St Christophe des Bardes - 33
… C’est la carte blanche de Marion de Lajartre, du collectif Trois tiers dont le slogan est « Le pari des campagnes » et qui accompagne les collectivités des territoires ruraux à recréer du lien social à partir de démarches participatives. En résidence à St Christophe des Bardes (33), le collectif a fait la connaissance de ces vignerons engagés dans le bio et la vie locale.
Pourquoi ce choix ? « C’est une famille de vignerons qui s’est engagée très tôt dans le bio, ce sont des pionniers dans le Saint-Émilion. Cela révèle bien sûr un engagement fort qu’ils accompagnent d’une volonté de transmettre et communiquer, ils ont porté la parole en dehors du territoire mais aussi au plan local en privilégiant le lien social notamment en tant qu’organisateurs d’évènements sur leur domaine. A travers des rencontres, la musique, la peinture, la poésie… ils participent à la vie d’un territoire de proximité. »
Anne-Lise Goujon vigneronne, Château Moulin de Lagnet à Saint Christophe des Bardes…
Un domaine, des engagements d’hier et d’aujourd’hui … C’est l’histoire de toute une famille que raconte Anne-Lise Goujon…
«Notre projet en milieu rural, c’est un choix de couple qui s’est transformé en histoire de famille, en passant par l’aide des copains au démarrage. Leur soutien, leur élan de solidarité ont été déterminants dans la mise en place de notre projet. Nous avons eu une opportunité, une propriété en indivision sur Saint Christophe des Bardes du côté de Pierre, mon mari et nous l’avons saisi. Cela s’est accompagné au tout début de deux ans de travail en tant que salarié pour apprendre le métier, de la reprise des études pour moi… Et en 1984 on a créé le domaine du Moulin de Lagnet, issu des vignes familiales, à partir de 3 ha qui aujourd’hui s'étend sur 9 ha et produit exclusivement des vins rouges sous deux appellations, St Émilion et St Émilion grand cru. On a commencé sans utiliser de désherbant, la tradition dans la famille était de labourer, on a appris ainsi à travailler les sols mais nous n’avions pas de connaissances sur les protections végétales… Si on était engagé certes dans une mouvance écologique à la ville, c’était plus complexe dans la vigne. Il a fallu apprendre avec des techniciens qui ont pris en compte notre souhait de mettre juste la dose nécessaire. Fin des années 90, on a rencontré un vigneron sur Branne qui faisait du bio et qui nous a indiqué le CIVAM 33 pour nous aider dans la démarche et on produit en bio depuis 2001. Le travail de la vigne en bio, c’est un travail qui demande du temps, c’est un travail très dur. D’ailleurs, les vignerons qui se sont mis en bio au début étaient souvent des petites propriétés familiales, où l’on travaillait sans compter les heures. Le résultat est tellement valorisant, quand vous parlez du vin aux personnes qui viennent sur le domaine ou sur des salons…quel plaisir de raconter de A à Z comment on cultive et fait le vin dans le respect de l’environnement… Si j’ai souhaité un temps m’investir dans le syndicat des vignerons bio d’Aquitaine, c’est qu’il est important de transmettre, de parler des pratiques environnementales qui sont aujourd’hui une solution, ce n’est plus une mode ou une façon originale de faire. On ne peut plus en rire comme on a pu le faire quand nous nous sommes installés, nous les petits jeunes de la ville. Mais cela change, on le voit avec les touristes lorsqu’ils viennent à St Émilion, ils demandent de plus en plus à l’office de tourisme d’indiquer des domaines en bio… Les media aussi peuvent parfois jouer un rôle d’accélérateur… A nous aussi de porter la parole au niveau européen, pour dire ce que l’on ne veut pas. La désobéissance civile n’est pas pour moi un gros mot. Parfois elle est nécessaire pour se faire entendre. Il faut bouger à tous les échelons pour que cela change. Aujourd’hui proche de la retraite, la reprise étant assurée avec notre fils et notre belle-fille, j’ai pu m’engager au niveau local en tant que conseillère et nous portons un beau projet nommé VitiREV lancé par la Région dans lequel la commune s’est engagée. C’est un pas de plus vers la sortie des pesticides et vers la transition agro-écologique. De là, à aller vers le label Territoire Bio engagé, ce serait la suite logique pour notre commune me semble t-il. »
Entre nous :
> Grande satisfaction : "C’est que le bio a fait son chemin, c’est une pratique et une solution reconnue, ce n’est plus une mode comme le pensaient certains »
> Solutions à trouver prochainement ? « A apprendre à dire non, à refuser un certain chemin celui des économistes, des lobbies…Retrouver des techniques de boycott… ? »
Pour les plus curieux :
Moulin de Lagnet : https://www.moulindelagnet.fr
Collectif trois tiers : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Je m’engage à apporter mon expérience sur un projet similaire : Anne-Lise Goujon : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.