Saint-Aubin-de-Cadelech 24

La Dordogne a connu après la première guerre mondiale et jusqu’aux années 40 une forte immigration ; d’abord avec les bretons, puis les italiens, les espagnols et enfin les alsaciens pour quelque temps.
L’exode, l’arrivée, l’installation et la vie de ces hommes et femmes, oubliés de l’histoire avec un grand H a été écrite par Claude Fosse en recueillant les témoignages de ces familles immigrées vivant encore sur le département.
Elle a donné lieu à des spectacles qui ont permis de faire entendre cette épopée pour la première fois à leur propre famille.

 

Fils et filles d’immigrés, petits-fils et petites-filles d’immigrés vivant aujourd’hui en Dordogne, ils n’avaient jamais eu pour la plupart d’entre eux de confidences ou n’avaient même jamais entendu parler de l’installation de leur famille en Dordogne.
Les raisons ? L’accueil y fut souvent mauvais et les souffrances des nouveaux venus profondes. Comme l’a si bien dit Jorge Semprun, la souffrance n’émet pas de son, elle peut rester muette très longtemps.

 

 
"C’est une remise en forme et non une réécriture"
Lorsque Claude Fosse arrive en Dordogne voici quelques années, cette collectrice de paroles entend ce silence d’autant qu’à Saint-Aubin-de-Cadelech, au sud de Bergerac, là où elle s’installe, l’immigration y fut importante.
Sa rencontre avec l’amicale de Saint-Aubin-de-Cadelech lui fait prendre connaissance de ces diverses immigrations, bretonne, italienne, espagnole et alsacienne au début du XXe siècle et au-delà. Elle va alors poursuivre avec la même méthode un travail démarré en 2004 dans le Var auprès de retraités maghrébins et comme elle est aussi comédienne, elle en fait des spectacles. " Je pars à chaque fois du récit des personnes seules ou en couples, j’enregistre et je retranscris au plus près de la parole dite, la façon de raconter en respectant les expressions également. C’est une remise en forme et non une réécriture. Je donne ensuite à relire aux auteurs pour validation. Les faits historiques relatés sont vérifiés. Et puis ce texte vit ensuite sous une autre forme artistique à travers une mise en scène théâtrale avec des comédiens professionnels et parfois des témoins de ces histoires sont sur scène"
Hier comme aujourd’hui, les réactions sont identiques : l’arrivée de l’inconnu, qui plus est lorsqu’il est en nombre fait peur, la crainte que l’on prenne votre place y est prépondérante. Et pourtant l’immigration fut porteuse de nouveautés en Dordogne que l’on oublierait : les bretons y amenèrent le beurre et les produits laitiers, les labours avec des chevaux de traits, les italiens la jachère…

"… Cesser de renouveler les mêmes scénarios…"
Dans sa forme théâtrale, le récit prend alors une autre dimension. " Les récits portés sur scène, sur la place publique en quelque sorte, sont dits à hautes voix à des spectateurs dont la majorité est issue de familles d’immigrées. Elles entendent alors ce qu’elles n’ont jamais entendu. La mise en scène permet aussi de mêler les bons moments de la vie avec ses chansons, ses repas, la confection des pâtes…"
Pour Claude Fosse, se souvenir des migrants d’hier, c’est montrer qu’ils ont enrichi nos terroirs et qu’ils ont contribué à faire évoluer nos modes de vie et de pensée par leur apport et leur diversité. " C’est le fait de ne pas aller vers l’autre, à sa rencontre, de ne pas lui parler qui pose le problème. Alors si on pouvait changer un peu nos comportements pour cesser de renouveler les mêmes scénarios…"

Entre nous…

> Solutions à trouver prochainement ? "Ce travail mené depuis 5 ans nécessite de faire une pause. Personnellement, l’éponge est pleine, pleine de ses récits forts et poignants. L’association Langage Pluriel a diverses activités sur le territoire qui permettent d’aller vers d’autres choses "
> Grande satisfaction ? "La confidence d’une personne qui m’a dit un jour, avant de voir votre spectacle, j’étais raciste et je me dis maintenant ce n’est plus possible."

Pour les plus curieux : https://www.facebook.com/Langage-Pluriel-425322070996476/

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REDACTION

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