Cazalis 33

À la suite des incendies de juillet 2022 en sud Gironde aux portes des Landes, une table ronde sur la question forestière est proposée un mois plus tard au festival d’Uzeste. À l’issue du débat, un collectif se constitue avec l’objectif de militer pour la création d’espaces forestiers diversifiés. S’informer, argumenter, débattre, améliorer la législation, manifester… Des chemins explorés avec une cible prioritaire : les élus.

Constitué de citoyens  préoccupés par la gestion des forêts des Landes girondines (vallée du Ciron)  le collectif « Forêt Vivante  Sud Gironde » créé en 2022  milite  pour une forêt diversifiée,  alliant pins et  feuillus. « Le pin, on l’a encore vu voici 2 ans, est  incendiaire. Il doit amener à une prise de conscience car cette monoculture industrielle  ne peut être un modèle d’avenir. Nous avons des alternatives  à long terme comme devrait se penser la gestion d’une forêt au plan environnemental, économique, sociétal… » raconte en introduction Jacques Pons, un des initiateurs  du collectif.

« Quand cela a une influence sur la vie quotidienne des gens, il faut agir »
Pour aller porter cette parole auprès de propriétaires privés, aux usages difficiles à  remettre en question,  le collectif use de tous les moyens  sans oublier l’histoire de ce paysage. Archéologue, spécialisé en période médiévale, aujourd’hui  à la retraite notre interlocuteur n’oublie pas d’y faire référence : «  On ne peut faire abstraction de son passé, de ce qu’est cette  forêt de pins,  du pourquoi il est là, de  sa richesse botanique, de la façon dont se sont emparés les artistes de la forêt landaise… mais aujourd’hui il faut dénoncer,  pour le bien public,   des pratiques nocives et toxiques quant au risque pour les habitants alentour et quant à son impact pauvre en biodiversité, lorsqu’il est présent en monoculture. Quand cela a une influence sur la vie quotidienne des gens, il faut agir »

…  Des freins au changement identifiés
Avant de passer aux actions portées par le collectif, Jacques Pons rappelle  l’organisation de la  gestion des forêts privées : déléguée à un organisme public, le CNPF depuis 1963, mais au final gérée par des propriétaires privés - une incompréhension - dit-il…  Il revient également sur  l’évolution de l’organisme des Eaux et Forêts en 1964, qui donne naissance,  d’un côté à  l’ONF pour le bois et de l’autre  à  une organisation de la gestion de l’eau par bassin – une aberration, là aussi, d’avoir scindé cette gestion- . L’homme est intarissable pour débusquer les freins au changement et  tout cela, il le fait  avec humour et  pédagogie afin de  faire bouger les esprits.

Un objectif, un coeur de cible…
Dans ce but, le collectif ne néglige pas les temps d’explications, de débats contradictoires auprès du grand public lors de foires, d’événements festifs… «  Sans être anxiogènes, nous amenons l’information sur une autre gestion possible, inspiré de Pro Silva qui a une vision économique à long terme sur la forêt et qui promeut une sylviculture mélangée à couvert continu, notre préconisation. Nous prenons soin de nos moyens  de communication,  stand, plaquette de présentation. Notre site Internet est très informatif.  C’est essentiel pour se faire comprendre auprès de personnes de notre territoire qui peuvent aussi influer sur des élus.»
Le voici, le cœur de cible du Collectif, les élus -maire, conseiller départemental, régional- : « On ne peut pas aujourd’hui accepter l’idée qu’une forêt  doit être rentable et donc ne pas  se soucier de la biodiversité, de l’environnement. Nous attendions beaucoup du rapport parlementaire Panocle-Couturier, aujourd’hui à l’arrêt,  car il démontre comme indispensable  l’adaptation de la politique forestière et des milieux forestiers  au changement climatique.»


« … appuyer les démarches  des élus déjà convaincus… »
Pour convaincre les élus locaux, le collectif n’hésite pas à arpenter le territoire du sud de la Gironde avec comme   objectif  d’informer sur les dangers de la monoculture du pin et des coupes rases et  leur donner des arguments pour  modifier la loi en matière de gestion et de défiscalisation : «  Il faut aller proposer des solutions, appuyer les démarches  des élus déjà convaincus ou pouvant être  convaincus par le bien-fondé de notre démarche, je dirais quel que soit le parti… car il y a une urgence. Nous n’avons pas de temps à perdre pour convaincre ceux et celles qui sont fermement opposés à nos alternatives.»


Sans oublier, les actions sur le terrain
Enfin dans ses actions, le collectif se fait fort de mobiliser des citoyens  sympathisants et media lorsqu’une coupe massive d’une forêt de feuillus doit avoir lieu.  Un outil  certes a manié  avec  parcimonie,  mais qui,  précise notre interlocuteur, reste  à fort impact et montre que le collectif a déjà rallié à sa cause  de nombreux défenseurs.


    
Les trois coups ! Selon Jacques Pons



> Coup de chapeau : « A ceux qui nous suivent lors des actions sur le terrain où on montre, par notre présence sur un lieu, notre désaccord tout en poursuivant notre action d’information et de proposition.»



> Coup de main : « Les media ou autres qui relayent l’information que nous portons afin d’interpeller nos élus, de les informer, de leur donner les arguments pour que la législation évolue, car le principal est là…»



> Coup de projecteur : «  Sur le festival d’Uzeste, qui se déroule en août  depuis  de nombreuses  années… C’est de là qu’est parti notre collectif… C’est un lieu riche par les rencontres, les discussions, les débats, l’esprit festif, musical … C’est comme les fruits pour moi, j’en mangerai toute la journée ; je me nourris de ces rencontres sans en être rassasié…»


En savoir plus : https://www.foretvivante-sudgironde.fr

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REDACTION

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