Amou | 40

Emprunter une œuvre comme on emprunterait un livre… Des artistes l’ont pensé et l’ont mis en place à travers une association, avec l’idée de rapprocher l’art et les publics, mais aussi avec la volonté d’obtenir une rémunération pour les artistes. Dans ce but, expositions, stages d’initiation et projets avec des partenaires publics ou privé se mettent en place. Si l’on se targue ici de n’avoir rien inventé, on se démène avec force, endurance et adaptation pour rendre l’art accessible.

Tout commence par un constat, celui de Nancy Lopez – retraitée -,  dont la passion s’exprime à travers l’aquarelle,  la peinture à l’huile et désormais la photographie numérique- lorsqu’elle décide d’exposer : «  J’ai démarré mes démarches en 2017 et je constate que l’on me demande de payer pour exposer. Alors qu’un musicien, on le paye, qu’un écrivain, on ne lui demande pas d’argent pour parler de son ouvrage… Je trouve cela très injuste. D’autant qu’il existe un droit d’auteur qui est source de rémunération pour l’artiste, dès lors qu’il y a exposition d’œuvre. Je constate aussi que peu de gens s’intéressent à l’art aujourd’hui… C’est le point de départ de la création de l’association.» 

« Tout le monde y a sa place… »

Installée dans les Landes depuis une quarantaine d’années,  Nancy Lopez va alors regrouper autour d’elle, des artistes, hommes, femmes, de tous les âges, aux techniques  diverses. Une quarantaine d’artistes landais constitue actuellement l’association Artelandes née en 2018. « Tout le monde y a sa place, nous acceptons toutes les personnes qui se retrouvent dans nos valeurs : rendre l’art accessible à travers  les expositions, les stages,  créer des expositions, agir pour  assurer une rémunération  aux artistes, aider les jeunes artistes dans leurs démarches de professionnalisation et leur faire connaître leurs droits » précise celle qui en assure la présidence.

Désormais, un lieu mis à disposition

Dès sa création, l’association travaille autour du principe de location d’œuvres.  Si l’idée est souvent bien accueillie, celle-ci n’engendre pas de nombreux  retours, mais lorsque  des opportunités s’offrent  à l’association, elle les  saisit,  comme en juin dernier avec  la commune d’Amou (lieu du siège social d’Artelandes) qui met désormais  à disposition un lieu pour exposer, en attendant la rénovation d’une grange. « Il est évident que ce lieu ne vit que si l’on crée un évènement comme on l’a fait en octobre avec la proposition d’une performance entre une danseuse et une photographe. Mais il permet d’exposer les artistes de l’association et de proposer des stages et ateliers.» 

Une artothèque virtuelle pour l’heure 

À ce jour, Artelandes ne dispose pas d’une réelle artothèque, à la manière d’une bibliothèque qui prête des livres et diffuse la lecture, comme l’explique notre interlocutrice : « Notre artothèque est encore virtuelle,  les œuvres restent chez les artistes. L’association a  un site internet qui renvoie sur une page  catalogue permettant de découvrir les artistes et les œuvres proposées à la location. Parallèlement, nous  menons  une action auprès  des médiathèques  afin de leur louer des œuvres destinées à leur public qui, lui, peut les emprunter gratuitement comme un livre, un CD. L’expérimentation  démarrée à Morcenx cette année va être renouvelée en 2024 et elle sera renforcée par une proposition de stages, d’ateliers sur le lieu. Les artistes pourront ainsi se faire connaître, faire connaître leurs techniques auprès des usagers de la médiathèque… 

De nouveaux lieux d’expérimentation pour cette fin d’année

La possibilité de salarier à mi-temps une artiste de  l’association, grâce à des subventions régionales permet depuis quelque temps de multiplier les démarches auprès des entreprises par le biais des chambres de commerce et d’industrie : « à travers ces  structures à Dax et Mont de Marsan, nous allons pouvoir toucher des entreprises en proposant des expositions lors d’évènements qui se passeront dans ce lieu. Nous avons, dans ce but, conçu un document pour expliquer les avantages fiscaux pour une entreprise lorsqu’elle achète ou loue une œuvre ».Les démarches, plus nombreuses ces derniers mois,  commencent à occasionner des demandes, mais Nancy Lopez est bien consciente que le chemin sera long : «  la location d’œuvres n’est pas encore dans les  esprits… mais il y a matière à  espérer, au regard de l’entrée de la location dans notre quotidien. On y a recours de plus en plus. Cela ne peut que nous inviter à poursuivre nos actions.» 

Une exposition itinérante pour les mal voyants

Dans l’objectif de rendre l’art accessible à tous, l’association a créé voici quelques mois une  exposition permanente, grâce à une subvention, en direction des personnes mal voyantes : « Cela s’est construit par hasard et naturellement à partir d’un échange avec la présidente, non voyante, d’une association locale qui nous faisait part de sa cécité, mais aussi de la façon dont elle pouvait se représenter ce qu’elle ne voyait pas… Nous avons réalisé un audio-guide avec les artistes, nous avons aussi décrit ce que l’on faisait, le chemin qui nous amenait à cette création, dans le but de répondre à sa demande de construire une image mentale. Nous sommes  assez fiers de cette réalisation qui correspond bien à notre mission. Et puis, elle tourne dans pas mal de lieux, c’est une grande satisfaction. »

Collaboration  et adaptation, maîtres mots

Artelandes se dit également ouverte à toutes les propositions, notamment celles de collaborer avec des artistes, des entreprises, des collectivités locales,  des départements limitrophes dont le plus naturel serait un rapprochement avec les Pyrénées-Atlantiques. «  Nous avons certainement un potentiel à mettre en œuvre avec d’autres acteurs ici et ailleurs. Nous avons une capacité d’adaptation pour créer un événement, avec des grands ou petits formats, sur un thème … Actuellement, on est sollicité pour réaliser des expositions sur le corps. Une nouvelle aventure commence… » 

 


Les trois coups ! Selon  Nancy Lopez


Coup de chapeau : « aux jeunes artistes plasticiens, de façon plus générale aux artistes visuels,  qui doivent se  battre pour exister, pour essayer de vivre de leur métier »

Coup de main : « On recherche à travers notre association à co-construire des projets, des événements qui permettent de rendre l’art accessible et cela avec des partenaires publics, privés ou d’autres artistes. Nous sommes ouverts  »

Coup de projecteur : «  Au peintre chinois Zao Wou Ki,un peintre de grande renommée, qui a exposé au début des années 2000 à Biarritz .  J’aime son œuvre, abstraite,  qui nous amène ailleurs… En ce moment je suis en train de faire un travail s’inspirant de son travail… 

Zao Wou Ki : https://www.zaowouki.org/

 

Association artelandes : https://www.artelandes.fr/

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REDACTION

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