Château-Arnoux-Saint-Auban | 04
Créé voici 20 ans, ce journal d’information fait entendre les voix, peu ou pas entendues, à partir d’initiatives, de luttes locales correspondant à des enjeux globaux. Indépendance, ton non résigné, humour par les dessins, le média veut être un outil pour mettre en œuvre des idées… Rencontre avec son rédacteur en chef, Fabien Ginisty, toujours convaincu de la force du papier.
Le projet du journal de l’Âge de Faire, quand il naît en Octobre 2005, était de faire connaître les problématiques de l’environnement et de l’écologie…
> Fabien Ginisty : ces thématiques étant complètement absentes du grand public, l’idée était de les mettre en avant et elles le restent, et de montrer qu’en parallèle de l’action politique, il y a des choses possibles à faire, en résistance à un système ou par la création d’un monde alternatif. Montrer des gens qui font, donner envie… comme vous le faites, vous aussi dans votre journal en témoignant, en informant de ce qui se passe en local.
Journal d’information de politique générale, l’Âge de Faire s’intéresse au local qui parle à tous et toutes…
> Nous sommes quatre journalistes à écrire l’essentiel des articles, on fait nos choix en partageant nos réflexions, nos idées pour constituer le journal qui est un mensuel, donc pas attaché à l’actualité brûlante. Le choix éditorial est de faire entendre des voix, peu ou pas entendues, à partir d’initiatives, de luttes locales qui correspondent à des enjeux globaux. Dans le dernier numéro, on évoque les Data Centers sur la région de Marseille et derrière, on pose la question de la consommation énergétique du numérique aujourd’hui. Notre volonté est de faire un magazine sympa à lire, avec un rythme, en abordant tous types de sujets et un ton non résigné, qui se tourne vers ce qui se construit et cela, avec un engagement explicite et une honnêteté dans le traitement des sujets sachant qu’au bout de la plume, il y a un humain avec des opinions. Nos choix éditoriaux explicitent notre engagement, notre regard. On pourrait se dire en résistance, pour reprendre vos propos, mais alors, par rapport à une certaine presse, et à certains points de vue, dont celui de ne plus trouver choquant les propos de l’extrême droite.
Vous donnez une place essentielle au dessin, quelles en sont les raisons ?
> En effet, on fait appel à une dizaine de dessinateurs, illustrateurs, pour réaliser la Une et les dessins de presse des articles. Ils apportent le décalage voulu, un traitement autre de l’info, l’envie de donner de la place à l’humour aussi qui, dans les autres médias, a tendance à disparaître.
Vous avez fait le choix du papier et d’ailleurs vous en parlez encore dans votre dernier n° de décembre qui vient de paraître…
> Depuis le début, le journal de 24 pages s‘est construit sur l’envie de faire quelque chose entre le tract et le journal à proprement parler… Le papier, on peut le donner, c’est visible, c’est un support de discussion, le plaisir de lire le journal est toujours là… Et la sphère médiatique a changé, le numérique est là et bien sûr, on se pose régulièrement la question quand on voit qu’une grande partie du débat public se passe sur le numérique … mais en même temps, cela permet de s‘éloigner de l’hystérisation des débats publics à travers les réseaux sociaux.
Vous allez traiter les élections municipales ?
> On va sûrement les traiter, en mettant en valeur les initiatives des listes participatives, qui remettent le citoyen comme acteur de la démocratie, qui interrogent ce système où l’on serait citoyen en allant uniquement voter… Ces listes participatives, qui invitent les populations à s’engager, qui posent la question du tirage au sort pour certaines, qui révèlent la valeur une citoyenneté active, une dynamique démocratique, nous intéressent.
La formule de diffusion est aussi étonnante, vous avez des particuliers ou associations qui achètent plusieurs abonnements, vous proposez même une formule pour cela…
> Oui tout à fait, à côté de ce type d’abonnement, on a aussi des abonnés individuels qui reçoivent 11 numéros par an avec une proposition de tarif d’abonnement qui s’adapte au petit budget et des points de vente comme les Biocoop, les petites épiceries. Tout cela constitue la moitié des ventes, l’autre étant réalisée en kiosque dans le rural, où l’on est assez connu et depuis deux ans, en expérimentant la diffusion dans les villes comme Marseille et Lyon, des espaces urbains où l’on est moins visible.
Quel est le rôle de votre site Internet ?
> Aujourd’hui c’est une boutique, on peut ainsi s’abonner et c’est une vitrine pour valoriser nos archives. On a aussi mis en place une newsletter que l’on maîtrise en interne avec la volonté de faire la promotion d’un nouveau numéro ou de remettre en avant un ou des articles correspondants à l’actualité…
Si vous êtes un média national, en quoi êtes-vous aussi un média local, comment êtes-vous présents dans les Alpes-de-Haute-Provencehttps://lagedefaire-lejournal.fr où se situe votre siège social ?
> Les bureaux du journal sont à Château-Arnoux-Saint-Auban. Ils prennent place dans un bâtiment appelé la Maison commune, un lieu que nous avons initié et cogérons avec d’autres acteurs engagés du territoire, dont une MJC et une association d’éducation à l’environnement. Ce lieu est important dans sa mise en lien avec le territoire. Nous faisons également de l’éducation aux médias dans les collèges et il nous arrive d’organiser parfois des évènements localement.
Sous forme de coopérative depuis quelques années, vous êtes un journal libre, indépendant… ?
> Je préfère le qualificatif indépendant, et cela par rapport aux annonceurs pub, aux plateformes, supports du numérique et bien sûr, indépendants car les propriétaires du média sont les salariés sous forme de coopérative. Tout le monde est payé dans le journal, journalistes, pigistes. C’est important pour nous… Notre modèle économique reposant sur une subvention du Ministère comme beaucoup, des dons, mais surtout sur les ventes, d’où la constante de trouver toujours de nouveaux lecteurs… En augmentant nos ventes de près de 3000, nous serions à 12000 et cela devrait assurer notre avenir sereinement. Ce n’est pas insurmontable…
> Les trois coups ! Selon Fabien Ginisty
> Coup de chapeau : « On constate à quel point on a des lecteurs, très investis par l’abonnement, la présence dans des salons… et sans lesquels, on n’existerait pas. Pour une presse papier, c’est vital».
> Coup de main : « On peut faire connaître des initiatives et des luttes… que vos lecteurs n’hésitent pas à nous contacter pour relayer leurs luttes. Et on est tout à fait ouvert à venir sur des territoires pour faire du reportage, des rencontres dès lors que cela est en accord avec notre éditorial».
> Coup de projecteur : « sur « le bonheur est pour demain- Les rêveries d’un ingénieur solitaire » de Phillipe Bihouix. L’auteur démonte les arguments des personnes qui pensent que les problèmes d'aujourd'hui trouveront toujours une réponse issue du génie humain demain ou après-demain. C'est un regard très riche, décalé , très juste et très simple à lire sur notre époque".
L’âge de Faire : https://lagedefaire-lejournal.fr






