Arras-en-Lavedan 65

« Se tenir quelque part sur la Terre »… Un essai mené à partir d’une enquête qui met en scène quelque chose d’universel, le lieu que l’on aime et où l’on passe. Réflexions sociales, politiques, humaines… Comprendre le ressenti pour un lieu, ne serait-ce pas, en quelque sorte, s’ouvrir à l’autre. Un ouvrage choisi par la librairie du Kairn.  

Coup de cœur  pour « Se tenir quelque part sur la Terre »  de Joëlle Zask (janvier 2024)
La  proposition  est de Karine Depeyre de la librairie Kairn : « Joëlle  Zask  est venue au festival- Le murmure du monde- organisé dans la vallée le mois dernier et cela a fait du bien de l’écouter.   Elle  représente ma bataille du moment à savoir qu’elle n’est jamais dans des considérations binaires. Elle  veille à équilibrer son propos tout en nommant les choses – le profit, l’environnement, la démocratie participative-   Elle  parle d’un ressenti dans ce livre que nous vivons tous en  traversant, habitant,  choisissant  un lieu où il se passe quelque chose d’intime et elle le traduit à partir des  témoignages qu’elle recueille. Elle n’a pas peur de parler de racines,  quand on appartient à ce lieu. On en a aussi besoin, écrit-elle … Tout comme  elle évoque l’attachement aux lieux de  l’enfance et ses effets.  Elle écrit « il faut se méfier des élans romantiques et chauvins… » mais elle dit aussi qu’il faut se méfier des gens qui se disent de nulle part… ils peuvent être parfois jugeant par rapport aux sédentaires… Ce côté non binaire nous invite  constamment à la  réflexion.»

Pourquoi on aime un lieu ?
« C’est un essai qui part d’une enquête, où elle met aussi beaucoup d’elle-même, elle parle de son ressenti. Elle est allée rencontrer des personnes,  très différentes,  aussi bien des gens au pied de leur immeuble qui allait être dynamité et qui pleuraient devant cette horrible barre HLM comme auprès d’habitants en campagne…  Elle s’intéresse au pourquoi on aime un lieu. En découlent des considérations, géographiques, politiques, culturelles.  On peut aussi aimer les mêmes lieux, comme la  forêt, un  lieu qui  attire pour ses ressources… Mais là, aussi  on n’a pas les mêmes arguments à son égard… C’est passionnant.»  

Elle rend accessible une pensée qui pourrait être complexe
« Joëlle Zask  est une philosophe. Elle mène un engagement politique mais elle le relie ici beaucoup plus à des réflexions  humaines et sociales… Elle va au-delà d’un livre à charge… en allant auprès des gens elle rend accessible une pensée qui pourrait être complexe.»

On se sent très vite concerné
« L’ouvrage est facile à lire, il y a quelques références mythologiques mais elles viennent illustrer un propos… elle se retrouve dans des lieux connus de nous tous, il y a quelque chose d’empathique et l’on se sent très vite concerné. C’est une pensée très déliée tout à fait fluide. On aimerait avoir un esprit comme le sien… (Rire) »

Des racines… à l’arbre universel
« Elle parle de lieux, de leur appropriation, une partie plus politique. Elle évoque aussi la langue parlée dans le lieu, utiliser pour  parler aux voisins, mais aussi qui sert à se revendiquer… des lieux partagés en communauté, en co-citoyens… Elle parle  des kiosques, lieu de divertissement dans les jardins,  de recueil, d’échange, de rencontres… qui peut être partagé par tous… Dans un chapitre nommé - je n’ai pas de racine mais je plante des germes -  … Elle parle de cette idée  que le lieu sert à recréer non pas une  communauté, mais une vie en commun qui permet de s’ouvrir aux autres. Si elle n’est pas contre l’ancrage, elle est contre ce que l’on en fait. Quelqu’un d’enraciné  permettra souvent à  l’autre  juste de se poser sur la branche… C’est difficile pour un étranger  de s’enraciner car on ne lui laisse pas la possibilité… Avec Joëlle  Zask  on entrevoit un arbre universel où personne ne possède des racines mais où l’on pourrait y vivre dessous  ensemble.» 

 Ce livre  en lui-même est un lieu, un lieu  partagé…
« En nommant les émotions elle nous amène  à   la compréhension de l’autre. On va comprendre des réactions primaires que vont avoir certaines personnes par rapport à leur lieu, la défense de leur pré carré … Ce livre a  un effet miroir sur soi, mais aussi sur sa famille, ses voisins, ses amis … Ce livre  en lui-même est un lieu, un lieu  partagé… et non  un lieu commun ! ( rire). Le  lieu est un prétexte, très bien trouvé, à forcer notre regard sur l’autre et à ne pas s’enfermer, se protéger… mais   à regarder l’autre et à l’aimer comme il est … Comprendre le ressenti pour un lieu serait en quelque sorte s’ouvrir à l’autre. On se pose beaucoup de questions oui, mais cela offre  beaucoup de réponses à une culpabilité  ou  un malaise que l’on  pourrait avoir dans sa petite maison, son petit village… en vivant avec ses  idées formatées qui ne sont pas la réalité d’une vie sociale.»

 


On plante le décor de la librairie Kairn

Située à Arras-en-Lavedan, commune de 500 habitants, la librairie Kairn a fêté ses 7 ans cette année mais aussi  la fin d'un premier cycle comme le raconte  Karine Depeyre, trois personnes de son équipe partant  : « Une fin de cycle qui induit un renouveau. Et ce tournant septennal amorce une nouvelle vie qui germe grâce à la belle énergie d'une nouvelle équipe pétillante et déjà en place. Avec l’arrivée d’une nouvelle libraire et une nouvelle organisation, je pourrais me consacrer plus aux événements, aux animations, à un futur blog et à notre gazette qui s’étoffe, tout cela participant à la diffusion des idées.»
Depuis une année, la librairie a lancé une  gazette à partir de cafés littéraires qui réunissent des lecteurs une fois par mois  pour discuter, échanger, écrire sur des ouvrages proposés par Karine. Une douzaine de  livres sont ainsi mis à l’honneur, un zoom est réalisé sur une maison d’édition et enfin une thématique de réflexion est lancée à chaque numéro. Le 4e numéro qui sortira dans quelques jours  sera imprimé à 1500 exemplaires et mis à disposition à  l’office  de tourisme et dans d’autres lieux locaux.


Être libraire aujourd’hui, qu’est-ce que cela veut dire ? Quelle mission on se donne ?
« Ce n'est pas une mission que j'aurais, mais plutôt une responsabilité dans ce que je propose, ce que je dis, dans mes actions, ou tout simplement dans le fait d’être une  librairie indépendante. La librairie est un lieu refuge quand il le faut. Un lieu de  débat,  on le voit aussi avec les cafés philo où la plupart des participants n’ont jamais abordé la philosophie… La parole est donnée à tous par le médiateur, les idées circulent … »


Actualité

Tous les dimanches de l’été , Il se passe quelque chose : Marché artisanal, concert, lectures. Demandez le programme…  

Rencontres arts, mots et nature  du 16 au 18 aout : Des rencontres croisées à partir de disciplines artistiques autour de la Terre : ateliers, marché artisanal, exposition, spectacles, concerts… Un événement  coorganisé  par le Kairn et la Maison des Arts  d’Arras-en-Lavedan.



Librairie Kairn :   http://www.lekairn.fr




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