Thézac 47
Pour répondre à un besoin d’entretien des prairies et aux risques d’incendie sur des parcelles boisées abandonnées proches d’un massif forestier, une commune a fait le choix de la transhumance locale depuis 2 ans. Alors que le retour au pastoralisme s’avère une solution pour la biodiversité, les éleveurs et les propriétaires fonciers, cette pratique inspirée par les éleveurs du Lot reste à pérenniser.
Proche du massif forestier du Verdus, à l’est du département du Lot et Garonne, à la frontière du Lot, des habitants ont fait entendre leur crainte d’incendies dûs à des zones forestières abandonnées, fortement embroussaillées, voire inaccessibles à cause de ronciers. Le Conservatoire d’Espaces Naturels (CEN) du Lot-et-Garonne, certes propriétaire d’une centaine d’hectares sur ladite commune de Thézac, mais dont la mission est au service de la biodiversité, des paysages et de l’économie des territoires, s‘est emparé du sujet avec d’autres acteurs locaux : « En mettant en avant leur crainte, les habitants de ce territoire ont aussi apporté la solution, celle mise en place par leurs voisins, les éleveurs du Lot, qui avaient depuis longtemps pratiquer la transhumance. Il restait à organiser dans le temps cette mise en place » raconte Virginie Appollinaire, aujourd’hui chargée de projet compensation écologique et qui a participé à la mise en œuvre du projet sur la transhumance.
« …une solution économique et écologique… »
Pour le CEN, il s’agissait d’intégrer de façon pérenne le pâturage aujourd’hui ovin, mais qui pourrait bien sûr s’étendre à d’autres élevages (caprins, porcins…) afin d’en faire un outil de gestion sur plusieurs années et, dans cet objectif, veiller à ce que les animaux tournent chez différents propriétaires autres que le CEN, assurant ainsi l’entretien annuel de ces prairies. « C’est une solution économique et écologique pour les propriétaires dont on oublie qu’ils ont des obligations de débroussaillement. Ce type de conduite d’élevage est aussi important pour les animaux qui vont avoir un bol alimentaire varié, vont pouvoir aller dans la nature chercher les plantes qui les soignent, amenant toujours au final une meilleure valorisation pour le propriétaire lors de la vente. Tout cela s’organise car c’est un vrai itinéraire qui se met en place dans cette transhumance locale » rappelle Virginie Appollinaire
Aires à vocations pastorales, AFPL… Toute une démarche en route
Cent agnelles lotoises en 2022, puis quatre cent l’an dernier et le double certainement cette année stationnent ainsi désormais sur les prairies de la commune de Thézac, pour une durée d’un à deux mois, selon la météo, les sols. Cette montée en nombre a été possible grâce à la mise en place d’aires à vocation pastorales (établies selon certains critères identifiés) sur un petit territoire et qui, à partir de là, permet à des éleveurs, habitants, communes, chasseurs… de se regrouper et de trouver du foncier à travers la mise en place d’une association foncière pastorale libre : « Ce statut associatif représenté par une AFPL – dont la première dans le département est à Thézac - permet de regrouper un foncier pour le pâturage et d’obtenir dans ce cadre-là, des financements qui vont assurer les coûts des clôtures, l’abattage d’un arbre si nécessaire, l’installation d’abreuvoirs… » précise notre interlocutrice.
… Reste à développer un réel potentiel
Pour le CEN 47 qui a lancé cette dynamique, d’autres communes mériteraient d’avoir ce type d’entretien, de pousser plus loin le projet au bénéfice de la biodiversité, grâce aux milieux qui se réouvrent ou qui se maintiennent ouverts, sans oublier qu’il permet de rajouter du cachet aux campagnes dans laquelle les animaux ont souvent disparu : « Il y a un potentiel concernant le développement de la transhumance. La rencontre se fait forcément entre le foncier et les éleveurs ou inversement lorsqu’une dynamique se met en place, comme on l’a vu à Thézac. Les outils sont désormais là. Le Lot depuis des années pratique la transhumance avec succès, car il a su mettre les ressources humaines pour son développement. Il faudra une volonté de territoire, d’acteurs locaux et au-delà pour poursuivre sur l’ensemble du département.
Et si demain…
Bien que la pratique de la transhumance soit récente dans le Lot-et-Garonne, mais déjà bien accueillie dans le département, notre interlocutrice se met à rêver d’un événement festif qui pourrait aussi rassembler et peut-être donner indirectement un coup de pouce à son développement : « On s’imaginait avec mon collègue, depuis le départ, de faire une transhumance avec les habitants des villages, les gamins des écoles, accueillant les brebis, faire des points d’étapes, de rendre ce moment festif à travers un événement convivial…Nous en avons tous besoin.»
Les Trois coups ! Selon Virginie Appollinaire
Coup de Chapeau : « Aux habitants de Thézac qui ont su mobiliser et insuffler cette démarche et à nos voisins du Lot qui sont présents et prêts à nous soutenir dans nos démarches… «
Coup de main : « il faudrait un coup de main des structures départementales en lien avec la thématique chambre d’agriculture, le département , la région aussi, car il y a besoin de mettre en place un poste pour pousser cette dynamique du pastoralisme »
Coup de projecteur « Sur les bergers, les bergères dont Fred qui conduit les animaux qui ne lui appartiennent pas … qui donne de son temps pour expliquer son métier, se rend accessible. Ce n’est pas un ermite ce que l’on pourrait penser d’un berger, c’est une personne qui s’adapte qui fait passer un message, ne perd pas son point de vue, la conduite de ses animaux et surtout c’est un homme qui fait le lien avec tout le monde, c’est important aujourd’hui »
En savoir plus : CEN Nouvelle-Aquitaine : https://cen-nouvelle-aquitaine.org