Clermont-Ferrand - 63

Ça démarre comme l’histoire d’une patate chaude que l’on se refilerait entre les mains, sauf qu’ici la patate est une librairie que des fonds de pensions, des actionnaires gros ou petits vont vendre, revendre… jusqu’au jour où malgré une activité satisfaisante, les propriétaires ne trouvent plus d’acheteurs… Mais dans la boutique, il y a des salarié(e) s… Et quel(le)s salarié(e)s !

 

On peut dire que ce jour-là, le feu a pris sur les 2000 m2 de la librairie papeterie « le Volcan » lorsqu’en 2014, les 33 salariés apprennent que, faute de repreneurs, leur boutique, une institution à Clermont-Ferrand, va fermer à la fin du mois de janvier.


Et pourquoi pas une SCOP ?
« On s’est réuni et on s’est demandé ce que l’on pouvait faire. On a pensé au montage d’une coopérative mais sans rien y connaître. On s’est tourné vers l’Union Régionale des SCOP d’Auvergne comme on s’adresserait à un pompier. Tout de suite, on nous a répondu et une personne est venue nous faire un cours pendant trois heures sur la coopérative. À la fin de la journée, nous étions dix-sept à vouloir tenter l’aventure et on a remis notre dossier au juge à la fin du mois » raconte Martine Lebeau.
Le dossier sera rejeté car il est incomplet, mais le juge va donner un nouveau délai de trois mois, aux repreneurs salariés. Dans ce temps, il faut trouver de l’argent car la reprise s’élève à 1, 5 million d’euros. À ce stade du projet, ils ne sont plus que douze salariés (huit femmes et quatre hommes) à vouloir poursuivre malgré les «vous n’y arriverez pas».


La course au financement
« Nos indemnités de licenciement et droits au chômage améneront 380 000 euros. Des clients viendront spontanément nous donner 30 000 €. Plus de 45 000 euros seront collectés via une campagne de financement participatif. Le Conseil Régional votera une subvention de 72 000 euros au titre de la création d’emplois, et l’agglomération participera à hauteur de 100 000 euros. On trouvera ensuite d’autres financeurs et deux banques nous suivrons. C’est comme cela que l’on va y arriver » précise notre interlocutrice.

 


Le volcan ne pouvait pas s’éteindre
Tous ceux qui sont restés n’avaient qu’une chose en tête, sauver la librairie, tous vont se mobiliser en sachant que s’ils ont un projet commun, les relations ne sont pas faciles entre eux et que dans ces moments, les désaccords s’expriment, refont surface ; qu’à cela ne tienne, ils se font accompagner par un professionnel. « C’est l’amour de notre métier, notre volonté qu’un lieu comme celui-ci ne s’éteigne pas et l’encouragement de nos clients qui nous ont permis d’être positifs et d’avancer, car nous nous sommes construits sur des fractures. On a beaucoup travaillé dessus » souligne Martine Lebeau, assurant seule aujourd’hui la gérance de la coopérative, et qui a dû abandonner son métier de libraire.


Redistribution des rôles et nouvelles façons de travailler
Libraires, papetiers, caissiers… Il a fallu redistribuer parfois les rôles. Trouver qui allait diriger n’a pas été facile. Ils choisiront la co-gérance à deux personnes mais elle ne fonctionnera qu’une année. Une des libraires se propose pour faire la comptabilité. Elle n’a pas de connaissance mais va se former. C’est toujours elle qui assure la comptabilité de la coopérative. Le nombre de salariés aujourd’hui atteint 45 personnes avec le personnel de la librairie de Riom qui a été rachetée dernièrement. « C’est une grosse machinerie où près de la moitié des personnes sont sociétaires et disposent donc d’une voix pour participer aux orientations de l’entreprise. Nous n’avons pas de système hiérarchique, chaque personne est responsable de son réassort, de son budget, de sa caisse… Il n’y a pas d’objectif chiffré personnel à atteindre, il est collectif. Je demande aux personnes, d’être acteur, créatif… Et croyez-moi ils le sont. C’est souvent très surprenant, mais c’est bien ainsi».


Animation du lieu
Créée voici plus de 40 ans, la librairie « les Volcans » est connue pour son espace littérature très important, mais aussi son espace jeunesse. Et depuis quelque temps pour son showcase où les animations se multiplient, que ce soit côté littérature ou musiques actuelle ou lyrique. « Nous ne sommes pas des acteurs culturels mais nous voulons participer à notre niveau à la vie culturelle de la ville quand cela est possible. Nos clients, plus que des fidèles, sont des militants et apprécient notre engagement, notre évolution».


Entre nous :


> Grande satisfaction : "C’est notre 5e exercice et nos chiffres sont bons. C’est la preuve que lorsqu’on connaît bien un métier, on peut en vivre”.




> Solutions à trouver prochainement ? «Notre modèle coopératif a une gérante qui dans quatre ans partira et je dois donc penser à mon remplacement  pour lequel une solution sera à trouver bien avant… Je suis optimiste».




Pour les plus curieux : www.librairielesvolcans.com               https://fr-fr.facebook.com › Lieux › Clermont-Ferrand


Je m’engage à apporter mon expérience sur un projet similaire, vous pouvez me contacter 
Martine Lebeau  -  04 73 43 66 75

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REDACTION

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