Saint-Jean-Poutge | 32
Le cirque lui a donné un métier alors que l’école le mettait en difficulté. A 25 ans, il monte une compagnie de cirque proposant des spectacles joués en Gironde puis dans le Gers où il est revenu et s’est installé. Comme pour redonner ce qu’il a reçu, nourrir aussi la créativité, le circassien avec son collectif intervient avec ferveur auprès de nombreux publics jeunes. Explications sans acrobatie…
En 2017, lorsque Josian Terzariol fonde le collectif les Tarabiscotés, le chemin de celui qui se présente acrobate -et qui vit désormais de son métier- a été jalonné de nombreux échecs scolaires : « Le monde de l’école n’était pas fait pour moi, je n’aimais pas l’esprit de compétition. Le cirque a été une pratique qui m’a permis de bouger, ce que souhaitait ma mère, mais pour moi, il est devenu une ressource, avant de vouloir en faire un métier.»
« Mieux vaut se tromper que de ne pas oser »
Josian quitte le lycée pour suivre un cursus de formation professionnelle aux métiers des arts du cirque. Diplômé en 2012, il poursuit sa formation à l’école du cirque de Bordeaux pendant 3 ans : « Même si cela s’enchaîne bien, autour de moi, on ne comprend toujours pas ce choix. Tu vas vivre en caravane ? Acrobate, mais ce n’est pas un métier ? Et si tu te blesses… ? » Aux questions décourageantes, notre Circassien, préfère répondre : « mieux vaut se tromper que de ne pas oser », une formule qu’il fait toujours sienne dans un monde qu’il qualifie d’inutilement compliqué.
Embarquer les jeunes en dehors du cadre scolaire
Le collectif a choisi dans ce monde, d’être particulièrement présent auprès des écoles, des centres spécialisés, parfois aussi d’écoles de formations. « Ce temps nommé médiation est hors cadre scolaire, il n’y a pas de note. Je leur dis souvent –je ne suis pas professeur, je ne sais pas, chacun a sa vérité. J’aime ces moments, certainement qu’ils viennent parler à l’enfant que j’étais… mais qui pourrait être père aujourd’hui.»
Dans le cadre de l’Éducation Nationale, l’achat d’un spectacle est généralement associé à une animation sur plusieurs jours : « L’idée n’est pas de faire pratiquer une activité, ni de faire des roulades avec eux par exemple, mais plutôt de les embarquer dans notre thématique proposée par notre spectacle en cours. Actuellement le thème porte sur le lien, celui qui nous restreint aussi. Avec les jeunes, on va le symboliser par une corde qui va relier deux personnes, elles vont alors être amenées à faire des acrobaties ensemble, cela oblige à faire avec et force à la communication entre les deux… c’est plein d’inattendus.»
Les cours de la compagnie sont toujours accompagnés d’un travail d’écriture « On essaie, dans cet espace, de sortir de la construction mentale diffusée par l’école. C’est à chacun de s’emparer du thème, c’est une exploration libre, pour soi. Fais bien… avec toi, pas besoin de le montrer au monde.»
Chaque intervention amène des découvertes…
Le Collectif intervient également auprès des personnes en difficulté, autistes, non-voyants, handicapés physiques…- des instants, là aussi, plein de créativité pour Josian : « Lorsqu’on demande à non-voyant de réaliser un exercice comme la roue, on s’aperçoit que sa représentation est différente de la nôtre, il crée une autre forme de roue et pourtant la consigne est la même… Cet imaginaire auquel nous n’accédons pas car différent va nourrir notre créativité demain… »
Auprès des infirmières ou des aides-soignants en formation, les découvertes sont aussi présentes pour les intervenants : « Peu importe le physique, le mental que l’on soit gringalet ou costaud, on sera porté ou on portera… Solitaire, on peut aller vers le trapèze… La technique vient en faisant… Celui ou celle qui sait faire doit apprendre aux autres, c’est ainsi que se construit le groupe.»
Le cirque source d’émancipation… A n’en pas douter
Actuellement la compagnie compte 10 salariés. A ceux qui douteraient encore des métiers du cirque dans notre monde, Josian pourrait répondre qu’il y a désormais pris une belle place : « Enfant, j’étais dans un monde qui ne me convenait pas, aujourd’hui je fais ce que j’aime, et cela en fait, ne me paraît pas être un métier. Le cirque est un moyen d’émancipation à tout âge et pour les jeunes encore plus.»
Et bien sûr, en spectacle dans le Gers…
Installée dans le Gers à St Jean-Poutge où un tiers lieu se met en place avec leur participation, la compagnie sillonne cette ruralité avec plaisir et facilité, les spectacles proposés nécessitant un minimum de matériel. « Nos spectacles peuvent se faire en extérieur, nous disposons de gradins si besoin et nous avons besoin d’une prise électrique uniquement. »
Les trois coups ! Selon Josian Terzariol
Coup de chapeau : « A Damien Supio de l’école Pop Circus, il était mon animateur cirque. Il m’a tout appris et surtout cela était la personne-ressource pour moi enfant. Quand j’ai voulu faire du cirque, il a su expliquer à mes parents que ce choix allait vers un vrai métier.»
Coup de main : « C’est de continuer la médiation, partir avec le Collectif à la rencontre des jeunes même si parfois, je ne dois pas me payer … »
Coup de projecteur : « L’école Pop Circus à Auch. Ils font un travail phénoménal depuis le début. Ils ont des projets en direction de tous les publics, ils s’adaptent en permanence. La pédagogie est basée sur l’apprentissage mutuel. L’éducation populaire se vit ici aussi bien dans les pratiques du cirque que dans le fonctionnement de l’association.»
Les Tarabiscotés : https://collectif-tarabiscote.jimdofree.com