Accompagnement d’artistes émergents, création d’un lieu d’art puis d’un café associatif, conception demain d’un label « Quartier d’Art Prioritaire » … Quel est le lien entre ces actions ? Une nécessité culturelle et sociale pour cette association implantée depuis plus de dix ans dans un quartier populaire et qui porte le projet d’essaimer dans différentes villes à partir de son expérimentation.
Toulouse - 31

 

Créée en 2009, l’association Sozinho (qui signifie « seul » en portugais) s’est donnée au départ pour mission de soutenir les initiatives artistiques dans les musiques actuelles. Son intervention auprès des jeunes artistes allait de la réalisation de clips, à l’aide logistique apportée  lors de spectacles. « En développant nos réseaux artistiques et les montages d’évènements, nous nous sommes rendu compte que les besoins des artistes étaient similaires, nous avons ainsi élargi notre savoir-faire aux artistes des  beaux-arts, à la danse, à la vidéo… Car on peut avoir de belles choses à montrer, à faire partager … mais si on n’a pas une bonne communication…» met en garde avec sympathie Doni Ravinet, coordinateur salarié de l’association mais aussi l’un de ses fondateurs.


La volonté de s’investir dans le quartier
Nous n'en sommes alors qu’au premier étage de la fusée associative. En effet, en 2016, l’association culturelle, située dans la rue des Anges à Toulouse  pose un regard  sur son quartier dénommé Négreneys* où la vie sociale est inexistante, un constat qu’elle couple à une question : que faisons-nous pour notre quartier en tant qu’acteurs culturels mais surtout en tant qu’habitants ? « Le projet culturel s’est construit à partir de cette interrogation. Les actions ont commencé à destination des enfants. On s’est mis à la sortie des écoles, près des lieux publics. On a proposé l’échange de livres, du café, un goûter aux enfants et parents et cela tous les mercredis. Les initiatives se sont multipliées et ont pris place dans le quartier en direction des femmes, des personnes âgées… La spirale positive s’est alors mise en marche permettant aux habitants de se réapproprier leur quartier » souligne Doni Ravinet.


Le choix d’un espace d’art ouvert  à tous
C’est ensuite sous l’intitulé “La Passerelle Negreneys” (clin d’œil à la Passerelle qui traverse le canal du Midi et lie historiquement le  quartier au centre-ville de Toulouse) regroupant les actions dans le quartier et un lieu d’art ouvert et accessible à tous que l’association développe sa mission en direction du quartier.
Depuis 2018, toutes les 6 semaines -et impossible d’oublier le programme- la façade se modifie lors de  chaque expo, le lieu « la passerelle » (espace de 20 m²) étant investi par un nouvel artiste. « L’idée dans ce lieu d’art est d’amener l’art et les artistes dans le quartier, de créer des ateliers, du lien avec les enfants et tous les habitants. C’est à partir de ce lieu que nous avons décrété : Negreneys Quartier d’Art Prioritaire. Nous partageons cette idée que la vie c’est l’art, l’art c’est la vie » scande avec conviction notre interlocuteur.




Un nouveau lieu… comme un point de repère pour le voisinage
L’an dernier, l’association a racheté, toujours dans la rue des Anges, le PMU, situé en face du lieu d’art  pour y  ouvrir un bar associatif. « Nous voulions créer un lieu qui soit un point de repère pour le voisinage, où pourrait se créer de la mixité générationnelle et sociale car il n'y a ni maison des jeunes et de la culture (MJC), ni centre social à Négreneys. Il se passe beaucoup de choses dans ce lieu, notamment auprès des jeunes de 18-25 ans et aussi auprès des familles… Et tout cela se rajoute à la mise en place d’événements culturels en dehors du quartier qui existent toujours » précise le coordinateur.


Et demain, le label QAP  comme –Quartier d’Art Prioritaire-
Avec ses 6 salariés, un modèle économique équilibré qui fonctionne sur dons et sur financements publics, des adhérents  au nombre de 2800, 3 lieux ouverts aujourd’hui dans le quartier, on pourrait penser que l’association a trouvé son rythme de croisière mais ce serait mal connaître ses acteurs de terrain qui veillent à renouveler leurs membres pour amener  de nouvelles idées, à rester dans le questionnement permanent. « Nous sommes toujours dans la réflexion, l’action… Le fait d’être sollicité par des collectivités, nous a amenés à formaliser le projet que nous avons mis en place au fil de ses années  et à  proposer demain le label QAP -Quartier d’Art Prioritaire- sorte de méthode, découpée en phases, très concrètes. Pour cela nous menons une action test à Marseille dans un quartier populaire de la ville. C’est une expérimentation qui nous permettrait d’aller essaimer demain à Nantes, Strasbourg, Paris…» conclut notre interlocuteur.
* quartier prioritaire de la Politique de la ville depuis 2015 (zone socialement défavorisée)


Entre nous :



> Grande satisfaction : "C’est une belle association qui vit, qui s’adapte, qui est vivante. Et puis avoir démarré avec une poignée de personnes et atteindre presque les 3000 adhérents…».



> Solutions à trouver prochainement ? « Je vois venir plutôt un énorme problème avec la crise économique qui s’annonce… Les solutions à la crise qui pourraient voir le jour risquent  d’oublier que le secteur associatif qui compte 1,6 million de salariés, 20 millions de bénévoles… est  une réelle économie qui génère de l’activité, des solutions créatives, des solutions aux besoins urbains dans le domaine social et pas seulement…».

Quelle incidence a sur votre projet la crise sanitaire actuelle ? « Les lieux publics sont fermés sur Toulouse et Marseille. Mais cela n’empêche pas  de faire, d’être  en contact, de proposer des livres, films, vidéo… gratuits sur Internet. Et on essaye de satisfaire tous les publics ».




Pour les plus curieux :  https://www.sozinho.org  -  https://www.facebook.com/assosozinho


Je m’engage à apporter mon expérience sur un projet similaire :
Doni Ravinet - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Partager cet article de ICI, tout va bien
Pin It

REDACTION

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies. En savoir plus