Pau | 64
Créer un espace outillé, partagé, ouvert à la création artisanale pour les professionnels, mais aussi les amateurs, les curieux … Ils l’ont pensé à deux, dans un esprit cours de récré, tout en ayant une démarche engagée, responsable et professionnelle. Aujourd’hui, les différents ateliers se côtoient avec la volonté de donner un coup de pouce à la fabrication artisanale en ville.
Dans un quartier en pleine transformation, où la culture et les arts prennent de plus en plus leur place, Nicolas et Pauline Grout ont ouvert “les Ateliers hybride“ en juillet 2021, Rue Bordeu, à Pau.
Un projet muri en couple
La quarantaine approchant, chacun a ainsi fait le pas de côté, pour faire ensemble. Après une quinzaine d’années dans la même entreprise, Pauline a choisi de quitter son emploi de directrice de production. Nicolas, photographe studio, indépendant souhaitait exercer son activité différemment et dans un autre lieu que Paris, ajouté à cela des envies de vivre dans une maison et l’opportunité de s’installer dans une maison de famille pour revenir à Pau. Le grand pas se fait. « C’est un projet muri en couple pendant deux ans, à partir des petites problématiques que chacun a rencontrées dans son activité, et dans notre vie au quotidien. Quand on aime faire de ses mains, bricoler… Le salon devient petit, ça fait du bruit… On voulait créer notre cour de récré » dit joyeusement Pauline Grout.
Car si notre interlocutrice a une longue expérience de manager, elle n’a jamais oublié sa formation aux Beaux-Arts à Pau, son diplôme des Gobelins, et une enfance entourée d’artistes et de savoir-faire manuels. Son envie de faire de ses mains, de créer pour elle était une évidence, mais avec le souhait, pour tous les deux, de partager leurs « jouets » avec les autres.
… Qui ne rentre pas dans les cases
Deux obstacles attendaient nos « grands enfants » : Trouver une banque qui finance un projet « hybride » et un local spacieux situé en ville : « Notre projet d’espaces partagés, aménagés avec des outils, pour les pro et les particuliers, avec boutique, lieu de création aussi pour nous… ne rentrait pas dans les cases côté banque, heureusement le profil que j’avais, notre apport et notre détermination ont prévalu. Quant au choix d’être en ville, autour de nous, personne n’y était favorable. Là aussi, cela faisait parti du projet, participer à faire bouger la ville, et puis se déplacer à vélo depuis chez nous… On y est arrivé, mais cela a été plus long que prévu. On a donc commencé dans notre maison ! comme les grands de ce monde, dans notre garage il y avait le four à céramique » s’exclame avec humour Pauline.
Un joyeux bazar … afin que les relations et les idées circulent
Aujourd’hui, sur près de 400 m2, les ateliers Hybride fonctionnent avec un espace de co-working au 1er étage pour les artisans et les entrepreneurs indépendants – photographe, illustratrice… ; au rez-de-chaussée, les différents espaces sont dédiés à la céramique, la menuiserie, le textile, le modelage, la vannerie… avec outils appropriés (four, tour sur bois, imprimante 3 D ) tandis qu’une salle spéciale est réservée aux machines bruyantes afin d’assurer la découpe et la gravure au laser, le travail sur bois, la fraiseuse à commande numérique… « On peut dire que cet espace est un tiers lieu multi-activités, un joyeux bazar ouvert, sans cloison, afin que les relations et les idées circulent. Pour que les hybridations se fassent, il faut permettre les connections. Plus on cloisonne, plus on reste dans sa case. Chacun doit cependant s’y retrouver, l’artisan local qui a besoin d’un outil quelques heures, le passionné ou simplement le curieux qui vient découvrir ce qu’il est possible de faire, de créer à partir d’une matière qu’il a choisie. Cela peut se faire à partir des animations ou des stages proposés ou simplement en donnant quelques conseils, l’entraide est aussi à l’honneur chez nous. On veille à instaurer des passerelles pour cela.»
Que dire de plus sur ce lieu aujourd’hui ? Que les résidents, fonctionnent à partir d’un contrat et que l’accès à l’atelier en libre-service fonctionne avec l’achat de tickets (1h, une demi-journée, une journée). On trouve une boutique pour découvrir des créations locales et artisanales et un restaurant pour découvrir l’univers culinaire de Yuri. Le tout orchestré avec le souci de l’éco responsabilité, du recyclage, de l’emploi de matériaux le plus souvent écologique (ex : amidon de maïs pour l’imprimante 3D…).
Que dire de ce lieu demain ? : « Je ne sais pas. J’espère qu’il va bouger encore. Il est voué à être en constant mouvement, c’est ce que nous recherchons aujourd’hui que notre amie Marion nous a rejoints. Nous nous adaptons en permanence, la tendance des personnes actuellement c’est d’avoir des projets précis… ou l’envie de déconnecter du travail entre midi et deux… Et bien, on va les accompagner dans leur choix. »
Les trois coups ! Selon Pauline Grout
Coup de chapeau : « À mon mari, il faut être deux pour élaborer une telle aventure. C’est notre troisième enfant. D’ailleurs, ici, nos enfants nous rejoignent le soir, ou le samedi… C’est une histoire de famille où entre aussi notre amie Marion qui est arrivée ensuite, mais qui est indispensable dans ce projet , elle fait partie de l’énergie du lieu.»
Coup de main : « Les résidents des Ateliers Hybride ; considérant ce lieu comme le leur , ils en prennent soin au quotidien et dans la façon aussi d’y vivre, il se dégage une intelligence collective qui fait que cela fonctionne bien, chacun y allant de son coup de main.»
Coup de projecteur : « le Foirail et autour, est un quartier très versé sur la culture, les métiers d’artisanat… Je souhaiterais donc parler du Passage Carnot, qui vient de fêter sa première année et qui est un bel endroit avec des ateliers boutiques, qui peut encore accueillir des artisans… Il n’est pas encore un réflexe pour les palois, c’est dommage, car cela vaut le détour quand on est au centre-ville.»
Les Ateliers Hybride : https://www.ateliers-hybride.fr