Marcillac-Vallon | 12
Conçus sur l’idée du café citoyen, des rendez-vous mensuels sont proposés sur des thèmes de société, de politique, d’environnement, par un collectif dans le but d’apprendre et débattre. En quinze ans, le collectif a évolué mais avec toujours le même objectif : s’appuyer sur des invités experts peu ou pas entendus et faire circuler la parole dans les débats.
Né en Aveyron en 2009 sur un territoire à la fois rural et ultra-dynamique sur le plan associatif, les “jeudis En Questions“ (JEQ) ont aujourd’hui à leur actif plus d’une centaine de débats. Leur création est le fruit d’une convergence de différentes associations et d’un collectif très sensibilisés à l’environnement et l’échange culturel, mais également à la volonté de débattre. « Dans l’esprit de l’émission “Là-bas si j’y suis“ qui diffusait des idées qui nous parlaient, on a construit les JEQ en s’inspirant des cafés citoyens, le but étant de se retrouver dans un café tous les derniers jeudis du mois à 20h34 pour apprendre et débattre et cela gratuitement pour les participants » précise Julien Gaillard, ce jour-là, porte-parole du collectif pour répondre à l’interview.
Des sujets sur la société, l’environnement…
Les sujets de débats, choisis par le collectif, s’intéressent au local qui touche le global et inversement. Très variés, les sujets portent sur l’environnement, la société, la philosophie…; vient ensuite, la recherche de l’intervenant qui introduira le sujet lors de la soirée. Pour cela, le choix d’un expert est voulu. « Nous avons la responsabilité de ne pas diffuser des âneries. La règle pour nous, c’est la science, non comme dogme figé, mais comme savoir qui se remet constamment en question. »
Le jour J, le débat est préparé avec l’intervenant, des questions sont calées pour assurer les relances, chacun ayant sa mission. « On est sérieux dans la préparation, le contenu. Même si le sujet est parfois lourd, on veut être léger dans la forme. La bonne humeur doit prendre sa place tout en veillant à l’expression de tous, que ce soient des contradicteurs ou pas. Le débat idéal, c’est celui qui est constructif et qui débouche sur des actions concrètes.»
… Au sein des quelques cafés encore présents
Très suivis depuis le premier JEQ qui avait invité lors de son lancement « l’enfant du pays» en la personne de José Bové, les rendez-vous mensuels réunissent entre 40 et 400 personnes et se déroulent dans les quelques cafés encore présents sur le territoire du Vallon. « Notre principal concurrent se nomme la télévision, une catastrophe pour faire vivre la démocratie et ponctuellement, le mauvais temps, il peut nous jouer des tours et amener peu de monde. »
Après chaque débat, le collectif fait un compte rendu, sorte de bilan où la question de l’impact se pose aussi, mais on veut rester optimiste et se dire qu’il se passe toujours de beaux moments comme ce soir-là, où le sujet sur les sentiers de l’utopie avait amené 170 personnes sur une commune de 80 habitants.
La communication préalablement aux JEQ est aussi un temps fort. Pour chaque débat, on est ici attentif à la formulation du sujet. Des affiches sont collées sur la vitrine des magasins et des prospectus sont distribués lors des marchés ou autres lieux.
La volonté de s’ouvrir et de s’écarter de l’entre soi
Si notre interlocuteur, âgé de 50 ans, est l’un des plus jeunes du collectif, celui-ci compte aujourd’hui plus de retraités que d’actifs, tous issus de différents horizons mais sans cadre supérieur, ni chef d’entreprise. « C’est ainsi, mais nous n’avons pas d’a priori, nous sommes ouverts à tous. Certes la moyenne d’âge est supérieure à mon âge, mais le renouvellement est là grâce notamment aux nouveaux ruraux qui viennent s’installer ici.»
Le renouvellement des participants, la question de l’entre soi, sont aussi des préoccupations évoqués par certains, lesquels envisageraient de créer une chaîne sur You tube dédiée aux jeudis En Questions pour aller au-delà de la sphère habituelle.
En attendant, on peut retrouver des débats des JEQ enregistrés sur CRM radio.
Les trois coups ! Selon Julien Gaillard
Coup de chapeau : « Clairement à l’émission de France Inter La-bas si j’y suis animé par Daniel Mermet qui avait participer à lancer les cafés Repair. On ne les a pas rejoints, mais on a fait les choses dans notre coin et à notre façon.»
Coup de main : « On en donne des petits, on reverse une partie du chapeau à des associations qui défendent une cause, les soulèvements de la terre, le collectif sur l’A 69… »
Coup de projecteur : « sur Frustration Magazine, un magazine en ligne qui traite des sujets politiques, sociaux, culturels et économiques avec une parution annuelle papier. Leur sujet est franchement sur la lutte des classes. Remettre dans l’espace des sujets qui ont été mis sous le tapis est une forte aspiration que peut avoir un lecteur, un citoyen d’aujourd’hui.»
Les jeudis en questions : https://ccaves.org/blog/les-jeudis-en-questions -- Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.