sur la place de la croyance en politique.»
le tiers-lieux de Bigorre : https://tierslieuxenbigorre.org