Montreuil 93

Depuis dix ans, des chorales militantes de toute la France se donnent rendez-vous sur des lieux de lutte, afin de dire, par le chant, leur solidarité. Cette année, le point de ralliement se situait en Maurienne afin de soutenir les opposants à la LGV Lyon-Turin. L’évènement se prépare en amont avec quelques chorales qui appartiennent ponctuellement à l’organisation.

Une fois par semaine, la chorale de femmes de Montreuil  réunit une vingtaine de choristes. Ici,   pas de chef de chœur, pas de pupitre pour les répétitions… Il y a  deux ans, Elena a intégré la chorale de Montreuil par le biais d’une amie, afin d’en faire son loisir à raison d’une fois par semaine.  
Ici, les chansons se transmettent…
Appartenir à une  chorale sans chef de cœur, autogérée, a été très important dans le choix d’Elena : « C’est très motivant… On est assez fière de cette organisation, ça donne de la force  et on progresse ensemble. Bien sûr, ce sont les plus musiciennes, ou celles qui ont plus de temps qui apprennent aux autres les chansons choisies. Nous apprenons toutes, les trois voix –grave, lead, aigu - et après on se spécialise pour chacune.  On écoute un enregistrement, on défriche à l’oreille. Aux répétitions, on travaille sur la diction, la prononciation… On va scander la chanson pour bien intégrer le rythme de celle-ci… Tout cela fonctionne bien.»

Un répertoire engagé chanté par des femmes
Autres particularités de la chorale d’Elena, elle est composée volontairement et uniquement de femmes et le  répertoire y est fortement  féministe : « Parmi les chants  appris cette année De l’eau le feu, à la gloire des femmes en deuil … Si certaines sont anciennes d’autres sont des chansons bien récentes comme celles de Clara Ysé.  L’Occitan est aussi de plus en plus fréquent dans notre répertoire comme ce chant Cocanha qui nous été transmis par d’autres chorales.»

L’envie de participer à une organisation nationale
La chorale de Montreuil  retrouve régulièrement pendant l’année  des chorales de  l’Île d France dans le but d’échanger et de  transmettre mutuellement des chants polyphoniques. Elle participe aussi, comme cette année, aux Rencontres Nomades réunissant de nombreuses chorales françaises et quelques-unes européennes, afin de soutenir des luttes locales.  Cette année, Elena avait décidé de s’investir dans l’organisation nationale : «  Là aussi, rien n’est  codifié, écrit d’avance, pas de leader…  j’avais été présente  à celle de l’an dernier autour de Nantes et j’ai souhaité participer à l’organisation de cette année qui se situait en Maurienne pour lutter contre le projet de la LGV Lyon-Turin.»
Ce temps de ralliement rassemblant plus de 350 choristes  sur une  semaine, nécessite une organisation pour trouver le lieu d’accueil, penser la  logistique… « C’était pour moi une véritable expérience  de travailler avec un groupe d’une cinquantaine de personnes pour préparer cet événement qui a chaque fois se donne des modes de fonctionnement différents avec toujours l’idée de soutenir une lutte  et de partager aussi nos répertoires, d’avoir un temps  de transmission entre chorales. »

« Même sous la forme chanson,  la lutte a  ces détracteurs… »
Mais le projet pensé ne va pas se mettre en place comme habituellement,  la commune choisie  ne va pas  pouvoir au dernier moment accueillir les choristes, les rencontres avec les habitants ne pourront  pas se faire comme imaginé… « Même sous la forme chanson,  la lutte a  ces détracteurs au niveau  des élus locaux et au-delà. C’est la première fois que cela se passe ainsi, j’ai été surprise. On a dû changer de lieu de campement, les gens qui chantent font désormais peur aussi,  alors que notre propos est de créer du lien,  d’apporter de la joie dans les lieux de lutte.»

« … Cela donne encore plus envie de poursuivre la lutte par le chant. »
Au-delà de cette forte mésaventure, bien que le bilan n’ait pas été encore  réalisé,  Elena trouve de l’intérêt  à ces regroupements   : «  C’est un temps important où  se créent des liens, on se relie par le chant,  on transmet, on se dit qu’on est pas seul à vouloir lutter ainsi… la créativité  y a sa place.  Il y a des chansons qui se créent ensemble sous forme de goguettes notamment. On vient à travers  nos déambulations comme celles que nous avons effectuées à Détrier (73) porter un autre message de lutte qui n’a cependant  pas été possible, cette année. Pour vouloir aller contre  ce type de rassemblement par la  répression, on peut se dire que ces rencontres ont de la puissance, de la force… Cela donne encore plus envie de poursuivre la lutte par le chant.»

A noter qu’un podcast a été réalisé à partir d’une plateforme radio mise en place pour recueillir la parole des habitants sur le projet de la LGV Lyon-Turin (Lien ci-dessous).

 


Les trois coups ! Selon Elena



> Coup de chapeau : «  A tous les espaces militants qui ont l’énergie et le temps pour que ce genre de moments existent»


> Coup de main : « Les  lecteurs, s’ils veulent se renseigner sur la lutte du Lyon-Turin peuvent aller sur le  site stopaulyonturin.fr et  peut-être donner un coup de main… »



> Coup de projecteur : « Sara Dura, une chanson italienne de la seconde guerre  mondiale, réécrite pour devenir la chanson du mouvement NO TAV de la Vallée de Suse  en Italie qui est contre la réalisation de la ligne Lyon-Turin. »



 En savoir plus : Rencontres Nomades -podcast- : https://audioblog.arteradio.com/blogger/27748/cruel-tunnel

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REDACTION

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