Captieux | 33
Issu du monde de l’entreprise, leurs conversations sur la société les a amenés à agir en créant une école fondée sur la coopération, la solidarité et le lien à la nature. Ecole alternative, la Chrysalide a fait sa première rentrée en 2015, avec succès. Aujourd’hui, le projet initial doit être repensé, restructuré, un exercice normal pour ses fondateurs…
Dix ans après la création de l’école la Chrysalide à Captieux, l’effectif complet est de 75 enfants sur les deux structures comprenant – l’école, mais aussi le collège qui est né
plus tard- : « Il y a eu un gros travail pour arriver à cela avec des moments que l’on a surmontés, mais on a gagné aussi en expérience. La confiance est toujours là entre les trois fondateurs Sophie, Morgane et moi-même, quand on a fait des erreurs et on en a fait, le soutien de chacun a toujours été là » raconte Marc Milgram.
De l’école ouverte en 2015
A 78 ans, Marc résume l’évolution de l’école, établie sur une ferme bio avec l’objectif de répondre aux exigences de l’Éducation Nationale, mais avec une forte sensibilisation aux valeurs humaines, à la coopération, au lien à la nature : « L’École est laïque, sans dogme, mais proche de Freinet et inspirée de la pédagogie de la coopération mise en place par Isabelle Peloux. Nous avons démarré avec des parents militants qui voulaient une autre école pour leurs enfants. Quant au financement, il repose sur la participation directe des parents et d’évènements qu’ils organisent permettant de réduire la participation individuelle de chacun, à cela s’ajoute les subventions, plus difficile à trouver aujourd’hui.»
A la création du collège six ans plus tard
En 2021, l’association franchit un pas supplémentaire dans son offre d’enseignement, elle ouvre un collège sur le terrain où se situe le tiers-lieu La Boussole proposant un espace de co-working, des activités attenantes à l’éducation, à la formation et à l’alimentation ; celui-ci ayant ouvert quelque temps avant sous forme associative à l’initiative des cofondateurs. Chaque année une quarantaine d’enfants y sont accueillis dont la plupart ne sont pas passés initialement par l’école. « C’était le prolongement normal d’ouvrir un collège avec la même pédagogie pour les 6e et 5e, qui aujourd’hui va jusqu’à la troisième. Moins habituel mais pertinent pour nous, était de le relier au tiers-lieu, support logistique, avec l’objectif de créer un écosystème où se croiseraient les habitants du territoire et les élèves du collège qui bénéficient toutefois d’un bâtiment spécifique. Et ça marche, au fil du temps, les jeunes viennent parler avec les adultes, ils s’affirment lorsqu’ils parlent avec eux, sont plus autonomes…"
« … ce qui nous avait guidés avant n’est plus tout à fait juste… »
Alors que tout semble rouler, que l’école et le collège accueillent chaque année un nombre d’élèves suffisant, que le succès au brevet approche les cent pour cent, depuis quelque temps les fondateurs constatent que beaucoup d’adolescents entrant au collège ne vont pas bien ; la période du COVID ayant fait émerger, parfois amplifier des problématiques comportementales, les amenant à s’interroger sur le présent de ces jeunes collégiens en souffrance : « Nous sommes en pleine réflexion allant vers une restructuration. On sent que ce qui nous avait guidé avant, n’est plus tout à fait juste, la société change, la population parentale a beaucoup changé, plus tournée qu’hier sur le nombril de leur enfant, moins engagé dans le fonctionnement de l’école… les vents sont différents, on apprend, il ne faut pas s’accrocher à ce qui existait hier tout en gardant nos valeurs. Ce qui ne bouge plus meurt comme on le sait » précise avec le sourire Marc Milgram.
Une action soutenue demain par des professionnels médicaux
Avec optimisme, la réflexion portée par les co-fondateurs est en route que ce soit avec les parents et les enseignants, dont l’équipe s’est peu modifiée au cours du temps – la même question est posée : êtes-vous toujours en accord avec la proposition, le mode de fonctionnement, la contribution… ? « Nous sommes dans la synthèse, mais déjà se dégagent des réponses allant vers la professionnalisation des enseignants et l’intervention de professionnels médicaux. Dès la prochaine rentrée, on va utiliser le tiers-lieu pour en faire une sorte de dispensaire où seront présents des psychologues, des orthophonistes, des psychiatres… - qui viendront soutenir l’action des enseignants selon les besoins individuels».
« … donner son point de vue n’est pas suffisant si on veut avancer »
Si l’on parle de solutions thérapeutiques pour les enfants qui en auront besoin dans le cadre du collège, la mixité des élèves ayant des difficultés avec les autres qui sont bien dans leur tête, n’est évidemment pas du tout remise en question. L’heure est à l’action conjuguée au présent. « Sans délaisser les opinions des uns et des autres, dans notre philosophie, on n’a pas le temps d’attendre. On recherche des personnes qui veulent agir et s’engager, donner son point de vue n’est pas suffisant, si on veut avancer et construire l’école de demain.»
> Coup de cœur de Marc Milgram : « À Edgar Morin qui vient d’avoir 102 ans, qui reste toujours lucide, optimiste… C’est notre phare »
École la Chrysalide : https://ecolelachrysalide.org