Lembeye | 64
À partir de la demande de clients d’une conserverie locale, les éleveurs propriétaires de la structure décident d’ouvrir un magasin de produits fermiers sur la place d’un village voisin. Leurs objectifs : faciliter l’accès à des produits locaux en privilégiant le circuit court de distribution, faire vivre un territoire et (re)créer du lien avec les consommateurs… Ouvert depuis 3 ans, l’outil commun se veut à l’écoute des consommateurs.
Sur la place du village de Lembeye (800 habitants), à la place d’une ancienne supérette, le lieu reprend vie sous la forme d’un point de vente collectif en 2022 après de grands travaux de rénovation grâce à une poignée d’agriculteurs et d’éleveurs locaux : « Quelques années auparavant, ces mêmes producteurs avaient participé à la création de l’abattoir, la conserverie du Vic-Bilh à Samsons-Lion, commune jouxtant celle de Lembeye avec le soutien de la communauté de communes. Ce sont les clients de la conserverie qui ont, en quelque sorte, demandé qu’un magasin de produits fermiers s’ouvre … Et la dynamique qui avait amené à créer l’abattoir a été reconduite pour créer l’association des “paysans du grand Vic-Bilh“ qui donne son nom au magasin » raconte Francis Courtis, un des co-fondateurs.
" la dynamique qui avait amené à créer l’abattoir a été reconduite"
Le magasin propose une surface de vente de 70 m2 claire et bien aménagée avec une large gamme de produits locaux : fruits et légumes de saison, viandes, fromages, produits laitiers, épicerie, miel, confitures, vins de Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh… Aujourd’hui, c ‘est une trentaine de producteurs dont 3 maraichers, adhérents à l’association, qui alimentent en permanence le magasin : « Notre choix se fait en bureau, il porte sur les producteurs locaux, dans l’idée que nos clients puissent clairement les identifier, la relation de confiance est là. Le bio, qui est local, y a sa place mais notre souci est avant tout de conserver une agriculture paysanne… On veille également à ne pas avoir trop de références sur un produit, on regarde le prix… tout cela reste gérable à ce jour selon notre philosophie. » précise Francis Courtis.
"C'est une économie circulaire en quelque sorte qui est mise en place"
Il aura fallu 3 années pour équilibrer les comptes, assurer aujourd’hui les salaires d’un temps plein et d’un trois-quart-temps. Pour cela, le chiffre d’affaires est passé de 180 000 € à 250 000 € aujourd’hui et pour nos interlocuteurs, l’équation est simple, il faut que les producteurs, les salariés et les clients y trouvent leur compte. « L’objectif est de faire vivre un territoire… c’est une économie circulaire en quelque sorte qui est mise en place, les paysans produisent et les consommateurs viennent au magasin, il n'y a pas d’intermédiaire, on ne passe pas par une banque, l’argent est remis au producteur, ce qui lui permet d’en vivre et de continuer à produire, la boucle est bouclée, à nous tous de continuer à l’alimenter » rappelle Joël Manaud, associé producteur.
S’adapter, se renouveler, avoir de nouvelles idées en permanence
Aujourd’hui le magasin a déjà ses fidèles, qu’il a su capter grâce notamment à une large amplitude d’ouverture, du lundi au dimanche matin, et aussi en privilégiant les animations. Tout l’été, de nombreux producteurs, les jeudis et dimanche matin, jours de marché ont fait déguster leurs produits. Il n’est pas question pour l’équipe qui s’occupe des ventes de s’endormir sur ses lauriers. De plus en plus, les villages lors des fêtes locales passent des commandes de plateaux de charcuterie, viande et fromage : « Cela plaît beaucoup, et je pense que l’on a réussi à faire partie des fêtes locales dans les différentes communes alentour … ce qui veut dire que les habitants de ces communes vont désormais nous connaître aussi et seront peut-être de futurs clients ».
D’autres idées sont en train de se profiler, pourquoi ne pas faire des livraisons à domicile ? Aménager une cuisine pour proposer quelques plats… ? Mais tout cela passera également par une communication plus soutenue, s’appuyant sur l’expérience en la matière d’une salariée. « Nous avons un bon outil, on peut encore développer nos propositions, notre espace… Il faut gagner en rentabilité. C’est une nécessité d’explorer demain d’autres façons de commercialiser, le consommateur aujourd’hui se lasse vite, il est important de créer des liens.» explicite Joël Manaud.
…Coté agriculteurs, un lieu également pour se réunir, fédérer…
Les initiateurs du projet, administrateurs aujourd’hui, souhaitent également que ce lieu devienne un lieu fédérateur, l’envie est là et les locaux le permettent, le premier étage assure déjà les réunions du conseil d’administration, demain il pourrait être aussi un lieu de formations : « aujourd’hui c’est important dans une carrière pro, on peut imaginer que cet espace permette de suivre des formations, mais aussi se retrouver pour échanger, faire des projets… » conclut le co-fondateur
Les trois coups ! Selon Francis Courtis et Joël Manaud
> Coup de chapeau : « Sans l’existence du groupe initial de producteurs qui ont créé l’abattoir et l’atelier de transformation de Samsons-Lion, sans cette volonté à vouloir faire quelque chose ensemble, qui permet de dire comme toujours ensemble on est plus fort… ce projet de magasins n’aurait pas vu le jour si naturellement… »
> Coup de main : « C’est celui que l’on peut nous donner en venant au magasin ou que nos clients fidèles peuvent faire en parlant de nous… même si parfois, on nous dit, c’est plus cher… mais si on ne fait pas intervenir dans son choix la qualité, cela ne veut rien dire… »
> Coup de projecteur : « l’espace de vie sociale de Lembeye Diapason, Voilà un espace qui s’est créé, qui évolue… à partir du besoin des habitants. C’est un lieu qui trouve des solutions, qui propose des services concrets, nécessaires… C’est en quelque sorte aussi notre volonté avec l’ouverture de ce magasin »
Paysans du grand Vic-Bilh : https://www.facebook.com/p/Paysans-du-Grand-Vic-Bilh-100086949221874https://www.facebook.com/p/Paysans-du-Grand-Vic-Bilh-100086949221874
