Cussey-sur-Lison | 25

S’emparer du questionnement pour trouver sa voie, son activité professionnelle, la « bonne » décision à prendre… En faisant appel à Socrate ? À travers cette pratique, une philosophe nous invite à adopter des attitudes philosophiques et à faire le bon choix, celui que l’on détermine par et pour soi.

Originaire du Jura, Laurence Bouchet sillonne la France dans son camion à la rencontre de ceux qui veulent « philosopher » avec elle. Au printemps, elle sera vers Toulouse avec son camion  estampillé  « Philomobile ».

S’emparer du questionnement pour philosopher
A 54 ans  aujourd’hui, cet ancien professeur de philo a choisi voici quelques années de quitter l’enseignement pour l’itinérance et de poser son camion là où son activité la mènerait.   « J’ai compris que l’enseignement de la philo, surtout en classe de terminale était  l’endroit où la philosophie n’avait pas  de  sens. On est  face à des élèves qui ne pensent qu’à leur examen et on peut les comprendre et c’est donc le pire endroit où l’on peut porter une réflexion, s’emparer du questionnement et philosopher. Alors que la vie est porteuse en  elle-même de  questions : quel sens à mon travail ? Est-ce que je veux gagner de l’argent dans mon travail ou être bien dans ce que je fais ? Est-ce que je dois quitter mon mari ? Toutes ces questions qui vont jalonner notre vie. Mon terrain d’action s’est donc naturellement  porté   en dehors de l’enseignement » raconte avec passion notre philosophe.

«  j’ai choisi de choisir »
Si nos questions peuvent être multiples, le travail de la philosophe est de ramener son interlocuteur à la bonne question lui permettant de  choisir par lui-même. On parle dans ce cas d’une pratique philosophique s’inscrivant dans notre vie du quotidien «  Alors que Sartre dit le non-choix est un choix… dont on pourrait parler évidemment…  J’ai opté pour  «  j’ai choisi de choisir » et c’est ce que je propose aux personnes qui viennent me voir en consultation individuelle.  Et pour  faire ce choix de le faire à partir de sa vie»

… « Un endroit où l’on apprend l’écoute,  la critique de ses propres idées »
Lorsqu’elle intervient auprès de groupes, la philosophe praticienne   propose l’exercice de formulation de  la question ou des questions qui vont initier la discussion  et l’objectif de celles-ci tout en invitant chaque participant à  adopter une attitude philosophique «  Les ateliers philosophiques sont un endroit où l’on apprend l’écoute,  la critique de ses propres idées,  ce qui nous permet d’être plus apte à entendre la contradiction, à être aussi  influençable dans le sens où j’ai le droit de ne pas avoir la même idée au départ de la discussion et à la fin. Mon choix peut être différent sans pour cela  perdre la face. À  quoi serviraient les ateliers si c’est pour repartir avec ce que je pensais au départ. L’objectif n’est pas d’imposer son choix à tous les autres. »

Avec plaisir et humour la philosophe évoque un stage organisé dernièrement qui avait pour thème Montaigne et la connaissance de soi. « Ce stage a  rassemblé un prof de fac, deux charpentiers, un cantonnier et  une  institutrice. Un vrai mélange social, c’est ce que j’aime. Les rôles ne sont pas distribués. Je veille à ce que  chacun soit en capacité d’écoute et de prise de parole. La philosophie a trop souvent  été volé aux gens  par ceux qui ont le beau parler et les références alors qu’elle doit permettre le dialogue entre tous et toutes.»

« …exercer sa raison, ce qui n’est pas avoir raison»
Dans une société où l’on donne rapidement son avis, souvent en lien avec une émotion forte comme on le lit à travers les réseaux sociaux, la pratique de la philosophie amène une autre réflexion  pour  Laurence Bouchet  «  L’idée dans l’exercice philosophique  n’est pas de chercher à montrer que l’on a raison, mais plutôt d’élaborer une hypothèse qui a du sens, exercer sa raison, ce qui n’est pas avoir raison. Être clair avec soi… c’est comprendre pourquoi je le pense ainsi.»

Notre interlocutrice intervient auprès de tous les publics, formations paramédicales, dans les prisons, auprès des enfants également, des tout jeunes , où se développe de plus en plus ce mouvement de pratique philosophique. On  ne résiste pas alors  à dévoiler la question   posée récemment par les enfants d’une  école  maternelle dans un atelier : « Quand est-ce que je pourrais quitter mon doudou ? » Déterminant, non ? Le florilège de réponses a été un ravissement pour la philosophe qui en sourit encore aujourd’hui avec délectation.



Les Trois coups ! Selon Laurence Bouchet  






> Coup de chapeau :  «A ceux et celles  qui s’engagent dans la pratique philosophique.»






> Coup de main : «Aux personnes qui ne pensent pas détenir la parole. J’ai envie de leur dire « vas y parle et on va t’écouter, je te le  garantis » et  quand je dis cela je pense plus particulièrement aux femmes qui ne se sentent pas  légitimes à dire , à prendre la parole.»


> Coup de projecteur : « Sur un de mes philosophes préférés ? Alors je dis Montaigne… ce que j’aime chez lui  c’est son exigence sur le fait de dire ce que l’on pense – rien de ce qui est humain ne m’est étranger - »



Pour les plus curieux :  https://www.laurencebouchet-pratiquephilosophique.com/


                                    https://www.facebook.com/Philosopher-pour-se-retrouver-la-pratique-philo-pour-devenir-libre-1597589783820441/

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REDACTION

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