Toulouse 31
Si dans la chanson des Beatles "Michelle et ma belle" sont des mots qui vont très bien ensemble, la ritournelle n’est pas la même quand il s’agit de faire cohabiter musique et crédit. Et pourtant à Toulouse les deux créateurs de l’Usine à musique ont trouvé des banquiers très attentifs mais… uniquement dans l’économie sociale et solidaire.
Pendant 5 ans, Jean-Christophe Roux et Eric Maury vont peaufiné leur projet dont le concept repose sur le constat d’un manque de salles de répétition pour les musiciens amateurs sur Toulouse (obsolètes au plan technique, situées dans des lieux qui posent problème avec les riverains, elles sont nombreuses à fermer depuis plusieurs années).
Étude de marché, stratégie de marketing, prévisionnel
L’idée est de créer un complexe, accessible aux personnes handicapées (unique à Toulouse) le plus proche du centre-ville mais sans riverain à proximité, afin de proposer une quinzaine de studios d’enregistrement de très haute qualité et une salle de spectacle de 200 personnes pour que les groupes puissent se produire sur scène. Leur cœur de cibles : les musiciens amateurs entre 30 et 50 ans. Une étude de marché est réalisée, ils répertorient alors 2500 groupes amateurs susceptibles d’être intéressés (et arrêtent leur prospection à ce nombre), définissent le concept marketing, établissent un prévisionnel. Le tout est compilé dans un beau dossier avec lequel ils partent en quête d’une banque.
"Le mieux est de revoir votre projet à la baisse"
"Les réponses étaient toutes négatives – se souvient Jean-Christophe. C’est quoi cette activité ? Mais vous croyez qu'il y a des clients pour ça ? On n’a pas de lisibilité la dessus. On ne sait pas faire. La musique ce n’est pas valable. Le mieux est de revoir votre projet à la baisse, c’est trop ambitieux. Nous, on avait calculé notre seuil de rentabilité et plus petit ce n’était pas possible" La prospection va durer près d’une année jusqu’à ce que nos futurs créateurs rencontrent un interlocuteur de Midi Pyrénées Active, un organisme d’accompagnement dans le financement solidaire qui leur indique la NEF.
Et puis, ils rencontrent une coopérative financière…
À l’époque, ils ne connaissent pas cet établissement bancaire assez spécifique dans la finance participative, qui est né il y a 35 ans d’une initiative de deux hommes de conviction dont l’un était agriculteur et l’autre enseignant.
Pour résumer, la NEF est aujourd’hui une coopérative financière qui propose des solutions d’épargne et de crédit orientées vers des projets ayant une utilité sociale, écologique et/ou culturelle. Elle s’est engagée depuis sa création à avoir une gestion transparente sur les fonds qui lui sont confiés.
"On leur a expliqué notre projet, ils nous ont écoutés et ont été tout de suite partants. Ils nous ont prêté les 200 000 € nécessaires à notre projet avec le Crédit coopératif leur partenaire. C’était parti pour démarrer…".
Les patrons seront sur la scène de l'Usine à musique le 25 novembre
L’Usine à musique a ouvert depuis septembre dernier au coeur du nouveau complexe de loisirs des Sept Deniers, les réservations ont bien démarré pour les studios (15 €/h. sans abonnement), les soirées se multiplient et nos créateurs, tous deux musiciens (dont un est professionnel) vont se produire sur leur scène avec leur groupe pop-rock" le 5e sens" le 25 novembre prochain. Forts sympathiques nos interlocuteurs donnent envie d’aller y boire une bière… Avis aux amateurs.
Entre nous…
> Grande satisfaction ? "D’avoir persisté à construire un projet ambitieux malgré les doutes et de voir qu’il existe des banques qui sont là pour que les projets deviennent réalité "
> Solutions à trouver prochainement ? "Nous souhaitons faire quelques aménagements afin d’atteindre une qualité encore meilleure et nous allons devoir faire un nouveau crédit. Nos banquiers nous ont dit qu’ils suivraient".
Pour les plus curieux : www.lusineamusique.fr / contact@lusineamusique.