La Bastide-Clairence 64

C’est l’histoire d’un spectacle qui commence comme une boutade au sein d’un village et qui va être rattrapée par la réalité, celle du drame de l’immigration en Méditerranée. Le projet initial se transforme mais le sujet est posé, "Hospitalités" va naître nourri
par l’histoire personnelle de huit habitants du village qui témoignent sur leur relation à l’autre, à l’étranger. Le rideau peut se lever…


Ils sont huit sur scène, des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, avec des métiers et des parcours différents. Leurs points communs : ils ne sont pas acteurs et tous habitent à La Bastide-Clairence, un village du Pays Basque de 900 habitants. Pendant près de deux heures, ils parlent de leur vie, de leurs peurs, de leurs désirs, se posent, nous posent des questions simples : qu’est-ce qu’accueillir ? Qu’est-ce que je peux offrir ? Qu’est-ce que l’étranger m’apporte ? Comment me change-t-il ? Comment je le change ?


Au départ, une farce théâtrale est imaginée.

Initié et accompagné par des professionnels de la mise en scène et du Théâtre, ce spectacle mettra deux ans pour voir le jour ; Kristof Hiriart, de la compagnie LaguneArte, rappelle la genèse : "En 2014, j’ai demandé au metteur en scène suisse Massimo Furlan, en résidence dans notre village, de réfléchir à la conception d’une performance, d’un projet ambitieux qui embarquerait des habitants. En faisant le tour du village, il se rend compte que le prix de l’immobilier qui monte est une préoccupation dans le village".


Lorsque la fiction rejoint la réalité…

La farce théâtrale prend alors forme avec l’idée de faire croire aux habitants qu’un centre de migrants va ouvrir sur la commune et que quelque part, indirectement, cela résoudrait leur problème lié à l’immobilier. Le sujet de l’hospitalité surgit. L’ancien maire, et le nouveau dans la confidence sont partants. Mais les événements de 2015 accompagnés par ses images de migrants sur des embarcations précaires sont la preuve que lorsque la fiction rejoint la réalité, la farce peut devenir provocation, ce qui n’était pas l’objectif. Le projet artistique se modifie bien évidemment raconte Kristof Hiriart : "Si on garde le sujet, l’idée est alors d’aller chercher des habitants, tous différents, et de créer un spectacle qui retracerait leur vie personnelle et qui, par rapport à ce qu’ils sont, ce qu’ils pensent vont s’interroger sur l’hospitalité selon une dramaturgie théâtrale". Alors que du côté théâtre, les choses se mettent en place, certains villageois, déconnectés du projet artistique, choisissent d’accueillir une famille Syrienne fin 2016.


… Et réciproquement

Mais que se passe-t-il dans cette bastide où fiction et réalité se rejoignent en permanence ? En donnant la parole à l’histoire, on a quelques explications que nous rapportent Kristof Hiriart " La Bastide s’est construite sur l’immigration, le Roi de Navarre souhaitait créer un accès à la mer et pour les travaux, il a fait appel à des basques et des Gascons des alentours qui vont créer un territoire de Xamégou autrement dit de sang-mêlé. Il accueillera au XVe siècle des juifs d’Espagne. Par nature c’est un village hospitalier".
De simples villageois témoins racontent. Mais revenons à la fiction, au travail réalisé par les villageois-acteurs qui a produit ce spectacle déjà présenté dans plusieurs villes en France et à l’étranger. " Il s’agissait — poursuit l’initiateur du projet — de partir du récit personnel de chacun, de son autobiographie, d’interroger le qui suis-je face à l’accueil, l’intégration. Est venu ensuite le travail de la dramaturge qui a repris les textes, les a nourris avec des données historiques, philosophiques… Puis toute la mise en scène de Massimo Furlan. Sur scène ça raconte, ça bouge, ça chante… L’humain est au centre de la création artistique qui se frotte au quotidien " Les 29 et 30  Septembre, ils seront sur scène pour la première fois à La Bastide-Clairence, on peut penser qu’il y aura du monde.


Crédit photo : Laure Ceillier & Pierre Nydegger, 2017

 


Entre nous



> Grande satisfaction ? "C’est d’avoir encore la preuve que chaque individu a quelque chose à dire"

> Solutions à trouver prochainement ? "Que les villageois jouent leur rôle et ne soient plus des témoins. A chaque fois qu’ils montent sur scène, je leur demande de se poser la question : pourquoi je fais ça ? ".





Pour les plus curieux : www.lagunarte.org/fr


Je m’engage à apporter notre expérience sur un projet similaire, vous pouvez me contacter : Kristof Hiriart — Mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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REDACTION

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