Lautrec | 81
Estampillé « beau village de France », berceau de la famille Toulouse Lautrec, cité du pastel, capitale de l’ail rose, ce village médiéval situé en Pays de Cocagne est désormais réputé pour son café à l’accent occitan. Certains disent que l’on s’installerait dans la commune pour se rapprocher de ce lieu atypique. Magie du lieu, des hommes et des femmes qui le font vivre…
Tout commence par le lieu, l’ancienne école du village, son large et haut tilleul planté au milieu de la cour et lorsque l’on passe la porte au-dessus de laquelle le nom « café plùm » y apparaît, discrètement coloré avec son accent occitan, la promesse d’envolées diverses s’annonce : « Il y a un charme dans ce café qui s’y dégage, quand je regarde autour de moi, le bar, la librairie, la salle de spectacle tout cela fait un tout chaleureux. Bien sûr les gens qui ont créé l’espace, ceux qui le font fonctionner dégagent aussi une atmosphère de bienveillance. L’esprit de famille dans ce lieu atypique m’a séduit voici huit ans » raconte Frédéric Raul, Co-gérant de la Coopérative -SCIC SARL Café Plùm- qui a posé son sac dans le village après un tour du monde à vélo qui a démarré par hasard à Lautrec et s’y est terminé par hasard l’année de ses 36 ans.
« L’histoire c’est celle de trois copains … »
Aujourd’hui, le café Plùm regroupe sous un même toit : un café, une librairie, une salle de spectacle et un restaurant privilégiant le local et le plus souvent bio. Si la formule est bien rodée avec ses 12 salariés à l’année, celle-ci a évolué depuis 2010, date de son ouverture et se veut toujours un laboratoire d’expérimentations : « L’histoire c’est celle de trois copains - explique notre interlocuteur -. Ils avaient créé un festival itinérant - Culture vagabonde - et ont voulu se poser et démarrer une nouvelle page sur un ancien bar de village, mais avec un projet culturel et à l’année. Le café a ouvert avec la restauration le jour de la fête de l’ail, un événement ici qui draine des milliers de touristes. Et là, ils ont été submergés. Les retours des touristes, mais aussi des habitants ont été très bons ». C’est ainsi que le Café Plùm débute avec, tout de suite, la mise en place de ses fondamentaux, pourrait-on dire : une vraie librairie, support de l’action culturelle du café, ouverte grâce à un partenariat avec la librairie Terra Nova de Toulouse permettant d’acquérir un fond d’ouvrages et un espace « concerts » qui prenait ses quartiers dans la cave, avec ses contraintes de places, mais qui, l’été, s’installait dans la cour du café.
Six ans plus tard… un nouvel envol
En 2016, le café, fort de son succès, connaît un nouvel envol. La surface est alors multipliée par deux à partir de locaux attenants, loués également à la mairie, et donne une réelle place au spectacle. Dans le même temps, la structure associative se transforme en deux entités : une coopérative nommée : Société Coopérative d’Intérêt Collectif, comprenant le –bar-restauration-librairie- et l’association Ma Case pour l’élaboration et la mise en œuvre du projet culturel et artistique du Café. « Cette forme juridique choisie permet d’être une entreprise coopérative constituée sous forme SARL, d’avoir, d’un côté, les activités commerciales et, de l’autre, le projet culturel avec l’intégration des bénévoles et sa participation pleine. Les spécificités sont aussi la gouvernance collégiale et les résultats qui sont affectés en priorité à la pérennité des emplois et au projet d’entreprise. Il y a une particularité chez nous, chacun a le même salaire. »
Le choix d’ouvrir toute l’année
La configuration du lieu permet désormais d’accueillir 150 évènements par an dont une cinquantaine l’été. En juillet et août, le café est ouvert tous les jours et du mercredi au dimanche le reste de l’année : « C’est l’activité de l’été qui permet de pouvoir ouvrir à l’année, c’est un choix là aussi. Et cela fait la 2e année que l’on ouvre pendant deux mois sans fermeture, c’est une idée qui, au départ, n’était pas évidente, mais ça marche bien. »
Et refait-on le monde et bien plus au Café Plùm ? « On aimerait faire plus de débats… même si la librairie met en avant des ouvrages engagés, qui fonctionnent bien par rapport à la demande, la mobilisation reste encore difficile pour venir échanger même si on ouvre l’espace à des associations ou des cafés philo… Mais on a perdu quelques habitudes pendant ces deux dernières années… On peut faire mieux faire avec les asso locales notamment… ».
Une relation forte au village à privilégier
Si les propositions permettent d’accueillir un public du territoire et visiteurs de passage, la volonté d’aller encore plus au devant des personnes du village est bien là : « Certes les concerts drainent du monde de plus ou moins loin selon les styles –jazz, chanson française, musique du monde…- et nous font connaître, nous avons à cœur dans notre projet d’être plus en relation avec notre village. On a mené des "écoutes apprenantes" auprès des Lautrécois en juin dernier en partenariat avec Territoires et Citoyens Occitanie afin d’interroger les habitants sur le "Bien vivre au village" et les retours ont été très intéressants. C’est évident, notre rôle de médiateur culturel sera encore plus important à tenir dans l’avenir ».
Les trois coups ! Selon Frédéric Raul
> Coup de chapeau : « Aux bénévoles qui sont une trentaine et qui donnent leur avis, leurs idées, mais aussi participent en donnant des coups de main en cuisine , au bar… tout au long de l’année ».
> Coup de main : « Notre retour d’expérience pourrait être intéressant pour des personnes qui voudraient créer un lieu similaire, on est en capacité de pouvoir donner ce genre de coup de main » .
> Coup de projecteur : « Le café au bord du monde à Salvagnac en pleine ruralité a ouvert voici 3 ans sur la place où se déroule le marché toutes les semaines… Ils sont aujourd’hui des acteurs importants dans la vie locale. On a beaucoup de points communs et leur asso porte un chouette projet ».
En savoir plus : Le café Plùm : https://www.cafeplum.org/ - https://www.facebook.com/cafe.plum