Gardouch 31
Au bord du canal du midi, l’ancienne minoterie fermée depuis les années 80 s’est transformée depuis près d’un an en un tiers-lieu à la disposition des habitants afin de faire émerger des projets, de la discussion et de la joie sur le territoire. L’esprit de la démarche est de faire de ce lieu une « Maison commune », ouverte à tous.
L’ancienne minoterie située sur le Canal du Midi au bord de l’Écluse de Gardouch, d’où partaient le blé et la paille du Lauragais connaît depuis octobre 2023 une nouvelle vie, grâce à la forte détermination et l’implication d’une association, dont l’histoire démarre comme souvent avec très peu de personnes : « Le lieu, la minoterie de Gardouch, va faire naître le projet dans la tête d’Élodie Soulard, qui souhaitait donner une autre orientation à sa vie professionnelle et développer près de chez elle un projet local dans le secteur de l’économie sociale et solidaire » raconte Julien Hagendorf, aujourd’hui chargé de la communication au sein de l’association Canal Coop.
Le fort passé d’un lieu…
Le projet prenant naissance, pendant la période du COVID, va donner du temps en quelque sorte aux deux co-fondateurs. Journaliste de formation, Julien Hagendorf souhaite à cette époque s’investir dans un projet qui a du sens, plus proche de ses préoccupations citoyennes, il vient d’accompagner la création d’un tiers lieu dans une petite commune alentour et c’est pour cela qu’Élodie le contacte. La visite de la minoterie crée l’étincelle pour chacun.
« Après avoir visité ce lieu, il était difficile de ne pas imaginer un espace de vie, des activités sur cette friche de 850 m2, dont l’histoire s’était arrêtée dans les années 80.
Certes, il nécessitait un investissement pour l’achat et sa rénovation même partielle. La communauté de Communes trouve le projet structurant pour le territoire.»
… et l’engagement financier personnel
Un diagnostic de territoire est ensuite effectué dans le but de réaliser une sorte de photographie des besoins et des attentes des habitants du territoire, au regard d’un lieu de convivialité qui serait au service des initiatives locales. « Le projet de réhabiliter un lieu qui avait eu un fort passé, de lui donner une nouvelle vie ont entraîné tout de suite l’adhésion d’un groupe d’une dizaine de personnes. L’engagement financier d’Élodie pour l’achat du bâtiment et les premières rénovations ont été bien sûr un levier pour embarquer du monde dans l’aventure, c’est évident » souligne notre interlocuteur.
Une phase d’expérimentation avec la « mini-minoterie »
L’achat, la demande de permis de construire et les travaux nécessitant des délais importants, l’association Canal Coop née en 2020 fait le choix d’expérimenter l’idée du tiers-lieu dans une salle de 150 m2 au centre du bourg, prêtée un jour par semaine par la commune pendant près de deux ans « Nous avons démarré nos activités à une échelle réduite, mais avec les activités envisagées dans le futur lieu - le café, l’épicerie solidaire, les animations , la programmation culturelle - On lance à ce moment là un appel à propositions à partir des savoirs, des savoir-faire… Cette période va permettre à pas mal de personnes de s’approprier le projet, de s’impliquer plus facilement et à l’association d’être opérationnelle dès son installation à la minoterie.»
Une « Maison commune » versée sur l’action
Depuis un an, Canal Coop a rejoint la Minoterie et ouvert sur près de 300 m2 rénovés, le café des minotiers agréé espace de vie sociale, l’épicerie locavore qui soutient les producteurs locaux , l’espace de co-working avec une mise à disposition de 8 postes et une salle multi-activités orientée à ce jour sur le bien-être : « Le tiers-lieu va bien sûr évoluer, mais la phase que nous avons appelée “préfiguration“ a alimenté la dynamique de la Minoterie bien présente aujourd’hui et dont l’esprit est d’en faire un bien commun, une maison commune, qui permette d’accueillir des personnes qui ont envie d’agir sur ce territoire dans le respect des valeurs de l’association.»
« Un tiers-lieu …vu sa vocation ne peut exister que grâce aux subventions »
Si le lieu a bénéficié d’un apport financier personnel au départ, sa rénovation et son fonctionnement ont nécessité des démarches pour aller chercher des aides et subventions intercommunales, départementales, régionales et européennes. Un montant de 450 000 euros a été perçu pour la rénovation et une aide au fonctionnement du département à l’attention des tiers-lieux permet d’assurer la mise en place de 3 postes à temps partiel sur une durée de 3 ans : « On a créé un poste d’animation pour le café, un autre de gestion administrative et de recherche de subventions pour Élodie et un poste de communication et de développement que j’occupe. Un tiers-lieu vu sa vocation ne peut exister que grâce à des subventions, même si notre objectif est de les diminuer car aujourd’hui elles constituent 60 % de notre budget ».
Cultiver la joie…
Côté fonctionnement, l’apport également des bénévoles est essentiel à la Minoterie, qui compte une cinquantaine de personnes dans l’association : « Nous sommes bien soutenus, notamment par une équipe de jeunes retraités, très actifs, notamment en matière de bricolage et c’est important. Tous les trimestres, nous faisons la fête uniquement entre adhérents. La joie, que nous souhaitons faire vivre dans ce lieu passe par des moments informels mais aussi formels, nous y veillons »
Et demain, aller vers les jeunes et écouter les habitants
L’association souhaite dans ces prochains mois aller vers les jeunes, peu ou pas très attirés par ce type de lieu, mais aussi d’autres habitants peu enclins à passer la porte … « L’idée est d’ouvrir le tiers-lieu à d’autres activités pour les jeunes, et de faire entrer des personnes qui ne sont pas habituées aux propositions culturelles, aux débats dans un café… et recueillir leurs envies, leurs besoins. Nous devons être à l’écoute de ce territoire.»
Les trois coups ! Selon Julien Hagendorf
> Coup de chapeau : « Aux personnes qui ont souhaité que ce lieu revive, qui étaient dans la même dynamique que nous et qui ont adhéré au projet, mais cette aventure ne serait pas née sans la proposition et l’implication d’Élodie »
> Coup de main : « je serai tenté de dire… on n’en a pas besoin, mais je suis tenté de dire aussi qu’on a toujours besoin de bénévoles contribuant à la vie du café. Sur un autre aspect, l’idée d’un coup de main pourrait se faire par rapport à notre projet de créer des espaces de paroles, de faire entrer d’autres façons de penser et de voir le territoire dans ce lieu… Tout cela reste donc à bâtir.»
> Coup de projecteur : « Sur la librairie Détours de Nailloux qui a eu la bonne idée de s’installer en campagne, qui est proche de Gardouch. Nathalie fait un travail exceptionnel. C’est une richesse pour les habitants. J’apprécie notamment son rayon sur la sociologie.»
En savoir plus : https://www.minoterie-gardouch.fr