Gindou 46

C’est l’été, le soleil est en train de se coucher, la lune dessine ses courbes, l’écran géant posé au bas d’un amphithéâtre de verdure diffuse l’affiche du festival, les bancs bétonnés recouverts de coussins déposés par les spectateurs avertis. A 21h30, les 658 places gratuites sont occupées. C’est parti pour une semaine de cinéma et de tchatches où le public sera le seul vainqueur…

Les 39e rencontres du cinéma ont été très chaudes, décourageant certes des  spectateurs mais ne remettant pas en cause la qualité, l’ambiance et la ferveur de  ceux qui se sont déplacés pour l’édition 2023 qui se tenait du 19 au 26 août dernier à Gindou, au Nord de Cahors, dans le Lot . « Chaque année le festival représente 20000 entrées environ. Si les entrées fluctuent un peu à la baisse, on y tchatche cependant  de plus en plus. C’est une des caractéristiques fortes du festival comme les projections en plein air gratuites et le fait que les films ne sont pas en compétition, qu’il n’ y a pas d’espace VIP…Tout le monde mange ou boit ensemble, public, réalisateurs, techniciens… On peut parler ici d’une vraie convivialité.» raconte Marie Virgo, co-directrice de l’association Gindou Cinéma, responsable du festival.

Une offre cinéma qui a grandi au fil des années
Si les fondamentaux des rencontres n’ont pas bougé, elles se sont  toutefois professionnalisées. L’équipe salariée de l’association Gindou Cinéma, compte aujourd’hui  7 personnes  et  l’offre cinéma  du  festival  s’est étoffée au fil des années, comme le précise Marie Virgo, en remontant le temps  : «  A la création du festival,  les films sont diffusés dans  la salle des fêtes. Fin des années 80, les rencontres tournent autour de trois  soirées et de diffusions alentour. Ces dernières se poursuivent aujourd’hui. Dans les années  2000, les séances en journée sont réalisées à partir de ce   que l’on nommait le camion magique, un cinéma mobile qui déployait un chapiteau de 90 places et qui est devenu rapidement trop petit.  En 2018, la création de la salle de spectacle l’Arsenic avec ses 230 places permet  un grand pas. »

Films et des tchatches
Dans la salle de l’Arsenic, ce sont  le plus souvent les cinéphiles qui assistent aux projections payantes, ceux  aussi, qui aiment échanger à la suite du film ou le lendemain dans les  tchatches proposées. On y parle de cinéma avant tout, de la forme du fond, et des thématiques pendant deux heures. Et il n’est pas rare que ces moments rassemblent une centaine de personnes autour de l’équipe d’un film, d’un réalisateur.  «  La plupart des séances sont présentées par le réalisateur ou la réalisatrice ou un membre de l’équipe du film qui participe après la projection à la rencontre avec le public. Et puis, il y a toujours un(e) invité, cette année  c’était Régine Vial, célèbre directrice de la distribution chez les Films du Losange  qui a parlé entre autres des distributeurs indépendants.»

Le soir, le « brassage des publics »
Tous les  soirs, changement de décor, l’amphithéâtre de verdure s’ouvre gratuitement à tous pour une projection de deux films à partir de 21H30. Auparavant tout est prévu pour se restaurer, boire un verre, écouter de la musique, faire un tour à la librairie éphémère … «  Le public est à ce moment-là très divers, entre les habitués, ceux qui viennent en voisins mais qui ne sont pas cinéphiles, les familles qui font une sortie, ceux qui viennent pour l’ambiance et qui n’iront pas à la séance. C’est cela les rencontres Gindou avec son brassage des publics.»

« Des vagabondages… », une programmation indépendante
 Durant le festival, plus d’une soixantaine de  films sont diffusés, des courts et longs métrages des fictions, des documentaires. Chaque édition comporte trois axes : une rétrospective en hommage à un ou une cinéaste, un volet  patrimoine  assuré par la cinémathèque de Toulouse et pour 80% de la diffusion festivalière des vagabondages cinématographiques. «  Nos vagabondages ce sont  des films pas  encore sortis en salle, inédits ou auxquels on accorde une seconde chance… On les choisit à partir de coup de cœur dans les festivals où l’on se rend,  parmi les films que l’on reçoit et que l’on visionne dans une salle spécifique. Une fois la sélection faite on observe que si on n’a pas volontairement  choisi un thème, il est toujours sous-jacent. Cette année on a parlé beaucoup d’environnement et de parentalité et parfois les deux se sont entremêlés.»

Un pôle de ressources autour du cinéma
L’association Gindou Cinéma s’est appuyée sur la notoriété des Rencontres  pour développer à l’année au niveau local, régional et inter-régional des actions d’éducation à l’image orientées prioritairement vers les jeunes publics ( intervention dans les 2 collèges du département ayant option cinéma, concours de scénario)  et aussi, vers  un public professionnel en proposant des résidences d’écriture de scénario et un bureau d’accueil de tournages pour le Lot et Le Tarn et Garonne.

Des retombées sur l’économie locale…
Reconnu au plan national, les rencontres voient venir des cinéphiles de  toute France et nombreux sont ceux s’installant pour  la semaine et se logeant dans des gîtes ou chambres d’hôtes aux alentours.
L’histoire ne l’a pas encore précisé mais la commune de Gindou recense   350 habitants, son festival est né de par la volonté du médecin du village et  de quelques habitants du canton qui voulaient célébrer la fête du cinéma créée en 1985.  La commune ayant  été choisie pour ses  soirées d’été chaudes.
Si les temps changent, le festival, lui, entretient toujours une belle énergie.  A découvrir.


Les 3 coups ! Selon Marie Virgo

Coup de chapeau : « Aux  bénévoles bien sûr mais également au public qui donne un sens à notre travail et qui crée cette ambiance unique. Ce n’est pas nous qui faisons le festival, ce sont les personnes qui y viennent…  Sans compétition, le festival assure aux invités un bien-être qui se ressent dans leur disponibilité, leur échange… Tout cela donne cette couleur particulière à ce festival »

Coup de main : « Chercher des financiers mécènes … ? Et  si nos adhérents qui sont nombreux pouvaient être encore plus nombreux … Au regard du nombre des festivaliers, ils pourraient être bien plus… sachant que le montant est déductible des impôts… »  »

Coup de projecteur : «   sur le film de l’italienne Alice Rohrwacher dont le quatrième—long-métrage  La Chimère est une  merveille. Les films de cette  cinéaste parlent de nos sociétés, de poésie avec un effet  magique qui vous emporte »



Le festival de Gindou : http://www.gindoucinema.org

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REDACTION

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