Urcuit | 64
Afin de redonner sa place à l’arbre et aux haies dans les campagnes, une association promeut et accompagne le développement de l’agroforesterie auprès des agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques et des Landes. Conseils techniques, formations, commandes de plants, plantations… sont ainsi proposés afin d’aller vers l’agroécologie, une pratique où l’intervention humaine est moindre et l’observation du vivant plus grande.
Après une vie professionnelle de pilote dans l’armée de l’air belge, Hugues de Failly a souhaité, dès sa retraite – comme il le dit lui-même - se vouer corps et âme à l’agroforesterie et passer ainsi de la tête dans les airs à la tête dans la terre. Pour cela, il entreprend une formation de conseiller en agroforesterie suivi d’un stage dans une association : « C’est ainsi que je suis arrivé à Arbre et Agriculture Aquitaine. Le courant est rapidement passé avec les personnes de l’association, j’ai senti que je pouvais être utile, rapidement en action, et que l’on pouvait développer la mission de l’association, j’ai donc proposé mes services en tant qu’indépendant. Créée en 2011, l’association va en 2018, changer de bureau, élire une nouvelle présidente, Sophie Mauriac, créant ainsi une nouvelle impulsion pour la structure et amenant de nouveaux contacts pour celle-ci. Dernièrement, l’association a modifié sa dénomination et communique aujourd’hui sous le nom d’Arbre et Agriculture.
Refaire découvrir l’arbre et ses bienfaits
Pour notre interlocuteur, le passage à l’action est urgent et le reste : « Depuis les années 1950, avec la mécanisation, on a perdu 750000 kilomètres de haies en France et avec elles la biodiversité… On est allé ainsi dans une simplification de l’agriculture, alors qu’avant, bois, polycultures et animaux faisaient partie de la ferme, les arbres étant traditionnellement présents au cœur et aux abords des parcelles. Chacun s’est spécialisé en oubliant les interactions de ces différentes activités. Notre volonté aujourd’hui est de refaire découvrir l’arbre et ses bienfaits sur les parcelles des agriculteurs.»
Ses avantages directs et indirects
Dans ce but, l’association propose des conseils techniques, des formations, la commande des plants, la plantation, et un accompagnement administratif pour les appels à projets et les demandes d’aides financières. Mais pour notre interlocuteur, le principal travail se fait encore en amont, dans la sensibilisation et l’élaboration du projet. « Nous passons beaucoup de temps avec les agriculteurs, mais aussi pour établir leur projet afin qu’il corresponde à leur objectif, qu’ils en tirent le bénéfice attendu. Les haies de chênes, frênes, mûriers blancs… vont assurer un apport aux animaux de sels minéraux précieux. Le frêne conduit en têtard dispose de feuilles riches en énergie à une période où l’herbe peut se faire rare… De même, la haie dense apporte ombre et limite le vent. Elle a un impact positif et direct sur la production du troupeau.» Autres avantages de l’agroforesterie, elle ramène la biodiversité et offre une nouvelle source de revenus aux agriculteurs ; les branches pouvant aussi être transformées en bois de chauffage ou en bois d’œuvre. Dans ces projets, Arbre et Agriculture préconise uniquement des plants du Sud-Ouest mêlant une variété d’une quinzaine d’espèces (ajonc, bruyère, bourdaine, houx, bouleau…). « On donne à nos plantations les meilleures chances d’adaptation et donc de réussite, mais qui suscitent cependant un entretien et un arrosage réguliers pendant les 3 premières années.»
Et des résultats souvent rapides
Alors que les appels d’offres couvrent entre 70 et 100% du financement des agriculteurs, notre conseiller technique doit encore et toujours convaincre : « Ce n’est pas facile de quitter des habitudes, je comprends. Mais les résultats peuvent très vite être là, lorsqu’on remet de l’hybridation dans les champs. Lors des canicules, on voit aussi l’intérêt d’avoir une haie, des arbres, cela participe à maintenir la réserve d’eau. Notre relation avec les agriculteurs, de plus en plus à l’écoute, nous permet d’espérer pour demain une pratique plus agroécologique où l’on travaille avec le vivant et moins avec le tracteur.»
Des actions multiples dans les Pyrénées atlantiques et les landes
… En parallèle des activités d’accompagnement aux agriculteurs, l’association récolte et nettoie des graines d’essences locales, multiplie ses actions d’information auprès également du grand public, des entreprises et des jeunes, à travers des ateliers pédagogiques.
Les trois coups ! Selon Hugues de Failly
Coup de chapeau : « À celui qui a donné naissance à l’association et qui est son président d’honneur, Konrad Schreiber, ancien éleveur devenu agronome à l’Institut de l’agriculture durable, co-fondateur de Ver de Terre Production, une ressource extraordinaire concernant la transition agro-écologique. Il nous accompagne toujours de ses conseils. Je salue aussi notre Présidente, qui, par ses connaissances locales, et sa mise en relation avec le réseau associatif contribue à la sensibilisation de l’agroforesterie.»
Coup de main : « Lors des journées bénévoles, nous recevons de grands coups de main, pour nous aider à planter… Avoir les mains dans la terre, les gens aiment de plus en plus cela. Et puis on offre le repas à la fin, l’ambiance est sympathique… »
Coup de projecteur : « Sur un livre important, connu aujourd’hui, mais riche en informations, La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben. Il explique toutes les interactions entre les arbres, la façon dont ils communiquent, s’entraident… C’est une référence qui permet de mieux connaître les arbres, la forêt.»
Arbre et agriculture : https://arbreetagriculture.org