Livry 58

Rassembler sur la place d’une petite commune, le temps d’une journée, des services administratifs, de santé, des commerces et y ajouter dans l’esprit guinguette, des animations : tel est le pari réussi d’une équipe de jeunes qui vise à recréer du lien social et de l’échange dans des villages où tout cela a disparu.

Lorsqu’il raconte la vie de village que ses parents et grands-parents lui  relataient enfant, la nostalgie n’est pas de mise dans les propos tenus par Marius Drigny. D’ailleurs,  ses études  vont tout d’abord le mener bien  loin de ce sujet. Passant  par Sciences Po, son intérêt se porte vers les technologies et son premier travail vers le  numérique.
Mais la période du  COVID va donner une nouvelle orientation  à sa vie professionnelle : «  À cette période, j’ai compris l’isolement que vivaient les  personnes dans les campagnes, comme ma grand-mère… Elle pouvait dans une journée ne plus voir personne.  Alors, j’ai eu l’idée avec des amis de faire le tour des villages alentour  avec un camion et de proposer des services publics, des services de  santé… tout en faisant de ce moment un évènement festif. »


«  On arrive sur la place du village, on dresse les chapiteaux… »
Né en 2020,  le concept de Ville à Joie (nom donné par la compagne de Marius), a gardé  son scénario initial :   «  On arrive sur la place du village, on dresse les chapiteaux, les tables avec les nappes à carreaux rouges et blancs, on met de la musique. Les professionnels de la santé, les services publics, les commerces locaux… installent leur stand et notre équipe de jeunes est prête pour accueillir les habitants de la commune et animer  l’événement dans un esprit guinguette. »
Sur une journée, les habitants d’un village de moins de 1000 habitants vont ainsi  pouvoir rencontrer des professionnels, pour tester leur vue, leur glycémie, être aidés dans une démarche administrative ou dans l’utilisation d’un ordinateur, d’un  Smartphone, recueillir des informations sur l’isolation de leur habitat, mais aussi se restaurer, jouer à la pétanque…

De l’idée… à l’entreprise de l’économie sociale et solidaire
En 2024, plus de 500 villages dans les départements de la Nièvre, du Cher, de l’Allier, de la Somme, de la Haute Loire et du  Gers  recevront Ville à Joie. Ce qui était hier une idée lancée à travers une association avec un appel à  financement participatif, est devenu aujourd’hui une entreprise de l’économie sociale et solidaire dirigée par notre interlocuteur : « La mise en place nécessite l’intervention de près d’une trentaine de salariés l’été, ramenés à 10 hors saison, déployés sur plusieurs départements. Issus de l’animation ou du lien social, ils  organisent de A à Z les événements qui vont concerner 15 villages alentour, de la relation avec la commune, à la prise de contact avec les comités des fêtes qui s’occuperont des grillades, de la partie de pétanque… sans oublier l’aspect communication nécessaire pour faire connaître l’événement. »
    
Méthode et  déploiement humain
Le  métier d’organisateur de Ville à Joie  commence  par la prise de contact avec les collectivités locales, le plus souvent les communautés de communes qui ont  certes perdu des services de proximité, mais qui ont la volonté de redynamiser leur village par le lien social. Ensuite, il reste à trouver les intervenants locaux. « La plupart du temps si les communes ont cette volonté d’animer, ce qui manque, ce n’est pas l’argent, mais c’est ce que nous apportons, l’organisation, le déploiement humain, la méthode pour mettre en place, pour une journée, un réseau de commerçants, de services…  Et bien sûr, nous arrivons en toute humilité sur les lieux.»

Des interventions conjuguées à la recherche de financement
Le financement  a été aussi pensé par la structure Ville à Joie. Quatre-vingts pour cent du coût des  interventions sont assurés par des mutuelles, la CARSAT, le Département, l’Etat…  le restant, étant à la charge de la commune qui reçoit la tournée, soit environ 400 euros «  Nous veillons à minimiser les coûts en élaborant  des tournées locales dans une même période. Et nous nous appuyons aussi sur les collectivités locales, qui nous apportent, en quelque sorte, une garantie  pour aller chercher le financement des partenaires locaux, c’est un vrai partenariat qui se constitue»

La force du projet : allier l’intérêt général à l’attractif
Depuis le début,  Marius Drigny a toujours cru en cette idée qu’il portait, même si  cela n’est pas  évident, de rassembler du monde sur la place du village parce que  France  Alzheimer va être  présente : «  C’est vrai,  à première vue, ce n’est pas drôle … Et c’est là, où ma famille m’apporte la solution car le secret est de créer de l’animation, de la convivialité. Le projet allie l’intérêt général à l’attractif, c’est pour cela que cela fonctionne.»

Étudier son impact social
Dans le même temps, Ville à Joie  réalise des études d’impact social pour faire connaître et analyser le bien-fondé de ce type d’événement (ex : les personnes qui reparlent à leur voisin, qui découvrent des services, des aides…). L’objectif de Ville à Joie  est aussi de travailler sur le long terme.  «  On connaît les limites de notre action, mais on veille aussi à revenir, à collecter les envies, à soutenir des initiatives qui se créent dans ces moments-là –un club de belote…-  Cela pourrait faire partie de notre évolution.»

 


Les trois coups ! Selon Marius  Drigny



> Coup de chapeau : « Les premiers partenaires financeurs et collectivités locales de  notre territoire du pays Val de Loire Nivernais  qui ont accordé leur confiance à un projet de jeunes qui avait été formalisé seulement sur diapo… Ils ont permis d’écrire une aventure qui est aujourd’hui beaucoup plus grande.»



> Coup de main : « Celui que je peux donner … par rapport à ma réflexion générale,  la population rurale représente en France 22%  et dès que l’on va dans les forums de projets  de l’économie sociale et solidaire ils sont destinés au rural, il faut avoir du culot pour lancer un projet dans le rural… Donc, je suis prêt à aider une personne qui porte n’importe quel  projet car cela manque et celui que l’on peut nous donner c’est de nous mettre en relation avec des élus, des maires, députés… cela peut nous simplifier la mise en action.»



> Coup de projecteur : « Chez nous, on dit qu’il vaut mieux un bon crémant, qu’un mauvais champagne…  Alors, j’aimerais  mettre en lumière le crémant de Bourgogne du domaine Bouhélier en Haute Cote d’Or, le coin de ma famille…Ils sont médaillés… Il est très bon… J’invite les gens à en prendre connaissance…» (Coup de cœur gourmand ! À  consommer avec modération  - NDLR)

En savoir plus : https://villeajoie.fr

 

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REDACTION

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