Vitry sur Seine | 94
Dans une petite boutique sympathique, deux fauteuils en rotin tendent les bras aux visiteurs, comme on les appelle dans ce lieu. Tout autour, des livres, la machine à café… Ici, on prend le temps d’ouvrir un ouvrage, de s’asseoir, de discuter. Vous êtes dans une librairie solidaire et d’éducation populaire. En route pour la visite…
« Le livre a de l’avenir, encore faut-il le mettre à disposition … C’est pour cela que l’on va un peu partout, dans les manifestations, les congrès, les meetings, partout où les travailleurs se bougent, là où l’on veut bien de nous. Nous organisons aussi des événements. Nous aimons aller à la rencontre des personnes … » raconte Robert Séguéla à l’initiative de la librairie « livres en luttes » de Vitry sur Seine.
L’aventure démarre par hasard, lorsque notre retraité cheminot est interpellé par son voisin lui signalant que de nombreux livres ont été déposés sur le trottoir. Comme un réflexe il les ramasse ; Robert Séguéla décide de les vendre et de reverser la somme au journal l’Humanité, lui le militant de longue date au PC. Quelques jours plus tard, contacté par téléphone, on lui propose à nouveau des livres et le scénario se répétera de plus en plus par le bouche-à-oreille. Et c’est ainsi que l’idée d’une librairie prendra forme deux ans plus tard, en 2012.
Passeurs de livres
Aujourd’hui, si l’association compte 150 000 livres, la librairie située à Vitry sur Seine au 62 avenue Guy Môquet, n’abrite que quelques ouvrages « C‘est toute une chaîne solidaire qui se met en place. Les livres donnés sont stockés dans différents locaux… Ils sont vendus tels quels, avec leurs annotations, commentaires, le livre a sa vie. Nous sommes des passeurs de livres à partir de dons volontaires » précise Robert Séguéla.
En raison du militantisme connu de l’association , la plupart des dons recueillis sont des ouvrages d’histoire, de politique, de sociologie mais pas seulement « Nous avons des dons de personnes inconnues ou connues comme dernièrement la bibliothèque d’un philosophe, du syndicaliste Bernard Frachon ou du physicien chimiste Frédéric Joliot Curie. Nous avons aussi des romans, des livres pour enfants, nous prenons tout ».
« Nous essayons d’être là où les travailleurs se bougent »
La vente des ouvrages est réalisée par la librairie, sur le Net par le site Rakuten, mais aussi sur les marchés, les événements : « Voici quelques jours, nous avons fait une soirée sur la fin de la guerre d’Algérie, et c’était l’occasion de vendre des ouvrages sur ce thème. Nous disposons de 1000 ouvrages sur le sujet. Il faut proposer sinon la mémoire va disparaître. Prochainement nous serons à Paris, le 1er mai nous sommes souvent invités. Nous essayons d’être là où les travailleurs se bougent, à leur côté pour permettre la réflexion, la discussion, la lecture… »
Pour son fonctionnement la librairie s’appuie sur 4 salariés, une trentaine de bénévoles actifs sur environ 400 adhérents et un bureau qui se réunit tous les mois dont Robert Séguéla est le Président « C’est la réflexion collective qui permet de ne pas faire d’erreur, d’élargir nos activités, la valeur de l’argument y prend place et non la parole du Président. C’est une librairie solidaire et populaire dont les bénéfices permettent de payer les salariés et de soutenir la presse indépendante.»
Le « festival du roman noir et social » depuis 2019
En 2019, dans l’objectif toujours d’élargir son public, l’association a créé le « festival du roman noir et social » qui a été un succès. « Le projet est parti d’une réunion de bureau, on voulait faire une rencontre avec quelques auteurs et lors de l’AG qui a suivi, un de nos adhérents, qui est écrivain, nous a dit que l’on pourrait arriver à inviter une trentaine d’auteurs et c’est devenu un festival que nous avons renouvelé en 2021 et qui est prévu en 2022. Cela nous permet de proposer des ateliers d’écriture dans les écoles, de dépasser notre public habituel, d’aller vers les enfants et les familles. Dans cet événement, nous ne vendons pas nos ouvrages, l’idée est de se faire connaître »
La prochaine édition est fixée aux 2, 3 et 4 décembre prochain à Vitry sur Seine, en attendant on peut penser que la librairie « livre en lutte » aura de nombreuses idées à mettre en œuvre.
Les trois coups ! Selon Robert Séguéla
> Coup de chapeau : « À tous ceux qui sont au bureau de l’association, qui permettent de faire avancer les projets dans la réflexion et la discussion ».
> Coup de main : « On peut parler de notre expérience, aider… en sachant que le chemin n’est pas unique même si notre projet est particulier puisque notre bénéfice va aux salariés, à la presse d’information de notre choix ».
> Coup de projecteur : « Sur nos livres, ceux qui sont rares, non répertoriés. On cherche une idée pour les mettre en avant, les faire circuler, car si les livres restent sur des rayonnages, ils n’ont pas plus de valeur que des boîtes de sardines. Il faut que l’on arrive à faire toucher du doigt cette richesse que l’on veut partager ».
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